Le petit-déj', à l'international - L'Infirmière Magazine n° 205 du 01/05/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 205 du 01/05/2005

 

Infirmières scolaires

Du côté des associations

Afin de sensibiliser les collégiens d'Andrézieux-Bouthéon (Loire) à l'importance du petit-déjeuner, Géraldine Larbec vient de lancer dans son établissement une initiative originale : une éducation à la santé nutritionnelle autour de petits-déjeuners du monde.

« Je suis infirmière scolaire depuis six ans, et j'ai pu constater la fréquence du passage d'élèves à l'infirmerie vers 11 heures. Ils ne se sentent pas bien, ils ont mal à la tête, ils sont en hypoglycémie, parce qu'ils n'ont pas pris de petit-déjeuner », souligne Géraldine Larbec. En arrivant au collège Jacques-Prévert dans la petite ville d'Andrézieux-Bouthéon à côté de Saint-Etienne, l'infirmière s'est concertée avec l'équipe de cuisine et la direction pour mettre en place une action d'éducation à la santé autour de l'importance du petit-déjeuner.

Mets variés

Une idée a germé : proposer aux enfants de découvrir les saveurs des cuisines du monde, tout en leur expliquant la nécessité d'équilibrer un repas avec les différents groupes alimentaires. Ces petits-déjeuners du monde, préparés par le chef de cuisine, en concertation avec l'infirmière de l'établissement, sont offerts gracieusement pendant une semaine aux élèves des classes de 6e. « Nous avons décliné ces petits-déjeuners en trois pôles, le pôle européen, le pôle africain et le pôle américain. Nous conservons l'équilibre alimentaire dans tous ces repas et nous proposons un aliment pour chacun des quatre groupes alimentaires : une boisson, un fruit ou un jus de fruit, une protéine, oeuf, bacon, fromage ou yaourt, et des céréales, comme du pain, un gâteau de tapioca, du muesli ou une crêpe », explique Géraldine Larbec. Les élèves sont conviés à 8 heures du matin pour partager ces petits-déjeuners dans le réfectoire de l'établissement. Géraldine leur explique les groupes alimentaires et remet à chacun une petite plaquette éditée par l'Inpes sur l'équilibre alimentaire. Les mets proposés sont variés, et chaque enfant est invité à goûter un aliment dans chaque groupe alimentaire. Pendant la collation, Géraldine se déplace de tables en tables et répond aux questions des enfants. Une action similaire avec les classes de 5e est également menée dans le collège, mais cette fois-ci autour de petits-déjeuners traditionnels. « Toute la communauté éducative est mobilisée autour de ces projets qui favorisent la réussite des élèves. Et en tant qu'infirmière scolaire, mon rôle éducatif est aussi reconnu », fait observer Géraldine Larbec.

Dépistage

Dans le département du Val-de-Marne, une expérience en partenariat avec l'Inspection académique et le Conseil général a été lancée afin de prévenir le surpoids et l'obésité chez les collégiens. Près d'une quarantaine d'établissements ont participé l'année passée au projet, avec organisation d'ateliers sur la nutrition, mise en place d'une politique nutritionnelle (distribution de fruits, installation de fontaines d'eau...) et programme de dépistage et de prise en charge de l'obésité. Ce dernier programme est plus spécifiquement orienté vers les élèves de 5e. Le dépistage est réalisé par les infirmières scolaires du département, lesquelles calculent l'indice de masse corporelle (IMC) pour chaque élève de 5e. Selon la valeur de l'IMC rapportée aux valeurs seuils, le jeune sera pris en charge par l'infirmière pour les obésités de degré 1 s'il exprime une souffrance et un désir de changement, ou par le médecin scolaire pour les obésités de degré 2.

Les résultats épidémiologiques du projet sont éloquents : 22 % des jeunes collégiens de 5e ont un excès de poids (15 % en surpoids, 7 % en obésité) et le nombre de jeunes en surpoids est encore plus important en Zep (20 % en surpoids, 10 % en obésité).

Moment propice

« Je revois les jeunes présentant une obésité de degré 1 environ tous les deux mois pour des conseils individuels en diététique et un suivi. Je peux aussi être amenée à rencontrer les parents si le jeune est en difficulté », explique Corinne Boulmier, infirmière scolaire dans le collège Musselburgh de Champigny (94). Le protocole vise à prendre en charge le jeune en surpoids en obtenant son adhésion, afin de lui apporter le maximum de soutien et d'aide.

Carnet de route

Chaque jeune reçoit un carnet de route qui contient un carnet de suivi, ses objectifs, des conseils, des défis, une carte de promenades et de sites à découvrir en famille dans le département. « Ce qui est important, c'est aussi de déterminer le moment propice pour intervenir, précise Corinne Boulmier. Ne pas agir trop tôt, le jeune en surpoids pourrait mal interpréter le discours, et ne pas agir trop tard pour le jeune obèse car nous serions alors dans la négligence thérapeutique. »

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