Les dermocorticoïdes - L'Infirmière Magazine n° 184 du 01/07/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 184 du 01/07/2003

 

Pharmacologie

Conduites a tenir

On utilise surtout les dermocorticoïdes dans le traitement de l'eczéma. Dérivés synthétiques de la cortisone, les dermocorticoïdes doivent faire l'objet d'une surveillance étroite, en raison des risques de dépendance de la peau qu'ils engendrent.

DÉFINITION

Les dermocorticoïdes sont des dérivés synthétiques de la cortisone possédant une activité anti-inflammatoire locale puissante, accompagnée d'un effet immunodépresseur. La cortisone est l'hormone anti-inflammatoire naturelle produite par l'organisme.

OBJECTIFS

Ils sont utilisés dans le traitement des eczémas, dont ils traitent efficacement les symptômes. Ils traitent également de très nombreuses infections dermatologiques (psoriasis, dermites séborrhéiques, dyshidroses), ainsi que les piqûres d'insectes.

ACTIONS

Précautions à prendre avant l'administration.

Vérification de la prescription. Les dermocorticoïdes sont utilisés classiquement à raison d'une à deux applications par jour, en massage léger jusqu'à l'absorption complète de la crème ou de la pommade. Une augmentation du nombre d'applications quotidiennes aggrave les effets indésirables sans améliorer les eczémas ou la dermite.

Les dermocorticoïdes sont regroupés en quatre classes. Les dermocorticoïdes forts ou très forts sont utilisés pour une période brève (cinq ou six jours) sur des plaques de taille limitée. Il faut éviter l'utilisation des dermocorticoïdes de classe 1 ou 2 chez l'enfant. Après le traitement d'attaque, le relais est assuré par l'utilisation d'un corticoïde moins incisif et par l'espacement des applications (un jour sur deux). On doit éviter l'arrêt brutal qui expose au rebond, au-delà de dix jours de traitement en principe.

Adapter la forme pharmaceutique à la pathologie. La forme pharmaceutique est choisie en fonction du type de lésion ou du lieu de la dermatose :

- les crèmes sont destinées aux lésions suintantes ;

- les pommades et les crèmes épaisses sont employées pour traiter les dermatoses sèches ou hyperkératosiques ;

- les lotions, gels, sprays sont destinés aux lésions macérées des plis, du cuir chevelu, des zones pileuses et des muqueuses ;

- les pansements occlusifs sont recommandés, pendant un temps court, sur des lésions résistantes, épaisses et de surface limitée.

Respect des modalités d'emploi.

- Se laver les mains avant l'application pour éviter une éventuelle contamination infectieuse du patient. Il faut effectuer un autre lavage des mains après l'application pour empêcher l'absorption par votre propre peau (main dominante gantée).

- Retirer la crème ou la pommade de la précédente application.

Constater l'efficacité du traitement.

Disparition des signes physiques de la pathologie. Ils permettent de limiter le phénomène inflammatoire se traduisant habituellement par des rougeurs, des oedèmes, de la chaleur, du prurit. L'eczéma est rapidement maîtrisé mais il peut récidiver si sa cause n'est pas déterminée.

Absence de signes de complications. Certaines dermatoses corticosensibles peuvent se surinfecter dès les premiers jours du traitement, en raison du grattage.

Dépister les effets secondaires. Ils résultent d'une durée excessive de traitement ou de l'utilisation d'un corticoïde de force trop importante, qui nécessite de procéder à un sevrage corticoïde, lors de l'arrêt du traitement.

Sur le plan local.

- Atrophie cutanée : il risque de se produire un amincissement de l'épaisseur de la peau et de la couperose. Si le dermocorticoïde est appliqué sur le visage, l'atrophie apparaît plus rapidement. Cette atrophie est responsable de la constitution d'une dermite rosacée corticodépendante avec rebond après chaque arrêt (sevrage difficile). Il peut y avoir un retard de cicatrisation des plaies, des escarres et des ulcères de jambes en raison de la diminution de l'activité mitotique dont ils sont responsables.

- Extension d'une dermatose infectieuse : une surinfection microbienne ou par des levures est possible en raison de l'effet immunosuppresseur des corticoïdes. Il ne faut pas, en principe, appliquer de corticoïdes sur une plaie sans y adjoindre un antibiotique (VO ou local) ou un antiseptique. Ne pas appliquer sur un herpès.

- Troubles cutanés : lorsque les dermocorticoïdes sont utilisés en excès, on observe des taches dépigmentées, une décoloration de la peau (hypomélanose). De l'hypertrichose (développement excessif des zones pileuses) et des ecchymoses (hématomes) sont possibles. Des vergetures, d'apparition parfois rapides, à la racine des membres, risquent d'être définitives.

- L'allergie au corticoïde et l'intolérance aux excipients sont rares.

Sur le plan général. Leur utilisation prolongée entraîne des effets secondaires dus au passage des corticoïdes dans l'organisme. Ce passage dans le sang a pour conséquence d'induire les effets secondaires d'une corticothérapie générale. Une insuffisance surrénalienne peut survenir à l'arrêt d'un traitement prolongé. Ce phénomène est à redouter avec les corticoïdes très forts. Il est favorisé par l'application sur de grandes surfaces ou sous pansement occlusif (couches pour bébé).

CONSEILS AU PATIENT

- Respect de la prescription en durée en raison des risques de dépendance de la peau au dermocorticoïde ;

- Respect du nombre d'application par jour ainsi que de la quantité de crème à appliquer ;

- Une visite chez le médecin est utile après le traitement, surtout s'il excède quinze jours, afin d'instaurer si nécessaire un sevrage au dermocorticoïde par pallier dégressif.