Surveillance générale des antalgiques - L'Infirmière Magazine n° 185 du 01/09/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 185 du 01/09/2003

 

Pharmacologie

Conduites a tenir

L'infirmière joue un rôle important dans la lutte contre la douleur. Elle est habilitée à adapter les traitements antalgiques, dans le cadre des protocoles préétablis (décret du 11 février 2002).

VÉRIFICATION DE LA PRESCRIPTION

Les posologies doivent être strictement vérifiées et les horaires des prises respectés. Les posologies maximales par 24 heures et par prise doivent être vérifiées. Les principales contre-indications seront écartées avant administration. L'administration d'antalgiques majeurs morphiniques est régie par des règles strictes. Il faut se procurer la clef du coffre, lieu de stockage des stupéfiants, auprès de la surveillante et refermer à clef après l'utilisation du coffre. L'enregistrement complet d'un certain nombre d'informations est obligatoire. Il se fait sur le relevé nominatif. Il est réglementaire de mentionner :

- l'unité de soins ;

- Ie nom du médecin prescripteur, le nom et le prénom du malade ;

- la dénomination du stupéfiant et son dosage (en toutes lettres) ;

- la forme ;

- la dose administrée (en toutes lettres) ;

- la date, l'heure et le mode d'administration ;

- le nom de l'infirmière qui a effectué l'administration et sa signature. Les ampoules et les emballages vides sont conservés dans le coffre. Ils seront comptés et remis à la pharmacie de l'hôpital lors du renouvellement du stock. Les ordonnances originales sont également conservées.

CONTRÔLE DE L'EFFICACITÉ

L'antalgique soulage la douleur et estompe les sentiments douloureux de souffrance qui l'accompagnent.

L'identification de la douleur auprès du patient. Les paroles du patient, ses expressions physiques (gémissements, grimaces) sont à prendre en compte. Il faut noter toutes les informations concernant la douleur dans le dossier du patient. Les retentissements de la douleur sur la vie quotidienne du patient doivent être recherchés. Ils concernent l'appétit, les activités, le sommeil. Il en est de même des répercussions psychiques, accompagnées ou non de plaintes ou de pleurs.

L'infirmière devra programmer les soins ou les toilettes après la prise des antalgiques. Sur le plan psychologique, les soignants doivent être disponibles.

Caractériser la douleur. Les principales données caractérisant la douleur seront rassemblées :

- le lieu de la douleur permet de localiser une atteinte possible d'un organe. Les irradiations et l'étendue de la douleur sont utiles à connaître ;

- le type de la douleur est un bon élément pour différencier plusieurs causes localisées au même endroit ;

- les positions antalgiques sont caractéristiques de certaines maladies. Les causes déclenchantes signent également la pathologie ;

- certaines douleurs ont un rythme caractéristique. Elles n'apparaissent qu'à des moments précis de la journée ;

- la durée du soulagement par l'antalgique.

L'échelle d'évaluation analogique de la douleur (EVA). Son utilisation a permis de décrire l'intensité de la douleur et de mettre ainsi en place un suivi thérapeutique.

Il s'agit d'une réglette qui possède sur une face une graduation en millimètres de 0 à 10 cm et sur l'autre face deux repères qualitatifs (« absence de douleur » et « douleur intolérable ») distants de 10 cm. Le patient fait glisser le curseur jusqu'au niveau visuel qui lui semble correspondre au niveau de sa douleur. En retournant l'algomètre, le médecin relève la graduation indiquée, pouvant ainsi coter la douleur décrite. Ces échelles sont reproductibles et fiables. Les mesures sont effectuées avant d'administrer l'antalgique, et tout au long du traitement antidouleur. Si deux patients ont le même chiffre, cela ne veut pas dire que leur douleur est d'intensité identique. La douleur est subjective et son expression dépend de chaque patient. Les résultats sont notés dans le dossier du patient. Le chiffre sera comparé à celui obtenu aux évaluations précédentes.

DÉPISTER LES EFFETS SECONDAIRES

Deux antalgiques périphériques ne seront jamais associés en raison de l'addition de leurs effets secondaires.

Le paracétamol. Les effets indésirables se limitent à une rare réaction allergique. À fortes doses, il est hépatotoxique.

L'aspirine. L'aspirine est essentiellement toxique pour l'estomac : risques de saignements, de gastrite, voire d'ulcère. À fortes doses, elle est responsable d'acidose métabolique et d'hémorragies.

La codéine. Ses effets secondaires sont la somnolence, les vertiges, les nausées, la constipation, et parfois des difficultés respiratoires.

Le dextropropoxyphène et le tramadol. Leurs effets secondaires sont proches de ceux de la codéine mais moins marqués.

La morphine et les morphiniques :

- ils possèdent un risque de dépendance si leurs règles d'utilisation ne sont pas respectées. Ils sont utilisés de préférence par voie orale, à intervalles réguliers. Le traitement est préventif. On n'attend pas que la douleur revienne pour administrer la morphine. L'alternance du protocole antalgique, si le cas se présente, doit être respectée ;

- la rétention urinaire est fréquente. Elle est due au blocage de la vessie par la morphine ;

- on constate de la somnolence, due certainement à un traitement surdosé en morphinique, et un état de sédation pouvant aller jusqu'au syndrome confusionnel ;

- des nausées et des vomissements apparaissent, ainsi qu'une constipation, qui impose une surveillance du transit : l'absence de selles doit être inférieure à trois jours. Il faut aussi veiller au régime alimentaire (salades, légumes verts) ;

- très rare, une dépression respiratoire peut entraîner un bronchospasme mortel.