L'incontinence urinaire chez la femme - L'Infirmière Magazine n° 188 du 01/12/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 188 du 01/12/2003

 

Urologie

Conduites a tenir

Avec l'allongement de l'espérance de vie, le nombre de femmes concernées par l'incontinence urinaire s'accroît. L'amélioration de la prise en charge, tant sur le plan diagnostique que thérapeutique, permet d'augmenter le confort et la qualité de vie de ces patientes.

DÉFINITION

L'incontinence urinaire est définie par la perte involontaire d'urine.

CAUSES

L'incontinence urinaire d'effort, la plus fréquente, survient lors d'un effort physique ou d'une augmentation de la pression intra-abdominale (toux, rire, éternuement). Il s'agit d'une fuite en jet, de survenue brutale, peu abondante. Elle est la conséquence d'une altération des fonctions urétrale, sphinctérienne, de l'altération du plancher pelvien ou du système de soutien sous-urétral.

L'incontinence par impériosité est le besoin non progressif et irrépressible d'une miction, parfois associée à une pollakiurie ou à une énurésie. C'est généralement le fait d'une instabilité vésicale, par anomalie d'activité de la vessie, dont la cause peut être idiopathique, neurogène ou congénitale.

L'incontinence par regorgement est liée à un trop plein de la vessie, généralement dû à une rétention vésicale après miction, par compression par exemple d'un prolapsus. Souvent associée à une dysurie, elle s'installe progressivement, et s'amplifie en fin de journée. Le jet urinaire est faible, haché, la miction volontaire est longue et nécessite un effort de poussée.

L'incontinence urinaire permanente est caractérisée par des fuites insensibles, non liées à l'effort ni au besoin, tout autant de jour comme de nuit. Elle peut être liée à l'existence d'une fistule, à une insuffisance sphinctérienne majeure, ou à une affection neurologique.

Il est très fréquent d'avoir plusieurs types d'incontinence associés. On parle alors d'incontinence mixte.

Certaines incontinences sont d'origine psychogène, postchirurgicale, postradiothérapique. Enfin, rappelons que certains médicaments peuvent altérer le fonctionnement vésicosphinctérien, comme les anticholinergiques ou les alphabloquants, particulièrement chez la femme âgée.

BILAN

L'évaluation clinique est capitale. Elle se compose d'un interrogatoire précis et orienté, d'un examen clinique, de la mise en évidence de l'incontinence et de son évaluation quantitative objectivée. Les répercussions sur la qualité de vie devront aussi retenir l'attention, de même que l'association d'autres troubles fonctionnels. Des examens complémentaires, tels qu'un examen cytobactériologique des urines, seront prescrits devant tout trouble mictionnel.

Un bilan urodynamique permettra d'évaluer plus précisément l'incontinence. L'imagerie médicale pourra parfois compléter le bilan : urographie intraveineuse, urétrocystographie, colpocytogramme, échographie.

TRAITEMENTS

Selon le type d'incontinence, ses répercussions et l'existence d'une pathologie associée, la réponse thérapeutique devra être adaptée.

- La rééducation périnéale donne généralement de très bons résultats ;

- Les traitements médicamenteux viseront à diminuer la contractilité vésicale, en diminuant la pression vésicale ou la diurèse, ou en augmentant le tonus urétral. Des anti-inflammatoires, des antiseptiques urinaires ou des oestrogènes locaux pourront également être prescrits ;

- Des moyens de contention locale pourront être utilisés (pessaire, tampon vaginal, obturateur urétral) ;

- Les pathologies génératrices seront prises en charge (neuropathies, diabète, obésité, cause psychogène...), de même que l'origine iatrogène médicamenteuse ;

- Le traitement chirurgical traitera fistules et prolapsus, et améliorera la statique pelvienne. Différentes techniques, dont certaines peu invasives se pratiquant sous anesthésie locorégionale, donnent également de très bons résultats.

Lexique

> Pollakiurie : augmentation de la fréquence des mictions, à plus d'une miction la nuit, ou d'un intervalle inférieur à trois heures le jour.

> Urgence mictionelle : besoin impérieux et non progressif.

> Rétention : défaut d'évacuation de la vessie après miction.

> Dysurie : douleur ou gêne à la miction.

> Énurésie : miction complète et incontrôlable pendant le sommeil.

Facteurs favorisants

> 10 à 15 % des femmes souffrent d'incontinence urinaire, soit 1,5 à 2 millions de Françaises.

> L'âge est incontestablement un facteur favorisant, notamment après la ménopause.

> On note moins d'incontinence chez les femmes asiatiques et d'origine africaine.

> Grossesse et accouchement en augmentent le risque de survenue.

> Il existe une prédisposition familiale, vraisemblablement liée à une déficience de la qualité périnéosphinctérienne ou tissulaire.

> Autres facteurs favorisants : constipation chronique, obésité, toux chronique ou pratique intempestive d'une activité sportive.