Dialogue de sourds - L'Infirmière Magazine n° 206 du 01/06/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 206 du 01/06/2005

 

Soins somatiques

Du côté des associations

L'Association pour la promotion des soins somatiques en santé mentale(1) organisait en mars son congrès à Paris. Où l'on a déploré le manque d'écoute du corps médical face aux patients.

Les 18 et 19 mars derniers, se tenait à Paris le 3e Congrès national pour la promotion des soins somatiques en santé mentale. Au programme de ces journées, l'approche pluridisciplinaire destinée à « élaborer de nouvelles perspectives de compréhension et de stratégies dans la prise en charge des patients en santé mentale ». La matinée du 19 mars était consacrée aux enjeux de l'éducation sanitaire des patients.

Groupes de patients

Anne Gut-Fayant, psychiatre à Sainte-Anne, a rappelé que « le champ d'éducation pour la santé dépassait la seule information sur la santé. L'éducation thérapeutique du patient s'intègre dans une éducation plus globale de santé. Cela comprend des activités de sensibilisation, d'information, d'apprentissage et d'accompagnement psychosocial concernant la maladie, le traitement et les soins ». L'objectif déclaré est l'autonomisation de la personne soignée. « Depuis la loi du 4 mars 2002 et l'information faite aux patients, il faut adapter une relation médecin-soignant, estime Anne Gut-Fayant. Même si c'est difficile, il va falloir parler de personne à personne. Ce n'est pas simple pour nous. Il y a une résistance importante au changement, qui passe par l'acceptation de la maladie et doit permettre une meilleure qualité de vie. » L'équipe de Sainte-Anne a aussi présenté son groupe d'éducation à la santé des patients schizophrènes. Son objectif est d'échanger les informations à plusieurs niveaux en placardant des affiches sur la maladie dans le service. Des groupes fermés de dix patients ont été constitués. Ils connaissent leur diagnostic et se voient toutes les semaines à raison d'une heure et demi pendant cinq mois.

Le but thérapeutique est de favoriser l'observance et l'alliance thérapeutique. « L'action est très positive, explique le médecin. Il y a une très grande interactivité. C'est la meilleure approche de la maladie basée sur la communication. Le patient acquiert une autonomie. Il devient acteur de ses soins. »

Médecins mieux formés

Après cette présentation, Claude Finkelstein, présidente de la Fnap-Psy(2) hausse le ton : « J'ai l'impression d'être à des années lumière d'avance sur les médecins. Ça serait bien qu'on apprenne aux futurs docteurs la communication. Pour nous, la loi du 4 mars 2002 est enterrée depuis longtemps. Allez sur la rubrique dialogue de notre site, vous verrez comme les patients sont bien informés de leurs maladies ! Je trouve que c'est grave que vous leur donniez une éducation sanitaire. Donnez-leur un diagnostic et voilà. »

Concernant les soins somatiques, Claude Finkelstein a rappelé que la douleur psychique est tellement forte qu'elle balaie tout. Beaucoup de médecins ont tendance à négliger le physique au profit supposé d'une prise en charge psychiatrique. « Il y a aujourd'hui une totale absence de vue générale, a-t-elle ajouté. Il faut nous accompagner en nous donnant, par exemple, des molécules qui ne fassent pas grossir. »

Intégrer les familles

Jean Canneva, président de l'Unafam (cf. page 14) rappelle le rôle incontournable des familles. « 95 % des personnes malades sont dans la cité et non dans les hôpitaux. Ce n'est pas un problème interne ou externe à l'hôpital, le temps qui compte, c'est celui du dialogue. Les infirmières ont une relation très importante, elles nous transmettent beaucoup d'informations. La folie, c'est bien de soigner les patients sans les familles ! C'est ce que m'avait dit un médecin anglo-saxon il y a peu. » À bon entendeur...

1- Association nationale pour la promotion des soins somatiques en santé mentale, 51, chemin du port-de-l'homme, BP 33, 33360 Latresne. Tél. :05 57 97 19 19. Mél : anpssm2005@xomm-sante.com.

2- Cf. supplément au n° 203 de L'Infirmière magazine, mars 2005, p. 17.