Le lavage d'estomac - L'Infirmière Magazine n° 184 du 01/07/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 184 du 01/07/2003

 

Mode opératoire

DÉFINITION

Méthode qui consiste à évacuer le contenu de l'estomac dans un but thérapeutique et/ou diagnostique. Le lavage gastrique nécessite la présence d'un médecin à proximité et de deux infirmières pour le soin.

INDICATIONS

Le lavage d'estomac est préconisé en cas d'intoxications aiguës de l'adulte et de l'enfant. Le lavage d'estomac doit être pratiqué dans l'heure suivant l'ingestion des toxiques ; plus tardivement dans certains cas (ingestion de toxiques retardant la vidange gastrique, médicaments à libération prolongée ou à enrobage gastrorésistant, notamment). Le lavage gastrique ne peut être réalisé qu'après un examen clinique complet. D'autres méthodes peuvent être utilisées pour épurer l'estomac : vomissements provoqués (ipéca), accélération du transit intestinal, administration de charbon activé.

CONTRE-INDICATIONS

Le lavage gastrique est formellement contre-indiqué :

- après ingestion de produits caustiques, moussants et d'hydrocarbures ;

- lorsque le patient présente des troubles de la conscience, sauf s'il est intubé ;

- en cas d'antécédents de chirurgie gastrique ;

- en cas d'ulcère gastrique évolutif ou varices oesophagiennes connues ;

- âge inférieur à six mois.

Chez le patient somnolent ou inconscient, le lavage gastrique doit être précédé d'une intubation endotrachéale.

MATÉRIEL

- Sonde de Faucher d'un diamètre de 12 à 13 mm ;

- Lubrifiant (eau ou huile de vaseline, pas d'anesthésiques locaux) ;

- Seringue de 50 ml à gros embout ;

- Tulipe en verre ;

- Bocal de recueil pour le contenu gastrique ;

- 10 à 20 litres d'eau tiède (100 ml/kg chez l'enfant) ou sérum physiologique salé (4 g/l) ;

- Charbon activé ;

- Seau ;

- Protection de lit si besoin, tablier pour le patient et les soignants, gants à usage unique ;

- Ouvre-bouche ;

- Matériel de réanimation à proximité.

DÉROULEMENT DU SOIN

Le soin doit être réalisé en salle de soins. Poser une voie veineuse « de sécurité » avant le lavage. Prévoir une aide pour maintenir le patient si besoin. Informer le patient s'il est conscient du déroulement du soin et tenter d'obtenir sa collaboration.

Installer le patient en position assise. Les patients inconscients ou désorientés seront intubés et installés en décubitus latéral ou dorsal en position déclive. Installer les protections de lit autour du malade. Mettre l'ouvre-bouche au patient. Après avoir calculé la distance bouche-estomac, introduire dans la bouche la sonde de Faucher lubrifiée. La pousser dans l'estomac de manière non traumatique en faisant déglutir le patient. Vérifier la bonne position de la sonde (par injection d'air et auscultation du creux épigastrique : un bruit aérique est alors perçu à l'aide d'un stéthoscope posé sur l'estomac). Fixer solidement la sonde. Connecter tuyau et entonnoir. Ensuite, remplir l'entonnoir (la tulipe) de liquide de rinçage (200 ml environ), le tuyau étant clampé. Déclamper le tuyau et surélever l'entonnoir au-dessus de la tête du malade, en le tenant légèrement penché. L'eau s'écoule dans l'estomac. Abaisser ensuite l'entonnoir au-dessus du seau afin de siphonner le liquide gastrique. Le premier retour de contenu gastrique est récupéré pour analyse toxicologique. Poursuivre le lavage avec des volumes de liquide plus importants (500 ml environ), jusqu'à obtention d'un liquide clair. La quantité d'eau nécessaire pour un lavage peut parfois être importante chez un adulte (20 litres).

Pendant le soin, une aide tient la tête du patient ainsi que la sonde afin d'éviter qu'elle ne se déplace. Du charbon activé peut être administré après le lavage gastrique par le tube de Faucher (selon la prescription médicale). Le soin terminé, pincer la sonde puis la retirer. Laisser ensuite tousser le malade et l'aspirer si besoin. Proposer au malade de se rincer la bouche ou procéder à un soin de bouche si le patient est inconscient.

SURVEILLANCE

La surveillance porte sur la bonne tolérance du lavage par le patient. Contrôler la fonction respiratoire, l'état de conscience (surtout lors des tentatives de suicide), la tension artérielle et la fréquence cardiaque. Attention : l'aggravation de l'état du patient peut être différée à cause de l'action des toxiques ingérés.

INCIDENTS

- Nausées lors de l'introduction de la sonde (toujours) ;

- Refus de coopérer du malade (fréquent) ;

- Vomissements avec risque d'inhalation du liquide de lavage ;

- Obstruction de la sonde : masser légèrement le creux épigastrique et donner un mouvement de rotation au tube.

COMPLICATIONS

- Inhalation bronchique pouvant menacer le pronostic vital ;

- Pneumopathies d'inhalation ;

- Blessure de la bouche, de la gorge, de l'oesophage, de l'estomac par des liquides caustiques pouvant entraîner une hémorragie ;

- Hypertension et tachycardie (d'origine adrénergique) ;

- Malaise vagal à l'introduction du tube ;

- Arrêt circulatoire avec les toxiques cardiotropes (digitaline).

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