Trois jours de folie - L'Infirmière Magazine n° 183 du 01/06/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 183 du 01/06/2003

 

PSYCHIATRIE

Actualités

Du 5 au 7 juin derniers, Montpellier a accueilli les États généraux de la psychiatrie. Près de 2 000 personnes ont débattu de moult problèmes, notamment de la formation initiale des infirmières exerçant en psychiatrie.

Au matin du 7 juin dernier, après deux journées de débats en atelier, les 2 000 participants aux États généraux de la psychiatrie réunis en assemblée plénière ont fait la synthèse de leurs travaux. Quatre motions ont été débattues et votées, et douze engagements ont été affirmés. Ces premiers États généraux, organisés à Montpellier, avaient trois objectifs : réunir tous les acteurs de la psychiatrie, se faire entendre des pouvoirs publics et alerter l'opinion. Médecins, infirmières, psychologues et travailleurs sociaux... Secteurs public, privé, PSPH et privé lucratif, secteurs hospitalier, médicosocial, libéral... Tous ont été plus ou moins bien représentés au cours de ces États généraux. Les débats furent vifs. Mais cela n'a pas empêché la création d'une confédération française des syndicats de psychiatres.

Onze sociétés savantes de psychanalyse ont apporté leur soutien à ces États généraux. Quatre motions ont pu être définies à partir des débats en atelier et suite aux travaux préparatoires sur « les structures et les hommes », « la psychiatrie et la relation soignante », « l'homme et la folie », « les mutations, les contraintes et les missions ».

Formation spécifique

La première motion concernant « la discipline psychiatrique » rappelle que « la psychiatrie est une discipline médicale à part entière ». La seconde motion définit « les fondements théoriques ». Elle souligne « les apports de différents domaines scientifiques », notamment la psychanalyse. L'importance de la relation thérapeutique comme mode de prise en charge du patient, par rapport aux traitements chimiques, a été vivement défendue. Les professionnels ont aussi mis en garde contre « une entreprise systématique de protocolarisation des soins ». Augmenter le nombre de lits, organiser une nouvelle négociation conventionnelle pour les libéraux, supprimer le PMSI, tels furent les principaux souhaits des professionnels énoncés dans la troisième motion concernant « les moyens et les structures ». La quatrième motion concerne la formation. « Une formation spécifique » est réclamée pour toutes les professions de psychiatrie. Concernant la formation initiale des infirmières en psychiatrie, les tenants d'une spécialisation après le DE en soins généraux et les partisans du rétablissement d'une formation initiale spécifique en psychiatrie se sont affrontés vainement.

Jean-François Mattei, absent, a adressé un message aux participants dans lequel il rappelait qu'il attendait pour le mois de septembre les propositions d'actions de la mission sur la psychiatrie, confiée au Dr Philippe Cléry- Mélin, au Pr Viviane Kovess et au Dr Jean-Charles Pascal.

Ces derniers étaient présents aux États généraux. Ils ont pu écouter les douze engagements des professionnels. Ils portaient notamment sur l'actualisation de la nosographie francophone, le développement de la recherche clinique, la prise en charge individualisée des patients, la promotion d'une formation continue adaptée. Le ministre de la Santé s'est engagé à recevoir les organisateurs des États généraux avec leur plan d'urgence, avant les vacances parlementaires.

ILS ONT DIT

« Nous vivons un moment d'histoire. Notre plainte a été reconnue publiquement. Les médias ont relaté notre initiative. C'est une grande surprise. »

Hervé Bokobza, psychiatre et président des États généraux.

« Ce furent des États généraux et généreux ! Mais avez-vous prévu une suite ? Pourquoi pas une nuit de la folie, au lieu d'organiser des grèves ? »

Une participante.

« La création de comités locaux des États généraux dans les établissements, des relais dans les cabinets libéraux, tout cela pourrait être envisagé... »

Hervé Bokobza.