Une «asso» branchée sur le secteur

Permettre des soins au plus près des lieux de vie des patients. C'est l'objectif de la politique de secteur officialisée et généralisée à toute la France en 1960. L'Association de santé mentale du XIIIe arrondissement a été la première à concevoir et mettre en oeuvre cette politique dès sa création en 1958. Ses trois fondateurs, les psychiatres Philippe Paumelle, Serge Lebovici et René Diatkine, étaient avant-gardistes sur le plan scientifique et humain, pour les soins, l'accueil et le traitement des personnes souffrant de troubles psychiatriques.

« Proximité, continuité et gratuité sont les trois objectifs de l'ASM 13, explique Alain Braconnier, psychiatre et directeur médical du centre Philippe-Paumelle, qui dépend de l'association. Nous prenons en charge les patients près de leur domicile, donc le dispositif de soins de l'ASM 13 répond, d'abord et avant tout, aux habitants du XIIIe arrondissement de Paris. »

Autre objectif, la continuité des soins. « Nous sommes disponibles pour différentes phases de traitements, précise Alain Braconnier. À la fois la phase d'hospitalisation, de consultation et de réhabilitation. » Enfin, tous les soins de l'ASM 13 sont gratuits, donc accessibles à tous.

Structures alternatives

« À sa création en 1958, l'ASM 13 avait un quatrième objectif contenu dans les trois autres : déshospitaliser, poursuit Alain Braconnier. Jusque-là, le traitement de choix en psychiatrie était l'hospitalisation. Il fallait donc créer des structures alternatives, comme les foyers ou soins ambulatoires. »

Partie d'un tout petit dispensaire, l'ASM 13 rassemble aujourd'hui plus de 750 personnes. Il existe un centre de consultations avec soins ambulatoires pour les adultes, un autre pour les adolescents et un troisième pour les enfants.

L'association possède également deux policliniques, deux hôpitaux de jour, deux foyers, des appartements thérapeutiques, deux services de consultations de liaison, une consultation parents/bébé, un service de psychothérapie et de psychanalyse, et un centre d'accueil thérapeutique à temps partiel.

Les soins multidisciplinaires sont coordonnés par des médecins consultants, disponibles pour collaborer avec les familles des patients, leur médecin et les différents partenaires sociaux. « Dans les problèmes psychiatriques, il peut y avoir des phases différentes, des trajectoires qui nécessitent des modalités de réponses différentes, et en même temps une continuité par une même équipe », explique Alain Braconnier.

L'ASM 13 est une association reconnue d'utilité publique, et ses établissements sont privés à but non lucratif. « La mission de l'ASM 13 est de répondre aux besoins en santé mentale du XIIIe arrondissement, tout comme un hôpital public dans les autres arrondissements de Paris ou dans les autres départements », indique Alain Braconnier. Financée par l'État, l'association recrute son personnel par cooptation, ce qui lui permet de bénéficier d'une unité de points de vue sur les modalités de prise en charge.

Depuis 1997, l'ASM 13 s'est dotée d'une association pour la formation médicale continue, nommée Psy 13.

Elle propose un programme de formation qui porte sur la psychopathologie de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte, telle que les équipes psychiatriques la rencontrent dans leur pratique quotidienne.

Plus de patients, moins de moyens

L'ASM 13 propose également à tous les médecins et soignants un programme de séminaires de tous niveaux, ainsi que plusieurs colloques annuels consacrés à la psychiatrie de l'enfant, de l'adolescent (voir page suivante) et de l'adulte.

« Deux séminaires validants de formation des internes (DES et DIS) sont régulièrement confiés à l'ASM 13 par l'université Paris VI, de même qu'un diplôme d'université, ajoute Alain Braconnier. Nous avons une bibliothèque médicale, un étage permettant d'accueillir des étudiants en psychologie, en psychiatrie ou en soins infirmiers. »

Mais comme toutes les associations, l'ASM 13 rencontre des difficultés. « Le nombre de patients a augmenté depuis 45 ans car la population est beaucoup plus importante, confie Alain Braconnier. À l'inverse, les moyens sont plus limités. »