Retour vers le futur - L'Infirmière Magazine n° 199 du 01/11/2004 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 199 du 01/11/2004

 

FORMATION

Actualités

De nombreuses infirmières ont cessé d'exercer depuis des années. Par manque de confiance, beaucoup n'osent pas reprendre leur activité. Pour leur remettre le pied à l'étrier, un organisme d'intérim a mis en place la formation « Passerelle ».

- « J'ai eu mon DE en 1975. J'ai exercé pendant huit ans en libéral ainsi qu'en milieu hospitalier. Puis j'ai arrêté pendant vingt ans ! C'est la canicule de l'été 2003 qui a été l'un des déclencheurs. Je me suis dit qu'il fallait que j'apporte quelque chose. Je me suis remise à travailler par l'intermédiaire d'une société d'intérim mais je n'étais pas à l'aise. J'ai cherché longtemps une formation avant d'entendre parler de la "Passerelle" proposée par l'Appel médical. J'ai débuté une formation en février. En sortant, j'ai trouvé tout de suite du travail. Aujourd'hui, j'exerce comme infirmière libérale dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Je suis absolument ravie. »

Des années d'interruption.

Comme 134 autres infirmières diplômées mais n'ayant pas exercé pendant de longues années, Laurence Tréglodé a suivi la formation Passerelle imaginée et réalisée par l'Appel médical, organisme de travail en intérim. Aujourd'hui, 95 % d'entre elles ont obtenu le certificat de compétence. Stéphane Volleau est responsable de ce projet. « On m'a confié cette mission : le retour des infirmières diplômées dans la vie professionnelle. Tous ceux et celles que nous avons rencontrés étaient dans un moment de fracture. La plupart avaient élevé un enfant. »

Nombre d'entre elles étaient conscientes de la nécessité d'une remise à niveau après des années d'interruption. La moyenne d'âge des participantes était de 46 ans et la moyenne de l'arrêt de leur activité de 15 ans. Ces « stagiaires » pas comme les autres ont suivi quatre semaines de formation dans environ 80 établissements de santé partenaires, dans 58 villes de France. Beaucoup n'étaient pas aptes à travailler dans la technicité. Après ces quatre semaines, elles ont repris confiance en elles.

Confiance retrouvée.

À Plougastel-Daoulas, dans le Finistère, Catherine Lepleux ne pensait jamais redevenir infirmière. « Après quatre ans d'exercice, j'ai arrêté pendant seize ans. Durant ces années, j'ai pris un congé parental avant de trouver un emploi dans une halte garderie pendant huit ans. À 40 ans, je me suis trouvée à un tournant. Le poste à la halte garderie ne m'offrait pas d'évolution. J'ai profité de mes congés payés pour retravailler comme infirmière, mais je me suis vite rendu compte de mes lacunes. Dans la prise en charge du patient, j'étais un peu larguée. Quelqu'un m'a parlé de "Passerelle". J'ai suivi la formation et, peu à peu, j'ai repris confiance en moi. Mais attention, les lacunes de seize années ne s'en vont pas comme ça. Il faut ensuite réapprendre sur le tas. Aujourd'hui, je retravaille dans une maison de retraite. J'ai pris cela comme une bouffée d'oxygène, comme des retrouvailles. En plus, c'est un emploi avec des horaires flexibles qui me permet d'avoir du temps pour moi. »

Retour progressif.

Le premier objectif de cette initiative était donc le retour à l'emploi. Le fait que l'Appel médical coordonne cette formation n'obligera pas les personnes formées à intégrer les bataillons des intérimaires. « Nous avons dû suivre l'exigence du ministère, explique Stéphane Volleau, en aucun cas, il n'y avait d'obligation de faire du travail temporaire après cette formation. »

Près de 75 % des infirmières participant à cette formation ont repris le travail. « Au début, elles papillonnent avant de retrouver un CDI », note Ségolène Giscard, directrice d'Europe efficacité, organisme de formation en charge de ce projet. Beaucoup préfèrent donc reprendre doucement une activité afin de découvrir tous les aspects de la profession et recouvrer une solide confiance en soi.

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