Les CHU tournés vers l'Europe - L'Infirmière Magazine n° 180 du 01/03/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 180 du 01/03/2003

 

ÉTABLISSEMENTS

Actualités

C'est à Nice que s'est réuni le gotha du monde hospitalier, pour les VIIIes Assises hospitalo-universitaires. Directeurs généraux, présidents de CME et doyens de faculté ont tracé les grandes lignes de l'avenir européen de la santé. Sans oublier d'évoquer le chantier de la première année d'études commune...

Les 6 et 7 mars derniers, au centre des congrès de Nice, se déroulaient les VIIIes Assises hospitalo-universitaires. Ce congrès regroupe les directeurs généraux, les présidents de CME et les doyens de faculté des 31 CHRU de France. Il faisait suite aux assises de Montpellier en 2001, qui avaient permis de dégager des propositions reprises par le ministre de la Santé dans son plan Hôpital 2007 (six milliards d'euros sur cinq ans pour l'investissement hospitalier, et modernisation du fonctionnement de l'hôpital).

Régionalisation

Pour cette année, les assises ont pris un ton résolument européen. Le docteur Paloma Alonso Cuesta, directeur général adjoint des relations internationales du ministère de la Santé et de la Communication espagnol, Paolo Tedeschi, professeur au centre de recherche sur la gestion de l'assistance sanitaire à l'université Bocconi de Milan, et le professeur Christian Bouffioux, directeur médical du CHU de Liège, ont participé au groupe de travail traitant de l'articulation des soins de proximité et de recours dans le tissu régional, interrégional et européen. Un constat : les organisations sanitaires européennes sont diverses mais semblent tendre vers la « régionalisation ». « L'Espagne, qui vient d'achever sa décentralisation, expérimente des collaborations interrégionales. En Suède, les comtés se regroupent en ensembles régionaux pour répondre aux besoins de soins de haute complexité. À l'inverse, le concept de région est inopérant aux Pays-Bas, puisque le critère déterminant est l'appartenance d'un patient à une assurance... », ont constaté les membres de ce groupe de travail.

L'Europe a aussi été évoquée pendant les réflexions sur l'enseignement. « Il faut repenser le cursus d'enseignement en fonction des accords de Bologne qui imposent le modèle licence (trois ans), maîtrise (quatre ans), doctorat (huit ans) pour faciliter la mobilité des étudiants entre les universités européennes », explique le professeur Jacques Roland, président de la conférence des doyens de faculté.

Voie A, voie B

Mission peu évidente au regard de la surspécialisation de la médecine française : il existe 54 spécialités de base enseignées en France, et seulement 17 sont reconnues en Europe... Un schéma organisationnel de la « première année commune des études de santé » a été évoqué : « Chaque étudiant choisirait lors de l'année commune entre deux parcours de formation (notés pour l'instant voies A et B) après un tronc commun dispensé au cours du premier semestre de l'année. Le tronc commun comprendrait des sciences humaines et sociales, ainsi que les bases de certaines disciplines telles que l'anatomie, la physiologie, la biologie... Au deuxième semestre, l'étudiant pourrait choisir entre la voie A (s'adressant aux professions qui désirent partager un enseignement de sciences fondamentales, branche qui devrait concerner la pharmacie, médecine, odontologie, sage-femme...) et la voie B (s'adressant aux professions souhaitant alléger le contenu en sciences fondamentales, afin de permettre l'accès à ces filières de titulaires de baccalauréats non scientifiques, branche qui devrait concerner les infirmières, les orthophonistes, les podologues...) »

L'Europe s'est aussi déclinée dans les domaine de la recherche et de l'innovation, « qui sont la colonne vertébrale des CHU et dont bénéficient les soins de proximité et de recours ». Rappelons que l'activité de recherche a été, entre autres, relancée en 1993 par les programmes hospitaliers de recherche clinique (PHRC). Les CHRU ont conduit aujourd'hui plus de 500 PHRC. Au plan national, les assises ont proposé un regroupement des pôles de recherche de CHU. Une entité unique qui « servirait d'interlocuteur avec les autres organismes de recherche scientifique, l'industrie pharmaceutique, l'industrie biotechnologique », a expliqué le professeur Dominique Grimaud, président de la conférence des présidents de CME de CHU.