Pédiatrie : Reconnaître une migraine chez l'enfant - L'Infirmière Magazine n° 193 du 01/05/2004 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 193 du 01/05/2004

 

Neurologie

Conduites a tenir

5 à 10 % des enfants présentent d'authentiques crises migraineuses. La migraine peut débuter dès l'âge de deux ans. Écouter l'enfant et ses parents décrire les symptômes, pratiquer un examen complet de l'enfant (réflexes, TA...), deux préalables indispensables à un bon diagnostic.

ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX

Dans certains cas, il est facile de retrouver dans la famille des personnes aux maux de tête récurrents ou connues pour être migraineuses. Dans d'autres, il faut remonter dans le temps car certains parents peuvent parfaitement ne plus avoir de crises alors qu'ils en subissaient 20 ans auparavant. Un tiers des migraineux adultes ne savent pas qu'ils sont porteurs de migraine : bien souvent, des pseudo-diagnostics de crise de foie ou de crise de sinusite ont été abusivement avancés.

PROFIL DES CRISES

- L'enfant arrive-t-il à distinguer un petit mal de tête qui lui permet de continuer ses activités habituelles de la grosse crise qui l'oblige à cesser toute occupation ?

- Quelle est la durée des crises les plus fortes ?

- Quelle est la fréquence des maux de tête ?

CARACTÉRISTIQUES DES CRISES

- Le mal de tête est d'un seul côté du crâne (unilatéral) ;

- Le mal de tête est bilatéral ou central ;

- La douleur est pulsatile (comme le coeur qui bat) ;

- Il y a des pleurs pendant le mal de tête ;

- La douleur est augmentée par l'activité physique (monter les escaliers, courir...) ;

- Il existe une envie de vomir (nausées) ;

- Il y a des vomissements ;

- Le bruit est pénible ;

- La lumière est pénible ;

- Un mal de ventre est associé au mal de tête ;

- Des vertiges accompagnent le mal de tête ;

- L'enfant est pâle, les yeux sont cernés ;

- L'enfant recherche le sommeil ;

- Une amélioration se retrouve au réveil ;

- L'enfant ou l'adolescent voit-il des choses « bizarres » (taches brillantes, vision floue, colorée, déformée) avant le début du mal de tête ?

DÉFINITION

La migraine est une céphalée sévère évoluant par crises stéréotypées avec une céphalée frontale, bitemporale ou unilatérale. Des signes digestifs marqués (nausées voire vomissements), un caractère pulsatile, une phonophobie et une photophobie sont très souvent retrouvés. Durant les crises migraineuses, l'intensité douloureuse est élevée, les enfants arrêtent souvent leur activité, pleurent dans la moitié des cas. Parfois, des douleurs abdominales y sont associées ainsi que des vertiges. Le sommeil est bien souvent réparateur. La pâleur inaugurale est très souvent constatée : l'enfant est décrit comme « livide », « cadavérique », avec les yeux « creux », « cernés ».

CÉPHALÉE DE TENSION

Plus fréquente chez l'adulte que chez l'enfant, elle correspond à une céphalée moins intense, survenant volontiers en fin de journée. Elle est souvent liée au stress. On retrouve tout autant une tension psychologique qu'une tension musculaire. La céphalée de tension est très souvent associée à de véritables crises migraineuses. Comme ces tableaux mixtes sont souvent source de confusion diagnostique, l'analyse sémiologique doit se concentrer sur les crises dont l'intensité est la plus sévère.

Prise en charge. L'abstention thérapeutique médicamenteuse est la règle. Le plus souvent, avec un peu de repos, la céphalée cède. Si elle reste invalidante, l'utilisation épisodique de paracétamol est possible. Les méthodes de relaxation sont indiquées.

CÉPHALÉES CHRONIQUES

Elles peuvent très bien survenir sur un terrain migraineux, connu ou non, ou avoir été précédées d'authentiques crises de migraine. La céphalée chronique quotidienne se définit comme une céphalée présente quasiment en permanence, avec parfois des moments de répit. Le plus souvent un fond continu douloureux persiste, avec lequel l'enfant s'est parfois « habitué » à vivre. Ce qui conduit à des plaintes intermittentes : parfois l'enfant signale la douleur puis retourne jouer ; parfois, il se plaint en permanence. Dans d'autres cas, il arrête de se plaindre, mais si on lui pose la question il répondra qu'il a mal. L'entourage de l'enfant a donc du mal à se faire une opinion et en vient souvent à douter de la réalité de cette douleur.

Le plus souvent, dans ce contexte, on retrouve une anxiété massive de l'enfant, parfois cachée ou méconnue de l'enfant lui-même et de son entourage. Il peut s'agir également d'une fatigue importante, avec un excès de travail scolaire, un retard de sommeil, voire de vrais troubles du sommeil, là aussi souvent dans un contexte de tension psychologique. D'authentiques dépressions et troubles psychologiques sévères sont parfois à l'origine de ces céphalées chroniques.

Prise en charge. En fonction de la gravité du tableau, le traitement peut déjà consister en des méthodes de relaxation ou auto-hypnose et/ou un travail psychothérapeutique.

- Les traitements habituels de la crise de migraine ne sont pas indiqués. Ils sont le plus souvent complètement inefficaces et les risques de surdosage existent.

- Parfois, en attendant l'efficacité des méthodes non pharmacologiques, un traitement de fond médicamenteux pourra être prescrit, le plus souvent l'imipramine.