La noyade - L'Infirmière Magazine n° 189 du 01/01/2004 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 189 du 01/01/2004

 

Soins intensifs

Conduites a tenir

Les victimes des noyades (100 000 cas de décès par an dans le monde) sont majoritairement de jeunes enfants. Bien qu'il existe différents types de noyade, toutes nécessitent une prise en charge la plus rapide possible, condition sine qua non de la survie du patient.

DÉFINITION

Il convient de distinguer la noyade, mort par suffocation survenue après l'immersion dans l'eau, et la noyade manquée. Celle-ci nécessitera une prise en charge médicalisée. C'est une asphyxie aiguë, avec ou sans inondation broncho-alvéolaire, consécutive à une immersion de la victime dans du liquide.

ÉTIOLOGIES

Noyade asphyxique. C'est la noyade la plus classique. Elle intervient souvent après l'épuisement du patient. Elle fait suite à une quinte de toux, des vomissements, des mouvements de panique, de fatigue, d'essoufflement, de manque d'entraînement à la nage ou d'accidents de plongée.

Noyade par hydrocution. Elle est dite syncopale. Ses origines traumatiques sont un choc cérébral, ou cervical, lors du plongeon qui suit l'irruption brutale du corps dans le liquide. La différence de température entre le corps et le liquide peut entraîner une syncope thermodifférentielle. Elle est favorisée par l'exposition solaire et la période postprandiale. Elle peut avoir une origine allergique quand elle est associée à des réactions cutanées qui pourraient être secondaires à une allergie à l'eau ou à d'autres substances présentes.

MÉCANISMES

Observation. Seules 10 % des victimes se noient sans inhalation d'eau.

Noyade en eau douce. L'eau est hypotonique par rapport au plasma, elle passe ainsi par osmose dans la circulation. Cela entraîne une hémodilution suivie d'une hyper- volémie qui peut doubler en 20 minutes. Ce phénomène provoque une surcharge vasculaire et est responsable d'une décompensation cardiaque droite essentiellement. Une hypotonicité survient ensuite à l'hémodilution. Celle-ci étant associée à une hyperosmolarité responsable d'une hémolyse. Parallèlement, une hypoxie entraîne le développement d'une acidose avec une hyperkaliémie qui augmente l'effet cardiotoxique et arythmogène. Un oedème pulmonaire mixte par lésion alvéolocapillaire s'ajoute à ce tableau clinique.

Noyade en eau de mer. Dans l'eau salée, le principe est inverse. Le sang contient 9 g de sel par litre et l'eau de mer en contient 30 g par litre. L'eau inhalée étant hypotonique, le liquide passe à l'inverse du sang vers la lumière alvéolaire.

Noyade en eau chlorée. Le chlore provoque une lésion des membranes alvéolaires, ce qui entraîne un oedème pulmonaire prépondérant. On constate une acidose sanguine.

SYMPTÔMES

Noyade asphyxique. Elle se caractérise par une ingestion d'eau qui se loge dans les poumons, empêchant ainsi la respiration. Un arrêt respiratoire est suivi d'un arrêt cardiorespiratoire.

Aquastress. C'est le fait de boire la tasse. La victime est angoissée, elle s'agite beaucoup dans l'eau en rentrant et sortant la tête.

Petit hypoxique. La victime a plus souvent la tête sous l'eau. Elle a de l'eau dans l'estomac avec une légère inhalation. Hypothermique, elle est épuisée. Elle a une gêne ventilatoire et une toux.

Grand hypoxique. La victime est épuisée. Son estomac présente une grande quantité d'eau avec inhalation. On constate une somnolence allant de l'agitation au coma. Il y a une tachycardie et la victime est hypotherme. Des vomissements peuvent survenir, entraînant des fausses routes, aggravant l'encombrement bronchite. Un oedème aigu pulmonaire peut alors apparaître.

Anoxie. La victime flotte à la surface. Beaucoup d'alvéoles pulmonaires sont lésées. La tension artérielle est imprenable. La victime peut être en arrêt cardiaque avec un état de mort apparente.

Noyade syncopale. Elle est due à une hydrocution. La victime tombe inconsciente et un arrêt cardiaque suit immédiatement.

PRISE EN CHARGE ET TRAITEMENT

Avant tout, il faut retirer la victime de l'eau le plus vite possible en position horizontale. La tête doit être stabilisée en position neutre.

Ventilation. Elle est identique à celle pratiquée chez le patient traumatisé en ACR. Il ne faut pas aspirer l'eau présente dans les poumons. Cela risque de provoquer une contraction abdominale, entraînant une régurgitation du contenu gastrique.

Massage cardiaque. Il faut rechercher immédiatement les signes de circulation. En absence de pouls perçu, il faut commencer un massage cardiaque. Si une fibrillation ventriculaire survient, un choc électrique externe doit être délivré.

Monitorage. Il est indispensable d'effectuer un monitorage électrocardiographique de tension artérielle non invasive et une oxymétrie du pouls. Une voie veineuse périphérique sera mise en place afin de pouvoir réaliser un remplissage et l'injection de médicaments vaso-actifs.

Mesures complémentaires. Dès que le patient a récupéré une circulation efficace, il sera placé en PLS. Les vomissements sont fréquents chez 86 % des personnes ayant subi un massage cardiaque. Il faut ôter le plus vite possible les vêtements mouillés et placer une couverture de survie sur la victime.

Mesures de réanimation. Les patients qui présentent une détresse respiratoire nécessitent une intubation endotrachéale avec une ventilation mécanique.