La transfusion de plaquettes - L'Infirmière Magazine n° 192 du 01/04/2004 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 192 du 01/04/2004

 

Mode opératoire

DÉFINITION

Les plaquettes sont des produits sanguins dits labiles (PSL), fragiles, de brève durée de conservation.

OBJECTIFS

Les plaquettes sont indiquées dans les thrombopénies par défaut de production (leucémie, aplasie) ou les thrombopénies par consommation (hémorragie). La transfusion doit être faite en évitant toute incompatibilité immunologique ainsi que la transmission des maladies infectieuses. L'infirmière est habilitée à administrer les concentrés de plaquettes sur prescription médicale écrite, quantitative et qualitative, datée et signée, à condition qu'un médecin puisse intervenir à tout moment et après contrôle de compatibilité obligatoire.

MATÉRIEL

Concentrés plaquettaires (CP). Les concentrés plaquetttaires sont de deux types :

- les CP standard (CPS) sont obtenus après centrifugation d'un prélèvement de sang total. Le volume moyen est de 40 à 60 ml de plasma contenant au minimum 0,5 x 1 011 à 0,7 x 1 011 plaquettes. Chaque concentré issu d'un don de sang total est la dose nécessaire par 10 kg de poids en cas de besoin hémorragique. Les CSP doivent être regroupés pour fournir une dose thérapeutique (6 à 10 CSP pour un adulte) ;

- le CP d'aphérèse (CPA) est obtenu à partir d'un séparateur cellulaire : l'aphérèse consiste à traiter un volume sanguin important (2,5 à 4,5 l) provenant d'un seul donneur, auquel on restitue les hématies et une partie du plasma ; son contenu en plaquettes dépend du taux initial des plaquettes du donneur. La dénomination des CPA est établie sur un produit type : CPA 20 contient 2 x 1 011 plaquettes (équivalent de 4 CPS) dans un volume compris entre 200 et 650 ml.

Le CPA a l'avantage d'un risque diminué de transmission d'infection. Le temps de conservation des CP est de trois à cinq jours, à 21 °C sous agitation lente et continue.

Cathéter. Le cathéter doit être de calibre suffisant pour assurer un bon débit. La tubulure est munie d'un filtre à mailles de 175 à 200 microns.

PRATIQUE

Contrôle de compatibilité. On ne peut transfuser qu'en possession des documents de groupage ABO et rhésus D et du résultat de recherche d'agglutinines irrégulières (RAI). Les prélèvements sanguins sont pratiqués au moment de la demande, l'étiquetage des tubes s'effectue au chevet du patient, immédiatement après le prélèvement, après vérification de l'identité du sujet (étiquette administrative avec nom patronymique, nom de jeune fille, prénom, date de naissance, sexe, date et heure de prélèvement). Pour le groupage ABO Rhésus D, les deux déterminations sont effectuées sur deux prélèvements différents.

Demande de produits. La demande de produits s'effectue sur ordonnance médicale. Les concentrés sont délivrés nominativement par l'Établissement français du sang ou le dépôt de sang de l'établissement de soins, avec une fiche de distribution nominative. Le transport doit être rapide. La compatibilité ABO doit être respectée. Les CP provenant de donneurs avec anticorps immuns anti-A ou anti-B ne doivent pas être administrés aux sujets A, B ou AB. Ces concentrés sont étiquetés Iso groupe.

Réception des concentrés. L'infirmière réceptionne les concentrés en vérifiant les conditions de transport, l'identité inscrite sur la fiche de distribution nominative avec celle du patient, des concentrés et de la prescription médicale, du groupe sanguin inscrit sur la poche et celui de la carte du patient, l'intégrité des poches, l'aspect du produit, la date et l'heure de péremption.

Transfusion. La transfusion est pratiquée dès réception des CP dans l'unité de soins (laisser à température ambiante). On ne perfuse jamais simultanément par la même voie d'abord des médicaments ou des solutés hypertoniques.

Le patient est installé confortablement et rassuré. La tubulure est adaptée (remplissage aux deux tiers).

Le débit de la transfusion est établi par le médecin en fonction de l'état du patient, de son âge, de ses antécédents. Le débit moyen est de 10 ml/min chez l'adulte. En cas de transfusion de plaquettes Rh + à un sujet Rh- ne présentant pas d'anticorps anti-D, il est recommandé d'injecter des immunoglobulines anti-D pour éviter chez le patient l'apparition d'une allo-immunisation anti-D due aux quelques hématies Rh + contenues dans le concentré de plaquettes.

SURVEILLANCE

Avant la transfusion. On contrôle les paramètres cliniques, la fréquence cardiaque, la tension artérielle, la température.

Pendant la transfusion. Il faut rester auprès du patient les dix premières minutes qui suivent le branchement de la poche. Les paramètres cliniques sont surveillés régulièrement et contrôlés les jours suivant la perfusion. Une fois la perfusion terminée, on conserve la poche au moins deux heures au réfrigérateur, afin de permettre une analyse bactériologique en cas de suspicion transfusionnelle bactériologique.

COMPLICATIONS

L'apparition de douleur, frisson, angoisse, sensation de chaleur, signes cutanés, sont des signes d'alerte. On arrête alors la transfusion, on maintient une voie veineuse en branchant en dérivation un sérum NaCl à 0,9 %. On prévient le médecin, on surveille le pouls, la tension artérielle, la température et la diurèse. On signale l'incident au correspondant d'hémovigilance dans les huit heures et on le consigne dans le dossier transfusionnel. Il convient d'administrer si besoin un antipyrétique, un antihistaminique, voire un corticoïde en IV (éviter l'aspirine chez le patient thrombopénique).

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