La réanimation du nouveau-né - L'Infirmière Magazine n° 188 du 01/12/2003 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 188 du 01/12/2003

 

Néonatologie

Conduites a tenir

La prise en charge adéquate d'un nouveau-né en difficulté dès la salle de travail permet d'éviter bien souvent des affections néonatales ultérieures. Mais aussi des séquelles neurologiques graves après, notamment, une anoxie ou une ischémie périnatale.

DÉFINITION

Un nouveau-né en difficulté dans les premières minutes de vie est un enfant dont l'adaptation cardiorespiratoire à la vie extra-utérine est perturbée à la suite d'une souffrance foetale aiguë (SFA) anténatale ou périnatale, facteur d'anoxie-ischémie.

ÉTIOLOGIE

Un certain nombre de situations peuvent aboutir à une réanimation en salle de travail : situations maternelles (exemple, l'hypertension gravidique), foetales (prématurité < 35 semaines d'aménorrhée (SA), retard de croissance intra-utérin, anomalies congénitales...), obstétricales (procidence du cordon, hémorragie anténatale...).

PRINCIPES

Bon nombre de situations sont imprévisibles, et un équipement complet doit être disponible en toute circonstance, ainsi que la présence de personnes entraînées à la réalisation des premiers gestes.

Dès la naissance, il faut en permanence se poser la question de démarrer ou non une manoeuvre de réanimation jusqu'à ce que les signes vitaux soient normalisés. Il faut les évaluer simultanément (score d'Apgar).

ACTIONS

Prévention du refroidissement. Un séchage rapide de la peau et le prompt retrait de tout linge humide sont indispensables.

Positionnement de l'enfant. Il doit être en décubitus dorsal, la tête en position naturelle ou en légère extension. Si les efforts respiratoires ne produisent pas une ventilation efficace, il faut désobstruer les voies aériennes : repositionner la tête et aspirer les voies aériennes.

Aspiration des voies aériennes. En l'absence de méconium ou de sang, la succion mécanique est effectuée pendant cinq secondes. L'aspiration nasale se fait à une profondeur de un centimètre dans chaque narine. Si le liquide amniotique est contaminé par du méconium, la bouche, le pharynx et le nez sont aspirés à la vulve dès que la tête est sortie. Une laryngoscopie est pratiquée le plus rapidement possible pour aspirer le méconium résiduel de l'hypopharynx, suivie de l'intubation et de l'aspiration de la trachée.

Oxygénation et ventilation. La cyanose centrale est traitée par l'administration d'oxygène pur (100 %), par un masque ou en pression positive avec un ballon. Si l'enfant reste en apnée, s'il gaspe ou si la fréquence cardiaque est < 100 battements/mn, la ventilation assistée est débutée. Il faut en apprécier l'efficacité, en observant la manière dont se soulève le thorax et l'amélioration des signes vitaux. Il est parfois utile d'améliorer l'étanchéité entre le masque (de préférence rond avec un coussinet) et le visage (sans couvrir les yeux ou déborder sur le menton), d'assurer la perméabilité des voies aériennes en aspirant les voies aériennes supérieures, en repositionnant la tête, en ouvrant la bouche, en augmentant les pressions d'insufflation. Si la ventilation au ballon est inefficace ou prolongée, l'intubation trachéale est envisagée.

Massage cardiaque. Il est généralement effectué lorsque la fréquence cardiaque est < 60 battements/mn, malgré une ventilation assistée correcte de 30 secondes.

Administration de médicaments. Elle est rarement indiquée. Cependant, si la fréquence cardiaque reste < 60 battements/mn après un minimum de 30 secondes de ventilation correcte avec massage cardiaque, l'injection d'adrénaline est recommandée. Si la mère a reçu un narcotique et si la respiration du nouveau-né semble perturbée, on peut envisager d'administrer de la naloxone après avoir fait la réanimation de base sur les fonctions vitales. Enfin, l'expansion volémique (utilisant le sérum physiologique à 9 ä) est mise en route lorsqu'il y a eu une perte de sang ou lorsque l'enfant n'a pas répondu aux autres mesures de réanimation.

Surveillance postréanimation. Après que la respiration et la circulation ont été établies, l'enfant doit être surveillé et monitoré dans un environnement adapté : fréquence cardiaque, saturation périphérique en oxygène, voire gaz du sang. La pression artérielle et la glycémie sont contrôlées en phase de stabilisation.

Information de la famille. Il est important d'expliquer aux parents les raisons qui ont motivé cet acte de soins, et d'anticiper leurs questions.

ARRÊT DE LA RÉANIMATION

Il est raisonnable de l'envisager en cas d'arrêt cardiorespiratoire n'ayant pas répondu par l'établissement d'une circulation spontanée au bout de 15 minutes. Au-delà, le taux et la qualité de survie sont très mauvais chez l'enfant à terme ; chez les enfants prématurés de très petit poids de naissance, il n'y a guère de survie possible s'il n'y a pas de signes de vie au bout de 10 minutes de réanimation.

Le score d'Apgar

Le score d'Apgar quantifie la réponse du nouveau-né à l'environnement extra-utérin et à la réanimation (respiration, fréquence cardiaque, tonus musculaire, réflexe d'irritation et couleur) à une et cinq minutes après la naissance puis toutes les cinq minutes, jusqu'à la stabilisation des signes vitaux. Ce score ne doit pas être utilisé pour dicter les actions de réanimation appropriées, lesquelles ne doivent pas être différées après l'évaluation de la première minute chez les enfants en détresse.