Les mucites - L'Infirmière Magazine n° 194 du 01/06/2004 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 194 du 01/06/2004

 

Mode opératoire

DÉFINITION

La mucite est l'inflammation des muqueuses recouvrant l'intérieur des cavités et des viscères. Lors d'un traitement par chimiothérapie (méthotréxate, bléomycine, doxorubicine), mais aussi par radiothérapie au niveau des territoires irradiés, il risque d'apparaître une inflammation, le plus souvent au niveau de la bouche (stomatite), mais aussi de la vulve et du vagin (vulvo-vaginite), de la conjonctive de l'oeil, ou de la muqueuse intestinale, provoquant des diarrhées.

SURINFECTION

En l'absence de prévention, cette inflammation, parfois associée à une immunodépression (notamment en cas d'hémopathie maligne) favorise la réactivation des foyers infectieux latents : parodontite, stomatites infectieuses, candidoses, herpès, zonas, infections bactériennes opportunistes, infections du tractus digestif, infections des voies aériennes supérieures, avec une possible évolution vers la septicémie.

AUTRES COMPLICATIONS

- Perturbations de l'alimentation +++, altération du goût, dysphagie, dysphonie, dégradation de la qualité de vie.

- Risque de dénutrition +++, altération de l'état général pouvant induire un arrêt transitoire du traitement dans les cas extrêmes.

- Perturbations de la salivation, sécheresse buccale, difficultés à s'exprimer, déchaussement des dents, développement des caries, perte de dents, risque d'ostéonécrose.

ÉVALUATION

La surveillance et la prévention des effets secondaires des traitements par chimiothérapie et radiothérapie passent par l'évaluation attentive des muqueuses. Une classification internationale est proposée dans le tableau ci-dessous.

PRÉVENTION

Avant de commencer une chimiothérapie ou une radiothérapie de la sphère ORL, il est capital de faire effectuer au patient un bilan buccodentaire complet :

- contrôle de l'état des dents, les faire soigner ;

- évaluation des prothèses dentaires ;

- détartrer les dents et soigner une éventuelle gingivite ;

- faire des radiographies si nécessaire ;

- expliquer +++ au patient les précautions à prendre.

CONSEILS AUX PATIENTS

- Vérifier quotidiennement l'état de sa bouche et signaler aux soignants l'apparition de toute anomalie.

- Auto-évaluation de la sécheresse buccale avec utilisation si besoin de salive artificielle.

- Maintenir la bouche humide.

- Se brosser les dents, la langue et les gencives avec une brosse extra-souple.

- Éviter les aliments acides, épicés ou très salés, proscrire les aliments qui peuvent blesser (chips, tacos).

- Manger des aliments frais.

- Faire régulièrement et plusieurs fois par jour des bains de bouche antiseptique (type chlorhexidine), antifongique (type nystatine, amphotéricine B), solutions bicarbonatées, parfois associés à des anesthésiques locaux.

- Nettoyer soigneusement et désinfecter les appareils et prothèses dentaires. Éviter de porter les prothèses si elles sont irritantes ou blessantes.

- Boire au minimum deux litres d'eau par jour.

- Renoncer à l'alcool, au tabac, aux sucreries.

- Dès les premiers symptômes, être très attentif à son alimentation : fractionner les repas, ingurgiter de petites quantités à la fois, les mâcher soigneusement, boire en mangeant.

TRAITEMENT

Traitement de la douleur. Dès les premiers signes de mucite, il peut être prescrit un morphinique, dont la posologie sera adaptée à l'intensité des manifestations douloureuses et l'état des muqueuses.

Salivation. Afin de pallier la sécheresse buccale, il est préconisé d'utiliser un spray d'eau ou de la salive artificielle. Si la salive est trop épaisse, un fluidifiant type acétylcystéine peut être utilisé pour la fluidifier.

Surinfections. Traitement spécifique des surinfections : antibiothérapie per os ou parentérale, antifongique, antiviraux, anti-inflammatoires.

Support alimentaire. Selon le stade de la mucite, apport de substituts alimentaires liquides ou alimentation entérale ou parentérale.

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