Nettoyage des bassins - L'Infirmière Magazine n° 180 du 01/03/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 180 du 01/03/2003

 

Mode opératoire

OBJECTIFS

Un bassin souillé doit bien évidemment être vidé et nettoyé immédiatement après usage. On doit en éliminer les salissures et les résidus. Mais au-delà de cet objectif premier de propreté, il est capital de rappeler que les excrétas constituent des réservoirs potentiels de germes, dont certains peuvent s'avérer responsables d'infections à bactéries multirésistantes (BMR), telles que certaines souches de staphylocoques dorés ou d'entérobactéries par exemple. Il est donc essentiel de détruire ces micro-organismes afin d'éviter toute contamination ultérieure. Ainsi, après chaque utilisation, le bassin devra être nettoyé et décontaminé, puis stocké jusqu'à la prochaine utilisation.

Maîtriser la désinfection et le nettoyage du matériel est essentiel dans la lutte contre les infections nosocomiales. Ces mesures d'hygiène tendent à protéger le patient lui-même, mais aussi son environnement, et enfin le personnel, du risque infectieux lié à l'utilisation de matériel réutilisable.

Le respect des précautions standard et des bonnes pratiques d'hygiène incombent pleinement à l'infirmière. La plupart du temps, elle déléguera cet entretien du matériel à l'aide-soignante, par exemple. Elle se doit néanmoins d'en superviser les procédures strictes et codifiées, respectant les protocoles de soins de l'établissement. L'encadrement et la formation du personnel en charge de l'entretien permettent d'optimiser l'usage de ces bonnes pratiques qui devront régulièrement être réévaluées.

PRÉALABLE

Toute manipulation d'excrétas ou de liquides biologiques requiert le port de gants, et une tenue vestimentaire adéquate (blouse, surblouse). Il est capital de disposer d'un office spécifique pour l'entretien du matériel souillé, à proximité des chambres des patients (si possible un office pour quinze lits) et que celui-ci soit distinct de celui de la préparation des soins. Les éviers, paillasses, vidoirs et bacs devront être vérifiés, nettoyés, décontaminés et désinfectés très régulièrement. Le sens de circulation dans l'office doit s'effectuer du plus sale vers le plus propre, et ce local doit être agencé de manière logique et fonctionnelle afin que ce sens soit respecté par les utilisateurs.

La ventilation de cette pièce doit permettre un renouvellement suffisant de l'air pour évacuer les vapeurs de désinfectants. Ces produits ne devront pas être mélangés entre eux, et les concentrations et dilutions, scrupuleusement respectées.

Le bassin souillé devra être acheminé avec des gants vers cet office en évitant tout risque de contamination environnementale. S'il possède un couvercle, celui-ci devra être fermé. En cas d'infection à salmonellose ou de patient en isolement, il est de plus indispensable de l'envelopper dans un sac plastique.

MATÉRIEL

- Gants à usage unique à manchettes longues ;

- Eau ;

- Produits désinfectants et détergents adaptés et référencés ;

- Collecteur de déchets ;

- Lave-bassin automatique ou vidoir ;

- Bac de trempage (avec couvercle) gradué ou avec repère afin de respecter les dilutions ;

- Bac de nettoyage ;

- Bac de désinfection ;

- Paillasse d'égouttage ;

- Local propre et fermé de stockage.

MODALITÉS

Selon la nature du matériel utilisé dans l'unité de soins concernée, ainsi que la présence ou non d'un lave-bassin automatique au sein du service, les procédures appropriées varieront.

Un lavage simple des mains est nécessaire en préalable, puis avant nettoyage, avant de sortir le bassin du lave-bassin et avant de manipuler le matériel propre à ranger.

Certaines structures, rares il est vrai, utilisent des bassins à usage unique. Ceux-ci seront donc immédiatement vidés dans un vidoir, puis jetés selon la procédure adaptée aux produits souillés.

S'il n'existe pas de lave-bassin automatique, il faudra tout d'abord vider les excrétas dans le vidoir, le rincer puis effectuer le prétraitement, ou prédésinfection. Les procédures varient d'un établissement de soins à un autre, ainsi que les produits utilisés, généralement choisis par un pharmacien ou un hygiéniste, en fonction de leur activité antimicrobienne (bactéricide, fongicide, virucide, mycobactéricide...), de leur toxicité et de leur agressivité sur les matériaux. La prédésinfection s'effectue bien souvent par une immersion totale et immédiate du bassin dans un bain de détergent-désinfectant (par exemple le Surfanios®) en respectant les dilutions du produit données par le fabriquant et la durée conseillée, en général au moins un quart d'heure. Il peut aussi être préconisé une application du désinfectant manuellement ou par pulvérisation. Puis, après rinçage, il faudra procéder au nettoyage, en insistant sur la nécessité de l'action mécanique à celle du détergent, le tout suivi d'un nouveau rinçage. Puis s'effectuera la désinfection chimique ou thermique (par exemple trempage dans de l'eau + eau de javel pendant encore quinze minutes ou application d'un désinfectant), puis rinçage, égouttage, séchage et stockage dans un endroit propre et fermé.

S'il existe un lave-bassin, la procédure sera alors partiellement automatisée. Le bassin plein sera introduit tel quel dans la machine. Il faudra consciencieusement suivre les indications du constructeur, en particulier le sens d'introduction du bassin et la fermeture des portes. Celui-ci sera ensuite traité selon le programme choisi, mais il faudra tenir compte des mêmes contraintes de décontamination et de désinfection que le processus manuel précité.

De plus en plus, les services tendent à s'équiper d'un lave-bassin automatique, réduisant ainsi les manipulations du matériel souillé, les risques de contamination secondaire et simplifiant notablement la tâche du personnel en charge de son entretien. Néanmoins, le respect strict des procédures reste essentiel dans la lutte contre les maladies nosocomiales.

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