L'Infirmière Magazine n° 199 du 01/11/2004

 

AES

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Les infirmières sont les professionnelles les plus exposées aux AES. Les accidents, sous-déclarés, surviennent généralement par piqûre. Chaque année, des soignants sont contaminés par le VHC dans leur environnement de travail.

- Le 17 septembre 2004, le Groupe d'étude sur le risque d'exposition des soignants aux agents infectieux (Geres) organisait sa quinzième Journée annuelle d'études. Une grande partie de la manifestation était consacrée aux accidents d'exposition au sang (AES). En France, le réseau national de surveillance des AES a été créé en 2003. D'après ses données, extrapolées à l'ensemble des établissements de soins français, on observe environ 6,9 AES pour 100 lits d'hospitalisation, soit environ 34 142 accidents déclarés par an.

« Fatalité » !

Les infirmières sont les plus concernées par les accidents d'exposition au sang. Pierre Parneix, coordonnateur AES-Raisin au CHU de Bordeaux, a présenté l'analyse des 6 316 accidents recensés en 2002 : 71 % concernaient des infirmières et 10 % des étudiants en soins infirmiers.

Dans 74,7 % des cas, il s'agit d'une piqûre (superficielle pour un peu plus de la moitié). Celle-ci se produit généralement au cours d'une injection (18,3 % des AES), le plus souvent sous-cutanée (14,7 % des AES). Elle intervient également hors de tout contact avec le patient dans 17,2 % des accidents, au cours de prélèvements, dans 16,1 % des cas, de perfusions (10,2 %), de soins de nursing ou d'hygiène (9,9 %), voire d'actes de petite chirurgie (8 %).

Les projections, qui représentent 13 % des AES ne sont déclarées qu'une fois sur deux lorsque le patient source est séropositif. Michel Druet Cabanac, du service d'information médicale et d'évaluation de Limoges s'est lui aussi intéressé à l'absence de déclaration des AES. Il a réalisé une enquête par questionnaire auprès du personnel du CHU de Limoges en 2003. Sur les 419 réponses analysées, 48,6 % des AES n'avaient pas été déclarés en accidents du travail. Afin de se protéger, les victimes appliquent les mesures recommandées, mais les paramédicaux semblent moins rigoureux : 78 % désinfectent soigneusement la zone touchée (contre 90 % des médecins). Seuls 48 % vérifient la sérologie du patient source (contre 71 % des médicaux) et 26 % testent en privé leur sérologie (contre 50 % des médecins).

Absence de gants !

Les contaminations professionnelles au VIH concernent elles aussi, la plupart du temps, des infirmières : douze cas documentés (c'est-à-dire lorsque la sérologie était négative huit jours avant et positive entre quatre semaines et six mois après l'AES déclaré) sur treize. D'après les chiffres de l'Institut national de veille sanitaire, toutes se sont produites par piqûre (douze après un geste intraveineux ou intra-artériel). Neuf concernaient un patient source au stade sida. La prophylaxie, prescrite dans six cas, a échoué pour quatre soignants.

Les accidents sont évitables dans près de la moitié des cas. En effet, selon le Raisin, plus de 40 % se sont produits en l'absence de gants ou avec un collecteur trop éloigné. En outre, selon Florence Lot, de l'Institut national de veille sanitaire, sept des treize séroconversions professionnelles au VIH documentées au 31 décembre 2003 étaient évitables par l'application de précautions d'hygiène.

Si l'on observe une diminution des séroconversions professionnelles au VIH (la dernière documentée, ayant eu lieu en 1997 et la dernière supposée en 2001), c'est probablement grâce à la diminution du nombre d'AES, à l'influence sur la charge virale des récentes stratégies thérapeutiques et aux prophylaxies antirétrovirales... Mais pour ce qui concerne le VHC (32 séroconversions documentées au 31 décembre 2003) Florence Lot avertit : « Si 1996 était le pic des contaminations professionnelles (12), chaque année, de nouvelles séroconversions apparaissent. »

Pierre Parneix estime à moins de 1 % des AES le nombre de séroconversions annuelles professionnelles au VIH mais à près de 18 % celui des séroconversions au VHC.

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