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L'Infirmière Magazine n° 205 du 01/05/2005

 

Santé publique

Du côté des associations

Depuis septembre dernier, dix villes participent au programme Ensemble, prévenons l'obésité des enfants (Epode). Objectif affiché : créer une dynamique autour de ce problème de santé publique pour impliquer la population. Illustration à Vitré en Ille-et-Vilaine.

Vendredi, c'est poisson, riz... et épinards dans les cantines de Vitré. Même les petits des maternelles y ont droit. Le personnel leur en propose, les incite à goûter cette chose « bizarre », verdâtre, à laquelle on n'est pas habitués ! Le lundi de la même semaine, des lentilles (avec des lardons) accompagnaient du rôti de porc. En dessert, une pomme (trois variétés au choix). La chose semble être entendue pour les 800 élèves qui déjeunent chaque jour dans les cantines des écoles publiques. Pas de friands, ni de frites à tous les repas. « C'est surtout une question de persévérance, explique Michel Lebrun, responsable du service Éducation de la ville. Quand on décide de servir des épinards, on va les travailler avec des carottes ou du riz par exemple, que les enfants aiment bien en général. Il faut surtout cuisiner, en somme faire notre travail. »

Les repas servis à la cantine se doivent d'être le reflet du discours qui est diffusé à la population locale depuis la dernière rentrée scolaire, dans le cadre du programme Epode. « L'éducation alimentaire et l'incitation à l'activité physique sont des moyens efficaces de lutter contre l'obésité, mais aussi de prévenir certaines maladies comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires », explique Myriam Boisramé, chargée du projet à la mairie de Vitré.

Prévention

L'expérience menée depuis 1992 à Fleurbaix et Laventie, deux villes du nord de la France, par l'Observatoire des habitudes alimentaires et du poids, est sur ce point parlante. L'acquisition de connaissances nutritionnelles par les enfants s'accompagne d'une modification des comportements, des habitudes alimentaires et des profils de consommations alimentaires au niveau de toute la famille.

Actions concrètes

Epode reprend ainsi les grandes idées de l'expérience nordiste, et l'outil doit permettre d'atteindre l'objectif arrêté dans le « programme national nutrition santé » (PNNS) : au moins stabiliser la prévalence de l'obésité infantile par des actions concrètes organisées sur cinq ans. « Pour toucher réellement la population, il faut relayer localement les informations que l'on entend régulièrement au plan national, estime Myriam Boisramé. C'est très dur de changer les habitudes alimentaires. Avec Epode(1) et la dynamique créée dans la ville, les habitants entendent plusieurs fois les mêmes messages. Ils sont ainsi sensibilisés. Ensuite, les actions d'information comme les conférences, les documents distribués aux parents, le travail pédagogique mené par les enseignants autour de chaque thème trimestriel, les infirmières scolaires et les médecins leur donneront des clés. Beaucoup de gens ne savent pas comment procéder pour enrayer la prise de poids. »

Pour la première année d'Epode, un bilan médical des enfants de maternelles et primaires est actuellement dressé. Les 1 333 enfants scolarisés de la grande section (5 ans) au CM2 (12 ans) dans les écoles publiques et privées de la ville sont mesurés et pesés. « Excepté les plus âgés, ce recueil d'informations renouvelé chaque année pendant cinq ans permet de suivre leur évolution physique, explique Katell Benoît, l'infirmière scolaire chargée de ce travail. Si l'indice de masse corporelle (IMC) est au-dessus de la norme, je l'indique en précisant le degré de l'obésité. À Vitré, nous avons mis au point un courrier transmis aux parents. Si l'IMC présente un excès, nous leur remettons également une lettre destinée au médecin. En procédant ainsi, nous espérons simplement enclencher une prise en compte du problème. Si rien n'est fait ensuite, l'intérêt est limité. »

Parents surpris

À ce jour, il est trop tôt pour donner des chiffres. Mais Katell Benoît note avec surprise un nombre d'avis « assez important » et « une impression visuelle qui est parfois complètement fausse, avec des enfants qui, à première vue, ne sont pas en surpoids, mais s'avèrent être juste au-dessus de la courbe maximale ».

Carnets de santé sous-utilisés

D'où quelques réactions assez vives de parents, pour qui le relevé n'est pas fiable. Autre constat dressé par l'infirmière scolaire : les carnets de santé sont sous-utilisés, et ne mentionnent que très rarement le poids ou la taille. « Les parents seraient peut-être moins surpris si la courbe de l'IMC était inscrite. »

1- http://www.villesante.com. À noter que la première édition de la semaine de la nutrition et de l'activité physique et sportive se déroule entre mai et septembre dans les villes participantes.

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