Ex-patients contre l'exclusion - L'Infirmière Magazine n° 203 du 01/03/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 203 du 01/03/2005

 

Fédération

Du côté des associations

Fédération regroupant pas moins de 35 associations, la Fnap-Psy (Fédération nationale des associations d'(ex)-patients en psychiatrie) a pour tâche de défendre les malades psychiques, et de lutter contre la stigmatisation dont ils sont victimes. Revue d'ensemble.

Que de chemin parcouru par la Fnap-Psy (Fédération nationale des associations d'(ex)-patients en psychiatrie) depuis 1992, date de sa fondation ! À l'origine, cette fédération ne comptait que trois associations de patients. Maintenant, la Fnap-Psy regroupe 35 associations et rassemble plus de 4 500 personnes à travers toute la France. Qui plus est, elle est même représentée au sein du conseil d'administration de cinq établissements parisiens. Mais tout n'a pas toujours été rose... Au début, très peu d'associations représentaient les malades psychiques. Il n'existait que l'Unafam (Union nationale des amis et familles de malades psychiques) destinée aux proches. La stigmatisation des patients de psychiatrie était grande. « La maladie mentale est difficile à gérer mais dans le principe, il est plus facile d'appartenir à un mouvement que de gérer sa propre vie, estime la présidente Claude Finkelstein. Il est plus aisé d'aider les autres que de s'aider soi-même. » La raison d'être de la fédération est avant tout d'écouter la parole des usagers. « Nous mettons l'accent sur l'entraide, explique la présidente. C'est un lieu où on n'a pas le droit de mentir. Où l'on peut vraiment être soi-même. Mais attention, ce n'est surtout pas une communauté de souffrance ou un ghetto. »

Former le personnel

Le combat premier de la Fnap-Psy reste la déstigmatisation. « Vous savez, les généralistes ont le même regard sur les patients de psychiatrie que le grand public, lance Claude Finkelstein. Une personne qui souffre d'un problème de santé mentale est déroutante dans son explication du mal. Les professionnels de santé n'ont pas toujours une bonne approche du patient. » Une campagne de sensibilisation auprès du grand public est lancée le 15 mars. En partenariat avec l'association des maires de France, l'OMS, l'Unafam et la Fnap-Psy, elle sera diffusée dans les médias sur le thème « Acceptez les différences, ça vaut aussi pour les troubles psychiques ».

Autre cheval de bataille de la fédération, la formation du personnel. « Nous avons commencé avec la procédure d'accréditation des établissements mise place par l'Anaes, souligne Claude Finkelstein. Cela fonctionne très bien. Nous faisons aussi de la formation du personnel sur le terrain. On leur fait comprendre que tel geste peut être nuisible au patient. Nous voulons aussi que les soignants qui exercent en institution soient heureux dans leur travail. »

Et la Fnap-Psy n'est pas seule à vouloir le bonheur des soignants. Douste-Blazy le veut aussi. Comme il l'a prouvé récemment, en proposant un plan de sortie de crise de la santé mentale (cf. L'Infirmière magazine n° 203, pp. 8-9). À ce propos, qu'en pense la Fnap-Psy ? « Concernant le moratoire sur la fermeture des lits en hôpital psychiatrique, nous sommes d'accord, à condition que ce ne soit pas pour laisser ouvrir des grands hôpitaux psychiatriques à l'extérieur des villes, indique la présidente. Ces immenses structures accentuent la stigmatisation. Je suis opposée aux chambres d'isolement. Ce n'est pas une réponse à la souffrance. Nous sommes pour l'ouverture de petites structures de soixante lits et pour des hospitalisations courtes. Il ne faut jamais perdre de vue que l'hôpital n'est pas un lieu de vie. »

Retard français

La Fnap-Psy demande donc la mise en place d'une politique de prévention. Les personnes en détresse doivent trouver une vraie réponse à leurs problèmes et des structures médicosociales doivent les accompagner. Elle insiste sur l'importance d'une prise en charge transversale, et l'instauration de réseaux de soins. L'HAD, selon elle, ne peut fonctionner que si elle est mise en corrélation avec le sanitaire et le social. « Nous sommes encore la lanterne rouge de l'Europe, s'exclame Claude Finkelstein. Comparés à des pays comme le Danemark ou la Hollande, nous avons un retard considérable dans ce domaine. Dans ces pays, ils utilisent la musicologie pour soulager les patients. Nous devons trouver des réponses plus humaines à leur prise en charge. Nous restons dans une politique d'isolement. Je vois beaucoup de parallèles entre les personnes handicapées et les patients en psychiatrie. Dans les deux cas, on ne peut agir à leur place ou sans leur accord. C'est dans un esprit de consensus que l'on règlera les choses, conclut la présidente de la Fnap-Psy. Il est temps d'en finir avec le déni de la maladie mentale. »

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