Atmu®, de toute urgence - L'Infirmière Magazine n° 194 du 01/06/2004 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 194 du 01/06/2004

 

Horizons

Depuis une dizaine d'années, Sylvain Wlodarczyk, infirmier anesthésiste, anime des stages Atmu®. Ces sessions pratiques, ouvertes aux médecins et aux infirmières, sont des cours d'initiation aux techniques médicales d'urgence. Et qui rencontrent un franc succès.

Qu'on travaille en maison de retraite, en libéral, dans un service classique, ou au sein d'un Smur, la remise à niveau des gestes d'urgences devrait être la priorité de tous les professionnels de santé. « Prendre en charge un patient en détresse vitale avérée ou potentielle en attendant une intervention médicale, participer à la prise en charge médicale des détresses vitales, utiliser le défibrillateur semi-automatique en respect de la législation en vigueur ; de très nombreux professionnels de santé ont énormément de mal à appliquer en pratique les connaissances de gestes d'urgences qu'ils ont appris en théorie », estime Sylvain Wlodarczyk. De là lui vint l'idée de créer ces sessions de formation presque exclusivement basées sur la pratique. Les stages Atmu® (apprentissage des techniques médicales d'urgence) sont organisés par l'Institut européen de formation en santé (IEF Santé)(1), une entreprise relativement jeune, certes, mais déjà très expérimentée. Son créateur et président, Sylvain Wlodarczyk, infirmier anesthésiste, a travaillé au bloc opératoire polyvalent pendant dix ans avant de devenir cadre dans un service de réanimation/urgences.

Pédagogie constructive

Sylvain Wlodarczyk organise depuis dix ans des stages destinés aux infirmières de tous niveaux ainsi qu'à des médecins. Les programmes ont été établis en collaboration avec le professeur Raphaël Piti, spécialisé en médecine d'urgences, qui continue à participer activement aux formations. Au programme, une alternance rythmée d'ateliers, de cas concrets et des mises en situation, le tout dans une ambiance à la fois rigoureuse et bon enfant. Au moment de l'inscription, un questionnaire est fourni aux futurs stagiaires afin de définir des groupes de niveaux d'environ huit personnes : « Le but est que chacun y trouve son compte, observe Sylvain Wlodarczyk, insistant sur la volonté d'établir une relation pédagogique constructive et adaptée à chacun. Qu'une seule personne se sente découragée face à l'apprentissage serait pour nous un véritable échec. »

Emmanuelle, par exemple, a suivi une formation classique. La trentaine, elle n'a jamais travaillé dans aucun service d'urgence ou de réanimation, mais souhaite intégrer un poste dans un grand parc de loisirs européen. Pour cela, ses futurs employeurs exigent qu'elle suive un stage d'intervention en urgence. C'est donc dans ses propres deniers qu'elle puise pour rejoindre ses condisciples. Impressionnée les premiers instants, elle se lance finalement avec confiance dans les exercices pratiques qui lui sont proposés. Les trois jours passés, elle réussit son DSA et sa validation.

Validation officielle

Car il faut le préciser, malgré l'ambiance sympathique et la diversité des niveaux de connaissances en urgences des stagiaires, la formation se termine par la gestion de cas concrets évalués qui donnent lieu à une validation officielle et reconnue. Entouré d'une équipe constituée d'infirmières spécialistes des urgences, dont certaines ont été formées par IEF Santé, Sylvain Wlodarczyk a d'abord monté son stage Atmu® avec deux collègues : Didier Stuckens (infirmier enseignant en Belgique au Siamu, Soins intensifs et aide médicale urgente) et Jean-Pierre Marbaix (cadre de santé, infirmier anesthésiste qui a beaucoup travaillé avec les sapeurs-pompiers). « Lors du premier stage que nous avons organisé, il y avait six personnes. En 2003, nous avons formé environ 150 personnes et les chiffres seront supérieurs en 2004 », indique-t-il avec fierté.

Mannequins râleurs

Après le repas, la plupart des participants s'entraînent lors d'ateliers optionnels sous l'oeil attentif des formateurs. Néanmoins, si le rythme y est pour le moins trépident, on n'est pas là non plus pour en baver outre mesure. À la pause café, les cerveaux malmenés font le plein d'énergie, aidés par de délicieuses pâtisseries...

Côté matériel, on peut affirmer sans erreur que la modernité est au rendez-vous. Défibrillateurs semi-automatiques de dernière génération, mannequins électroniques hyper-sophistiqués (qui vont jusqu'à râler...), bras et torses munis de véritables succédanés de vaisseaux sanguins, têtes aux faces multi-fracturées (pas très agréables à regarder), etc. Autant d'éléments d'expérimentation qui permettent aux stagiaires de devenir immédiatement opérationnels sur le terrain. Chaque jour, à la fin de la journée, les membres des groupes rencontrent leur enseignant référent afin d'apporter leurs remarques. Par la suite, c'est au tour des formateurs de se retrouver entre eux, avec le directeur d'IEF Santé, pour un débriefing destiné à adapter au mieux la formation à chacun des stagiaires. « Il n'est pas pensable qu'un stagiaire se sente perdu ; le but est avant tout de les valoriser et de les encourager de manière à ce qu'ils intègrent le maximum de gestes en toute confiance », fait observer Sylvain Wlodarczyk.

Mission au Cameroun

Outre les stages à Amnéville-les-Thermes ou dans des locaux parisiens, IEF Santé organise des formations « sur site », à la demande d'établissements de santé. D'ailleurs, un projet est en train de prendre corps au Cameroun, où il est prévu que l'équipe forme des futurs formateurs locaux. En France, l'organisme a déjà assuré des stages pour de très nombreuses entreprises et établissements de santé un peu partout ; entre autres, pour l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, les principales agences d'intérim, de très nombreux centres hospitaliers, etc.

L'organisme s'est également chargé de la formation d'infirmières et d'auxiliaires sanitaires militaires. Pour l'anecdote, l'Atmu® a été adapté pour les navigateurs des grandes courses comme le Vendée Globe, la Route du rhum ou The Race. Cette formation est même sur le point de devenir obligatoire pour ces aventuriers des temps modernes, fort démunis lorsqu'ils se trouvent confrontés à une situation médicale critique en pleine mer.

1- IEF Santé, 2, rue Augustin-Fresnel, 57082 Metz cedex 3. Tél. : 03 87 18 18 18. Site Internet : http://www.iefsante.com.

QUIZ

Êtes-vous au point ?

1- Quelles sont les trois fonctions vitales à évaluer en situation d'urgence ?

2- Eléments diagnostiques permettant d'affirmer l'arrêt cardiorespiratoire ?

3- Réanimation cardiorespiratoire des adultes : quel est le rythme des alternances massage cardiaque et ventilation ?

4- Quel est le pourcentage d'oxygène dans l'air ambiant ?

5- Quel est le pourcentage d'oxygène dans une bouteille d'oxygène ?

6- Quels sont les diamètres de sondes d'intubation orotrachéale couramment utilisées chez l'adulte ?

7- Quel est l'antidote de la morphine ?

8- Quels sont les numéros d'urgence en France ?

9- Quelles sont les méthodes d'administration d'oxygène les plus adaptées à une détresse respiratoire ?

10- L'utilisation du défibrillateur semi-automatique fait-elle partie du rôle propre de l'infirmière dans le décret de compétence de février 2002 ?

Questionnaire élaboré par Sylvain Wlodarczyk, directeur de l'Institut européen de formation en santé.

Réponses

1- Neurologique, respiratoire, circulatoire.

2- Absence de conscience, absence de respiration, absence de pouls carotidien.

3- Quinze massages pour deux insufflations (à un ou deux sauveteurs).

4- 21 %.

5- 100 %, évidemment !

6- De sept à huit.

7- Le Narcan® (naloxone).

8- Le 15 (Samu), le 18 (pompiers), le 112 (à partir d'un téléphone mobile, de tout pays d'Europe).

9- Le masque haute concentration et le ballon auto-remplisseur à valve unidirectionnelle (type Ambu®).

10- Oui.

Si vous avez trois mauvaises réponses à ce test, il est peut-être temps de remettre à jour vos connaissances pratiques de traitement des cas d'urgence !