Un nouveau virage - L'Infirmière Magazine n° 193 du 01/05/2004 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 193 du 01/05/2004

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualités

Marie-Ange Guerrero(1) ne mâche pas ses mots. « Le monde de la santé publique, on en parle tant et pourtant on fait si peu. » Pour inverser cette fâcheuse tendance, le CHU de Nice a décidé d'organiser un congrès les 25 et 26 mars.

Parce que la santé publique fait partie des priorités de cet établissement, mais aussi parce que « la santé coûte peut-être moins cher que la maladie [...]. Pour l'instant, nous dépensons des sommes astronomiques pour soigner les conséquences, attaquons-nous aux causes ! »

Nouvelle stratégie

Il s'agit de passer d'une stratégie basée sur l'offre de soins à une stratégie qui s'appuie sur la demande. Cette nouvelle conception résulte de l'évolution sociétale avec notamment l'idée d'une nouvelle gouvernance dans le soin. Elle serait assurée par les malades eux-mêmes, les patients devenant experts. Cette nouvelle gouvernance verrait émerger des associations défendant les droits des malades et enfin, le raisonnement en matière de maladies chroniques ferait un bon en avant.

1- Coordinatrice générale des soins du CHU de Nice.

FORMATION

Des patients professeurs

Présentée par le Pr Liana Euller-Ziegler, chef de service de rhumatologie du CHU de Nice et présidente de l'Association française de lutte antirhumatismale (Aflar), l'idée des « patients formateurs » est importée de l'université américaine du Texas : les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde enseignent dans les facultés de médecine le vécu de cette maladie au quotidien. Car selon le Pr Liana Euller-Ziegler, « dans les maladies chroniques, la personne malade est celle qui connaît le mieux sa maladie. Elle est experte, son rôle dans sa prise en charge est central. » Pour les étudiants, ce programme est une possibilité de découvrir en direct le vécu des patients au quotidien. En outre, ils ont l'occasion d'améliorer la qualité du futur dialogue soignant-soigné. Les futurs médecins disposent ainsi d'éléments clés sur le vécu, allant du ressenti de l'annonce de la maladie à son évolution et ses conséquences sur la vie quotidienne, la douleur et les traitements. Ce complément de l'enseignement de rhumatologie est possible, car les patients révisent leurs connaissances avant d'intervenir auprès de petits groupes de quatre à cinq étudiants. Une évaluation multidimensionnelle des formateurs pré et postsession montre qu'avant la session, 21 % des étudiants ne savaient pas répondre aux questions et qu'après, ce nombre passe à 4 %. Depuis 1998-99, date du lancement de ce programme, l'expérience s'est étendue dans plusieurs universités françaises. Seul point noir, « une heure, ce n'est pas suffisant », insiste le Pr Euller-Ziegler. Du côté des patients formateurs, le ressenti est positif car cet enseignement leur permet de se sentir utile.

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