Prévenir les risques infectieux lors de la toilette et des soins - L'Infirmière Magazine n° 184 du 01/07/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 184 du 01/07/2003

 

Gériatrie

Conduites a tenir

Adaptés au degré de dépendance du patient, les soins de toilette doivent limiter le risque ou l'aggravation d'infections des personnes âgées, particulièrement exposées. Le soignant prendra le temps d'effectuer ces soins avec la pudeur et la chaleur nécessaires.

DÉFINITION

La toilette est l'ensemble des pratiques permettant d'assurer la propreté quotidienne. Tous les soins cutanés qui l'entourent sont autant d'occasions de transmission de micro-organismes et nécessitent une grande rigueur.

OBJECTIFS

Conçue pour satisfaire les besoins de propreté et de confort, la toilette est aussi un moment privilégié avec le patient. Elle contribue notamment à renforcer son estime de soi et son bien-être. Il importe donc de ne pas négliger ces moments importants et de toujours prendre le temps d'instaurer une relation de confiance.

Il convient également de prévenir tout risque de lésions cutanées et d'infections chez des personnes âgées particulièrement exposées.

PRINCIPALES ACTIONS

Toilette. Le type de toilette est adapté au degré de dépendance, la douche ou la toilette en chariot douche devant être privilégiée. En dehors de la toilette, le soignant doit laver les mains du patient plusieurs fois par jour (repas, selles...). Précautions générales :

- Le soignant effectue un lavage simple des mains selon la procédure décrite dans L'Infirmière magazine (n° 171, mai 2002, p. XIV), avant et après la toilette de chaque patient ;

- La protection par une tenue standard est suffisante lors des soins de toilette. Le port de gants à usage unique non stériles est seulement préconisé pour la toilette intime et en cas de souillures et/ou de lésions chez le soignant (utiliser alors une paire de gants pour chaque soin et pour chaque patient, changer de gants entre chaque malade, se laver les mains avant et après le port de gants) ;

- Il convient de veiller à la prévention des escarres si l'état du malade le nécessite ;

- Changer la totalité de la literie au minimum une fois par semaine et chaque fois que nécessaire ;

- Nettoyer quotidiennement le chariot de soins et ce de manière approfondie une fois par semaine avec une solution détergente-désinfectante.

Soins de bouche. Assurer les soins d'hygiène de la muqueuse buccale conformément au mode opératoire publié dans L'Infirmière magazine (n° 178, janvier 2003, p. XIV). Ils doivent éliminer les mucosités buccales afin de limiter le développement de micro-organismes du carrefour oronasopharyngé pour prévenir les infections des voies aériennes supérieures. Ils permettent l'hydratation de la muqueuse buccale et sont indispensables quand la fonction de déglutition est altérée. Attention, une préparation type bicarbonate-Fungizone® est instable : préparer le mélange (sur prescription) uniquement au moment de son utilisation.

Soins urinaires. Les infections urinaires constituent les infections les plus fréquentes en gériatrie. En cas d'incontinence, les méthodes alternatives au sondage (change à usage unique, étui pénien) sont à privilégier. Les précautions standard sont appliquées pour le changement des protections : se laver les mains ou utiliser une solution hydro-alcoolique entre chaque patient, porter des gants à usage unique et les jeter entre chaque patient, sécher minutieusement le malade après la toilette génito-anale, signaler les signes d'irritation, éliminer les protections (déchets ménagers). En cas d'isolement septique, les protections sont éliminées par la filière des déchets d'activité de soins à risques infectieux (Dasri).

Soins des pieds. Chaque jour, il faut laver les pieds du patient, les sécher minutieusement et leur appliquer une crème grasse. Si nécessaire (durillons, ongles trop longs...), faire intervenir le pédicure.

Soins de plaies simples/chroniques. En cas d'infection, l'isolement technique de la plaie par pansement occlusif permet au patient de mener ses activités habituelles : repas en salle à manger, etc.

Soins digestifs. En cas d'alimentation par sonde, il convient de se laver les mains avant et après chaque manipulation de la sonde, de porter des gants à usage unique non stériles, d'utiliser des compresses propres pour le branchement de la poche à la sonde, de protéger le fosset de la sonde dans un boîtier propre, fermé pendant le temps de passage du produit, de rincer la sonde avant le débranchement (avec de l'eau embouteillée de préférence) et de changer la tubulure au minimum une fois par jour.

Soins respiratoires. Il faut limiter le risque ou l'aggravation d'infections respiratoires auxquelles les personnes âgées sont très exposées.

Pour les aérosols, préférer les kits à patient unique et protéger le kit après utilisation, à l'abri des souillures et de la poussière. Vider la cuve après chaque utilisation, essuyer et sécher avec des compresses stériles. Essuyer le masque en cas de souillure (ou le remplacer).

Pour l'oxygénothérapie à débit > 3 l/mn, préférer les kits préremplis d'eau ; sinon, procéder au nettoyage et à la désinfection de l'humidificateur une fois par jour. La sonde d'O2 doit être changée tous les jours. Pour les soins de trachéotomie, il faut bien nettoyer et désinfecter la canule après chaque changement de canule et stocker la canule propre dans le boîtier propre identifié au nom du patient. Lors d'aspirations endotrachéales, se souvenir du principe : une sonde à usage unique stérile pour une aspiration.