L'herpès - L'Infirmière Magazine n° 194 du 01/06/2004 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 194 du 01/06/2004

 

Virologie

Conduites a tenir

L'herpès est une infection virale causée par deux types de virus appartenant à la même famille : les virus Herpes Simplex (HSV) 1 et 2. Le HSV a la particularité de persister toute la vie à l'état latent dans les ganglions nerveux sensitifs innervant le siège de la lésion initiale. Dans certaines conditions, ce virus se réactive, déclenchant des récurrences.

ÉPIDÉMIOLOGIE

Le virus HSV-1 infecte plus volontiers la sphère buccale, et l'on estime qu'environ 80 % des adultes en France ont été infectés, puisqu'ils sont porteurs d'anticorps spécifiques.

Les anticorps spécifiques de l'autre virus herpétique, le HSV-2, qui s'attaque plus volontiers aux organes génitaux, ne sont retrouvés que chez 10 à 20 % des adultes en France.

TRANSMISSION

La transmission du virus HSV-1 s'effectue par contact direct avec la salive contaminée ou le liquide d'une vésicule herpétique, et la primo-infection survient très généralement au cours de l'enfance. La transmission du HSV-2 a lieu essentiellement par voie sexuelle.

SYMPTOMATOLOGIE

Le virus ayant pénétré dans l'organisme au travers des muqueuses buccales, oculaires ou génitales, plus rarement par voie sanguine, s'y développe et entraîne généralement l'apparition de vésicules, ulcératives et inflammatoires, souvent très douloureuses. Certaines primo-infections peuvent être asymptomatiques. Les tableaux les plus communs de cette infection primaire varient selon le siège et le type du virus responsable :

- gingivostomatite ou pharyngite ;

- infection oculaire ;

- lésions vésiculaires des organes génitaux.

La guérison d'une primo-infection herpétique, chez un individu immunocompétent, intervient spontanément en quelques jours à quelques semaines. Apparaissent alors progressivement chez le patient des anticorps spécifiques. Les récurrences évoluent souvent plus rapidement que les primo-infections. Des signes précurseurs peuvent en annoncer la survenue : douleur, brûlure, picotements. Ces crises récurrentes s'expriment le plus souvent par un bouquet de vésicules ulcératives, revenant chaque fois dans la zone primitivement atteinte. Les vésicules évoluent en croûte puis cicatrisent spontanément. Le siège de la lésion est classiquement la lèvre inférieure et l'aile du nez pour le HSV-1, et, pour le HSV-2, le gland et le corps du pénis chez l'homme, la vulve, le périnée, le col de l'utérus et le vagin chez la femme. Mais d'autres localisations sont possibles : les fesses, la cuisse, le doigt, la marge anale par exemple.

FORMES SÉVÈRES

> Les atteintes oculaires récidivant trop fréquemment peuvent entraîner une cécité.

> L'encéphalite herpétique est gravissime, mortelle dans 80 % des cas, ou laissant chez les survivants des séquelles neuropsychiques majeures.

> La maladie herpétique néonatale est transmise au nouveau-né lors de son passage dans la filière génitale si sa mère sécrète le virus lors de l'accouchement, plus rarement à travers la barrière placentaire ou lors de la période néonatale. Elle est rare (environ 20 cas par an en France) mais de très mauvais pronostic (décès ou séquelles neurosensorielles graves).

> D'autres localisations, foie, poumons, peuvent survenir, généralement dans un contexte d'immunodépression.

> Certaines crises herpétiques, enfin, peuvent être extensives et entraîner des nécroses tissulaires.

DIAGNOSTIC

Cliniquement, on observe une éruption vésiculaire, parfois associée à de la fièvre, notamment dans les primo-infections. La mise en évidence du virus se fait par un prélèvement du liquide vésiculaire par grattage, milieu et culture spécifique, recherche d'antigènes. Une sérologie spécifique prouve seulement que l'individu a déjà eu une primo-infection.

TRAITEMENT

L'aciclovir (Zovirax®) inhibe l'ADN viral. Il est utilisé par voie locale, per os ou par voie parentérale. Très efficace lors des primo-infections, son intérêt est plus limité en ce qui concerne les crises récurrentes. Il est parfois prescrit à titre préventif, pour éviter un nombre trop important de réactivation virale. L'utilisation d'un préservatif est vivement recommandée lors d'une poussée d'herpès génital. D'autres mesures d'hygiène et de prévention sont à conseiller : éviter le contact direct avec la zone infectée ou des sécrétions contaminées, et lavage fréquent des mains pour éviter la contamination d'individus sains, ou encore l'autocontamination sur un autre endroit du corps. Aucun traitement n'existe aujourd'hui pour se débarrasser du virus et de ses possibles récurrences mais de nouvelles molécules dans l'avenir pourraient y parvenir. Des travaux non encore aboutis cherchent également à mettre au point un vaccin efficace contre le HSV.

Facteurs favorisant les récurrences

La réactivation du virus est favorisée par l'influence de nombreux facteurs :

> Fièvre

> Exposition au soleil

> Stress

> Règles

> Prise d'alcool

> Décalage horaire

> Rapports sexuels

> Altération cutanée importante (brûlure, eczéma)

> Traumatisme d'un nerf

> Baisse de l'immunité (malnutrition, sida,transplantation)

> Infections à pneumocoques,méningocoques, spirochètes.

> Traumatisme local (irritation sexuelle,extraction dentaire )