Préserver la fertilité - L'Infirmière Magazine n° 181 du 01/04/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 181 du 01/04/2003

 

CANCÉROLOGIE

Actualités

Les traitements contre les cancers sont susceptibles d'entraîner une stérilité momentanée, voire définitive chez le patient. Les radiothérapies, les chimiothérapies peuvent altérer la spermatogenèse chez l'homme, ou l'ovocyte chez la femme. Quelles sont les stratégies pour pallier ce type de risques ? Une question posée lors des 6es Rencontres infirmières en oncologie organisées par l'Afic. Pour le docteur Jean-Marie Kustmann, du centre d'étude et de conservation des oeufs et du sperme humain (Cecos) à l'hôpital Cochin (Paris), « aucune mesure de protection de la spermatogenèse n'ayant fait la preuve de son efficacité, la conservation de sperme reste encore la meilleure mesure à envisager pour préserver la fertilité d'un homme ».

Le recueil de sperme se fait par automasturbation au laboratoire, si possible après une abstinence sexuelle de trois à cinq jours. « Il faut prévoir au minimum deux recueils espacés de trois à quatre jours et adresser le patient avec des résultats de sérologies pour le VIH, VHC, VHB, la syphilis. » Une fois congelé, le sperme peut être conservé et utilisé plus de vingt ans après sa congélation. À distance de son traitement, l'homme effectuera des contrôles de sperme et, s'il ne récupère pas sa spermatogenèse, il pourra envisager de concevoir avec les paillettes conservées au Cecos (insémination, Fiv, Icsi).

Une femme, trois possibilités.

Si la stratégie de conservation est relativement simple pour l'homme, il n'en est pas de même pour les femmes. Le docteur Catherine Poirot, du laboratoire de biologie de la reproduction à La Pitié-Salpêtrière, cite trois possibilités : « la conservation d'embryons, la congélation des ovocytes matures, ou la congélation de cortex ovarien ». La conservation d'embryons donne des résultats positifs. « Dans 15 à 16 % des cas, on obtient une grossesse. Mais il se pose un problème éthique : comme l'embryon appartient à un couple, que se passe-t-il en cas de décès de la patiente ? »

La congélation d'ovocytes matures donne de bons résultats depuis la pratique des micro-injections. Mais l'ovocyte mature est la cellule la plus rare. La congélation du cortex ovarien en est au stade expérimental (aucune grossesse n'ayant été obtenue jusqu'à présent), mais selon le docteur Poirot, cette technique est prometteuse, notamment pour les jeunes filles.