La statique pelvienne - L'Infirmière Magazine n° 204 du 01/04/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 204 du 01/04/2005

 

gynécologie

Conduites à tenir

La statique pelvienne est l'ensemble des éléments qui composent le plancher pelvien et permettent le maintien du poids des viscères intra-abdominaux. Les femmes sont particulièrement prédisposées aux troubles de la statique pelvienne, qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur leur santé. D'où l'importance de la prévention.

FACTEURS ÉTIOLOGIQUES

La bonne qualité du tissu conjonctif, des différents muscles et ligaments est essentielle pour soutenir les différents organes en place. Les troubles de la statique pelvienne sont multifactoriels, certaines prédispositions étant constitutionnelles, d'autres relevant de facteurs acquis. L'origine congénitale s'explique par deux types d'anomalies.

Anomalie constitutionnelle de la statique lombo-sacrée. Toute modification de l'axe corporel, comme l'hyperlordose lombaire ou l'inclinaison du sacrum, modifie la répartition du poids et des forces exercées sur le plancher pelvien, ce qui entraîne à la longue son altération.

Anomalie constitutionnelle du tissu conjonctif. Un tissu conjonctif insuffisant ou de mauvaise qualité provoque un relâchement du maintien des viscères et une diminution de la résistance des aponévroses, parfois associés à certaines pathologies de la paroi abdominale telles que des hernies. Parmi les facteurs acquis, on distingue principalement deux types de mécanismes.

Facteur traumatique. La grossesse, par l'augmentation du poids intra-abdominal et par les modifications des tissus conjonctifs, et surtout l'accouchement entraînent très souvent des altérations du plancher pelvien. Parmi les facteurs obstétricaux les plus préjudiciables, on retrouve : un gros bébé, un travail prolongé, un accouchement difficile, des manoeuvres instrumentales, l'expression abdominale, les déchirures périnéales importantes. D'autres traumatismes peuvent apparaître à la suite de gestes chirurgicaux intra-abdominaux. Enfin, certains sports pratiqués à outrance ainsi que des sollicitations intempestives et répétées (constipation chronique, toux chronique) provoquent des lésions traumatiques.

Lésions secondaires du tissu conjonctif. Elles sont liées au vieillissement, à une carence oestrogénique, notamment après la ménopause, à des carences nutritionnelles, à un surpoids.

CONSÉQUENCES

Quand le plancher pelvien se délabre, les manifestations apparaissent souvent progressivement. Le vieillissement et la ménopause révèlent fréquemment ces troubles, qui s'amplifient alors et provoquent une véritable gène fonctionnelle amenant la patiente à consulter.

Prolapsus. Lorsque le poids des viscères intra-abdominaux n'est plus soutenu s'installe une « descente » des organes : la ptose. La vessie, l'utérus ou la paroi rectale font alors saillie vers la paroi vaginale, induisant une sensation désagréable de pesanteur pelvienne. Cette gêne est majorée par la toux, l'effort ou la position prolongée debout. Dans les cas extrêmes, le prolapsus peut s'extérioriser à la vulve.

Incontinence urinaire. Selon le type de lésion, les manifestations symptomatiques sont multiples : perte incontrôlable d'urine due à l'effort, à la toux ou au repos, pollakiurie. La gène fonctionnelle engendrée peut être très invalidante, altérant la qualité de vie des patientes et les obligeant à porter des garnitures et à limiter leurs déplacements.

Troubles de la défécation. Les symptômes peuvent être l'incontinence anale, la perte incontrôlée de gaz ou de selles, mais aussi des troubles plus généraux de la défécation, avec des difficultés à aller à la selle.

Troubles sexuels. Outre les problèmes liés à une béance vulvaire, à l'altération des muscles et des tissus et à l'affaissement de la paroi vaginale, peuvent apparaître une perte de sensibilité, des douleurs et des saignements détériorant véritablement la qualité de vie et l'épanouissement sexuel des patientes.

TRAITEMENTS

La conduite à tenir dépend essentiellement de la gêne fonctionnelle engendrée et de la demande de la patiente. Selon ces critères et le type et l'importance de la pathologie, les traitements proposés, parfois conjointement, sont : l'abstention thérapeutique ; la rééducation périnéale ; les moyens alternatifs (sonde, pessaire) ; le traitement médical ; le traitement chirurgical par voie abdominale ou par voie vaginale. L'évolution à long terme est difficilement prévisible : il peut y avoir une stabilisation des troubles ou une aggravation. Une amélioration, parfois partielle, est fréquente après l'accouchement, mais la nécessité de la rééducation périnéale est largement démontrée.

PRÉVENTION

L'importance de la symptomatologie n'est pas toujours corrélée avec l'importance clinique d'un prolapsus. Il est en tout cas indispensable d'amener les patientes à consulter. Ces dernières décennies, la levée progressive du tabou permet de plus en plus aux femmes d'en parler, ce qui est capital, d'autant plus que l'allongement de l'espérance de vie entraîne un nombre croissant de ces pathologies. La rééducation périnéale après un accouchement est certes nécessaire, mais au-delà de cette courte période, comme tout muscle, le périnée a besoin, tout au long de la vie, d'être sollicité et musclé. Encore faut-il l'avoir compris et savoir comment le contracter...

La prévention de ces troubles, une activité sexuelle épanouie et une bonne qualité de vie passent par cette prise de conscience essentielle de la population féminine.

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