Le dédale des salaires - L'Infirmière Magazine n° 206 du 01/06/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 206 du 01/06/2005

 

rémunérations

Dossier

Sous-payées, exploitées, surpayées ? Difficile, au vu des disparités de la profession, de se faire une idée juste de vos salaires. D'un établissement à l'autre, vos fiches de paie varient sensiblement...

Êtes-vous satisfaites de votre salaire ? « Au début de ma carrière, j'avais le sentiment de bien gagner ma vie. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, explique Marie-Laure, IDE en cancérologie à l'AP-HP, onze ans d'ancienneté, célibataire. Ce qui me pose problème maintenant, c'est l'évolution de mon salaire. Après mon diplôme, gagner 9 000 francs par mois (1 370 euros), je trouvais ça plutôt bien, mais aujourd'hui, après onze ans de travail, je gagne en incluant les primes 1 830 euros (12 000 francs). 75 euros par passage d'échelon tous les cinq ans, je trouve ça assez peu encourageant... Ceci dit, je ne me plains pas. Je fais un métier qui me plaît. Mais j'habite à Paris, et même si j'ai la chance de ne pas payer un loyer élevé, mon porte-monnaie perçoit une forte augmentation du coût de la vie. Et puis, je me pose des questions pour le futur : si je fonde une famille ? Quelle orientation prendre pour faire évoluer mon salaire ? Car avec la grille actuelle, il ne peut progresser que de 3 000 francs alors qu'il me reste trente ans à travailler... Et je n'ai pas spécialement envie d'être cadre. »

Glisser le mot salaire dans une conversation, c'est comme laisser tomber un cachet d'aspirine effervescent dans un verre d'eau, sauf que ça ne fait pas baisser la fièvre... Au départ, on donne un chiffre, tout net, tout blanc. Puis, ensuite, ça bouillonne. On évoque la charge de travail, les exigences des patients, la reconnaissance sociale, les projets ou les difficultés personnels. Les francs et les euros s'emmêlent. Un peu de jalousie en prime ?

Chasse au Dahu

« Franchement, il n'y a pas de jalousie sur la question des salaires à l'hôpital public, estime Marie-Laure. Ce n'est plus une question taboue. Nous sommes un peu tous logés à la même enseigne. Je considère même que le salaire des médecins est insuffisant à l'hôpital. » En est-il de même dans tous les types d'établissements ?

Si le salaire n'est plus un sujet tabou dans la profession, il n'en est pas moins difficile d'y voir clair. En novembre 1987, L'Infirmière magazine publiait un article sur les salaires de la profession intitulé « Les OS de la santé ». « Traquer le salaire infirmier rappelle la chasse au Dahu : soit il n'intéresse personne (l'Insee avoue ne pas disposer encore des chiffres de... 1985 pour les infirmières fonctionnaires de l'État), soit il apparaît comme un catalogue de primes diverses et fluctuantes qui perturbent les comparaisons de secteur à secteur », écrivait la journaliste de l'époque. La chasse au Dahu est toujours d'actualité... Certes, depuis ces lointaines années, quelques enquêtes statistiques ont été réalisées, la plupart par la Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé, mais elles restent toujours un peu en retard par rapport à la réalité du terrain, voire bien compliquées...

Grande confusion

Ces études noient le salaire infirmier dans une catégorie plus vaste intitulée « Professions intermédiaires soignants et sociaux ». Elles se fondent sur la déclaration annuelle de données sociales (DADS). La DADS est une formalité déclarative que doit remplir toute entreprise ayant employé au moins un salarié au cours d'une année donnée. Tous les employeurs sont concernés, y compris les entreprises nationales, les administrations publiques et les collectivités territoriales. Le salaire infirmier n'apparaît pas parce que la codification de la catégorie professionnelle n'est que partielle dans le secteur public. On ne peut distinguer un infirmier psychiatrique d'une sage-femme ! Mais aussi parce que la notion d'ancienneté n'est pas mentionnée. Et parce que la source DADS ne permet pas de faire la distinction entre les CDD et les CDI... L'enquête des DADS peut être recoupée avec l'enquête emploi de l'Insee, qui comporte elle aussi des imprécisions, ou avec les enquêtes sur l'activité et les conditions d'emploi de la main-d'oeuvre (Acemo), mais elles n'incluent pas les établissements publics... Dur, dur, d'être statisticien !

Trois fonctions publiques

Pour poursuivre le Dahu, il suffit de se plonger dans le labyrinthe des grilles, de suivre les indices, puis d'additionner les primes diverses et variées ! Facile à dire... Même les syndicats peinent à dresser des études comparatives de salaires entre tous les secteurs d'activité. Faut-il rappeler que la profession infirmière se retrouve dans les trois fonctions publiques (pour laquelle la valeur du point a été tout récemment très légèrement augmenté...) : l'hospitalière évidemment (grille rénovée le 14 mars 2001), la fonction publique d'État (Éducation nationale, Armées) et la territoriale.

Moult conventions

Et dans le secteur privé, lucratif ou non, on comptabilise une dizaine de conventions collectives différentes : la convention collective unique (CCU) de la Fédération de l'hospitalisation privée (signée le 18 avril 2002), la convention collective du Synerpa pour les maisons de retraite du secteur lucratif, la CCN51 (rénovée en juillet 2003) de la Fédération des établissements hospitaliers et d'assistance privés à but non lucratif (Fehap), la convention collective de la Croix-Rouge française (rénovée en 2004), la convention collective des Centres interservices de santé et de médecine du travail (Cisme) (revalorisée le 1er février dernier), la convention collective des centres de lutte contre le cancer (CLCC), la convention collective des Établissements français du sang, la CCN66 pour les établissements associatifs, la convention collective de la branche de maintien et d'aide à domicile (BMAD), celle des établissements de cure thermale... Sans compter les infirmières qui travaillent en intérim et dans diverses entreprises privées...

D'une manière générale, la grille de la fonction publique hospitalière sert plus ou moins d'exemple. Les syndicats s'accordent pour dénoncer des écarts de salaires entre le secteur public et le privé lucratif (CCU) et non lucratif (CCN51), notamment en milieu de carrière. « En prenant en compte la différence des charges sociales entre les établissements Fehap et publics, les salaires de la CCN51 sont en moyenne inférieurs de 6 % à ceux de la fonction publique hospitalière », explique Marie-Cécile Rivalan, de la CGT Fédération privée. « Nous notons un différentiel de 150 à 200 euros bruts par mois entre les salaires de la CCU et du public », témoigne Catherine Rochard, secrétaire FO santé privé.

Écarts flagrants

« Les écarts sont les plus flagrants en milieu de carrière, ajoute Dominique Drouet, CFDT secteur privé lucratif. Or c'est là que se situent le plus gros des effectifs d'après la démographie professionnelle. Bien sûr, il y a parfois des négociations locales au sein de cliniques, d'où la difficulté de connaître avec précision les salaires réels. »

À cette diversité des employeurs s'ajoute la diversité des choix personnels. « Je me suis organisée d'une façon bien particulière. D'un côté, j'ai un CDI à mi-temps dans une maison de retraite privée et de l'autre, je multiplie les missions d'intérim, explique Marie-Anne, IDE à Toulon, douze ans d'ancienneté, célibataire. « J'ai aujourd'hui sept fiches de salaires différentes. Avant, j'étais infirmière militaire. Je gagnais près de 11 000 francs nets par mois (1 677 euros), alors qu'aujourd'hui mon salaire varie entre 25 000 francs (3 811 euros) et 30 000 francs (4 570 euros) ! C'est un choix personnel. J'ai décidé de travailler à fond, d'aller dans les services où personne ne veut aller, de travailler la nuit, les dimanches... Comme je n'ai pas de vie de famille aujourd'hui, j'ai décidé d'en profiter et de négocier mon savoir-faire. D'ailleurs, je passe de moins en moins par les agences d'intérim, je traite directement avec les établissements. »

Portrait robot

Quoi de commun avec Fatima, IDE à l'Association interprofessionnelle des centres médicaux et sociaux de la région Île-de-France, onze ans d'ancienneté, mariée, trois enfants ? « Après avoir travaillé pour l'AP-HP pendant cinq ans, j'ai choisi d'exercer pour un service de la médecine du travail. Je touche actuellement près de 1 700 euros par mois. Après avoir arrêté de travailler pendant deux ans, j'ai choisi d'exercer dans un service où les horaires sont stables afin d'organiser ma vie familiale au mieux. »

Pour esquisser un portrait robot du Dahu, rabattons-nous sur les dernières études produites par la Drees, mais qui malheureusement ne tiennent pas compte des derniers changements dans les valeurs des points d'indice ou dans la construction des grilles. En février 2005, elle a publié une étude sur « les rémunérations dans les établissements de santé publics et privés de 1999 à 2002 ». Entre 1999 et 2002, selon cette étude, les salaires des « professions intermédiaires (PI) soignants sociaux » sont passés d'une moyenne de 1 853 euros nets mensuels à 1916 euros nets dans le secteur privé sous dotation globale, de 1 555 euros nets à 1 815 euros nets dans le secteur privé sous OQN, et de 1 960 euros nets à 2 130 euros nets dans le secteur public.

Disparités et variations

« En incluant les médecins, le salaire mensuel net moyen pour un emploi à temps complet dans le secteur hospitalier s'élevait en 2002 à 1 880 euros, explique Marc Collet, l'auteur de l'étude. Le salaire mensuel net médian est sensiblement inférieur au salaire moyen : 1 540 euros contre 1 880 euros. Ce qui témoigne d'une dispersion plus prononcée pour les plus hauts salaires. » Et si on décompose le salaire net moyen par catégorie, on obtient ceci : pour les « PI soignants et sociaux », le salaire net moyen était de 2 073 euros nets par mois en 2002, tandis que celui des « PI administratifs et techniciens » était de 1 894 euros nets, et celui « des ouvriers, des agents de service et des employés administratifs » était de 1 500 euros nets par mois.

L'étude dévoile aussi des écarts entre les régions. Le niveau des rémunérations moyennes diffère également selon la localisation géographique des établissements hospitaliers. Tous secteurs et catégories socioprofessionnelles confondus, les personnels des Dom perçoivent des rémunérations mensuelles plus élevées (+ 28,5 % par rapport à la moyenne nationale), les personnels de province recevant au contraire des rémunérations plus faibles (- 1,5 %). Au sein des grands ensembles régionaux de province, les variations sont sensiblement plus limitées, puisque les rémunérations n'oscillent qu'entre -3 % dans le Nord et le Sud-Ouest et + 1 % dans l'Ouest, par rapport à la moyenne nationale.

Ces écarts varient selon la catégorie d'établissement considérée. Les rémunérations dans les Dom sont le fait du secteur public, où l'écart dépasse en moyenne 30 % avec la région parisienne et la province, tandis que dans le secteur privé, c'est en région parisienne que les rémunérations apparaissent, toutes catégories confondues, les plus élevées. Dans les établissements privés sous OQN, elles sont en moyenne supérieures de 12 et 6 % à celles respectivement observées en province et dans les Dom. Dans les établissements privés sous dotation globale, ces écarts sont de 18 % en province et de 5 % dans les Dom.

En avril dernier, une autre étude de la Drees sur « les cinq premières années de carrière des infirmières sorties de formation initiale » permet également de se faire une petite idée des salaires dans la profession infirmière.

Étude comparée

La Drees a utilisé l'enquête Génération 98 du Cereq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications). Près de 1 400 infirmières diplômées en 1998 ont ainsi été interrogées en 2001 et en 2003 sur leur parcours professionnel. L'étude comprend une comparaison avec « les diplômés de niveau proche » : « les autres diplômés de niveau bac + 2 de la santé ou du social, les Deug-Deust, les BTS-DUT, les 2es cycles universitaires »... Voilà qui fait plaisir quand on estime que le diplôme d'État infirmier relève plutôt d'un bon bac + 3 ! D'ailleurs, avec la mise en place du système LMD, il semble acquis que le DE sera au niveau licence. D'après cette enquête, il semble que le salaire de premier emploi est nettement plus élevé pour les infirmières que celui des « diplômés de niveau proche ». La médiane des salaires mensuels à l'embauche en 1998 était à 1 296 euros nets pour les IDE, à 1 250 euros pour les autres bac + 2 de la santé ou du social, à 917 euros pour les Deug, Deust, à 991 euros pour les BTS, DUT, à 1 100 euros pour les 2es cycles universitaires. Mais, cinq ans après, l'écart s'est réduit, voire inversé... La médiane des salaires mensuels pour ces IDE s'est élevée à 1 562 euros nets en 2003. Armelle, IDE stagiaire à l'AP-HP depuis quatre mois, célibataire, a déjà bien conscience de cette stagnation salariale : « Ce mois-ci, j'ai gagné 1 574,64 euros nets. Et le mois dernier, j'ai perçu ma prime d'installation de 1 800 euros. Ce n'est pas si mal. Mais l'escalade des grilles ne tire pas franchement les salaires vers le haut. Ceci dit, ce n'est pas pour le salaire que j'ai choisi cette profession. J'ai travaillé dans la restauration en Angleterre et je gagnais bien plus. J'éprouve un réel intérêt pour le métier : le contact avec le malade, la technique des soins, les responsabilités... C'est pour cela que je me suis lancée dans les études d'infirmière. Et je veux continuer à me former, pour évoluer, pour pouvoir changer de statut. » Avec un tel salaire, difficile de se loger à Paris... « En ce moment, je loue une chambre à l'AP-HP. Mais cela ne peut pas continuer comme ça, je dispose de trop peu de place. »

Et en Europe ?

En juillet 2002, la Drees et la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, ministère du Travail) ont publié une enquête sur « les rémunérations dans les établissements de santé privés ». Elle concluait que « les rémunérations en hôpital public sont en moyenne supérieures à celles du secteur privé hospitalier à but lucratif. Ainsi, en 2000, le personnel soignant des catégories intermédiaires recevait une rémunération nette moyenne égale à 2 000 euros par mois en hôpital public contre 1 690 euros en établissement privé lucratif. » Stéphanie, IDE dans une clinique du Mans, neuf ans d'ancienneté, mariée avec deux enfants, s'exclame : « J'ai touché ce mois-ci 1 530 euros. Et ça n'a pas évolué depuis plusieurs années. J'ai commencé dans cet établissement comme aide-soignante. On m'a financé mon DE d'infirmière. Mais depuis, je n'ai pas le sentiment que la direction ait envie d'investir en moi. Je reste, car la clinique est à proximité de mon domicile. Je ne sais plus qui disait : "il n'y pas que l'argent dans la vie, il y a aussi les fourrures et les bijoux", eh bien moi, ce n'est pas avec mon salaire que je peux y rêver. Heureusement, je ne vis pas seule ! »

Insatisfaction salariale

Êtes-vous satisfaites de vos salaires ? Hélas, aucune étude statistique ne compare l'évolution des salaires avec l'évolution du coût de la vie, et encore moins avec les rêves de chacune... L'étude européenne Next/Presst (Belgique, Allemagne, Grande-Bretagne, Finlande, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne et Slovaquie), dont les résultats définitifs ont été présentés le 1er juin dernier au ministère de la Santé, comportait une question relative au salaire. L'insatisfaction salariale semble importante pour tous les pays étudiés. À tel point qu'au niveau européen, le salaire est le premier motif d'insatisfaction. Au total, 41 % des soignants européens interrogés sont insatisfaits de leur salaire par rapport à leurs besoins financiers. Les pays en tête de l'insatisfaction salariale sont les suivants : l'Allemagne compte 61,9 % d'insatisfaits, la France, 49,5 % (40,6 d'insatisfaits et 8,9 % de très insatisfaits), la Grande-Bretagne, 40,2 %, l'Italie, 39,6 % et la Slovaquie, 39 %...

Baisses...

Cependant, si la France est en deuxième position par rapport aux autres pays, l'étude Next/Presst (qui comprend dans son panel une grande diversité d'établissements) montre que la question des salaires n'est que le cinquième motif d'insatisfaction pour les soignants français (ASH, AS, IDE, cadre). Le premier est le manque de soutien psychologique au travail. Un manque de soutien psychologique après la lecture de la feuille de paie, ironiseront ceux qui ont vu leur salaire baisser de quelques euros suite à l'augmentation des cotisations retraites, CSG, solidarité... Dominique, IDE de classe supérieure, perchée au 6e échelon de la grille de la fonction publique hospitalière, a vu son salaire baisser de 2206 euros à 2187 euros entre novembre 2004 et mars 2005. Suite à la décision du ministre de la Fonction publique en mars dernier, elle devrait néanmoins obtenir en juillet prochain « une prime de sommet de grade ».

« Cette année, un cumul de phénomènes a entraîné de fait une baisse du salaire net. D'abord, depuis 1997-1998, les mesures salariales n'ont été faites que de manière unilatérale et a minima. À cela s'ajoute le passage aux 35 heures, le passage à l'euro et, plus récemment, les augmentations de cotisations », tente de résumer Yolande Briand, secrétaire générale de la CFDT santé sociaux. Sans oublier que ces deux dernières années, le taux d'inflation a dépassé 2%, à cause notamment du dérapage des prix des produits de grande consommation (alimentaire, essence, téléphonie, mutuelles et assurances santé...). D'après l'Insee, la flambée de l'immobilier a aussi appauvri les citadins. À Paris, le prix du mètre carré a encore augmenté de 14,2% pour l'année 2004, et en banlieue parisienne, de +15,3%. En province aussi, le prix du mètre carré s'est envolé : en six ans, +60% à Bordeaux, +40% à Marseille, + 50% à Grenoble et à Lyon. Quant aux loyers, indexés sur le coût de la construction dans le neuf, ils ont pris +4,58% cette année...

... Et augmentations

Il existe deux façons d'augmenter les salaires. Soit on augmente la valeur du point d'indice. C'est ce qui a été fait le 1er février dernier (0,5 %) et ce qui devrait se reproduire en juillet (+ 0,5 %) et en novembre (+ 0,8 %) prochains pour les fonctions publiques, suite à une décision unilatérale du ministre en mars dernier. Cependant, la Fédération de l'hospitalisation publique (FHF) s'inquiétait de ne pas voir les dotations spécifiques pour assurer ces revalorisations... Soit on revoit les grilles de classification en ajoutant des points d'indice, ce qui a été fait en mars 2001 avec l'accord Guigou signé par les syndicats suivants : CFDT, CGC FO, Unsa, SNCH.

« Ce qui est gênant, c'est que les problèmes se résolvent toujours à chaud. Les pouvoirs publics calment là où ça brûle le plus, mais il y a forcément des oubliés... Et ça nourrit les conflits à venir, explique Bernard Hénin, secrétaire FO santé sociaux. Dans la fonction publique hospitalière, il n'y a aucune gestion prévisionnelle, surenchérit Yolande Briand, CFDT. Elle devrait penser à profiter des prochains départs massifs à la retraite pour rebâtir une grille. » Depuis la fin mai, le ministre de la Fonction publique a lancé un cycle de réunion avec les syndicats sur la modernisation de la fonction publique et l'évolution des grilles de classification qui devrait durer jusqu'en juillet prochain. Et le 27 juin prochain, il est prévu une réunion de préparation pour les négociations salariales de 2006.

Dans le secteur privé, la méthode semble bien identique, en dépit de la négociation annuelle obligatoire (NAO). « À chaque fois, il faut se battre en commission paritaire pour ouvrir une négociation sur les salaires. Le 7 avril dernier, avec la FHP, les syndicats ont quitté la table des négociations », a expliqué Catherine Rochard, FO. Du côté des employeurs, on s'arc-boute sur le contexte général, les déficits des établissements privés (le public aussi), le contexte de la réforme de l'assurance maladie, la mise en place de la tarification à l'activité. Bref, le mot « salaire » provoque bien des maux de tête.

En savoir plus

- « Les rémunérations dans les établissements de santé publics et privés de 1999 à 2002 », Études et résultats, n° 377, février 2005, Drees.

- « Les cinq premières années de carrière des infirmiers sortis de formation initiale », Études et Résultats, n° 393, avril 2005, Drees.

- « Le recrutement, la formation et la professionnalisation des salariés du secteur sanitaire et social », Rapport du Conseil économique et social, juillet 2004.

fonction publique

PRIMES ET INDEMNITÉS

- Prime de service : attribuée à tout titulaire en juin et en décembre, elle correspond à 17 % du traitement brut annuel de l'infirmière, soit approximativement un « 13e mois ». Elle dépend de la note de l'année précédente et des absences en cours d'année.

- Indemnité de sujétion spéciale dite des « 13 heures » : mensuelle, égale aux 13/1900 de la somme du traitement budgétaire brut annuel et de l'indemnité de résidence versée aux infirmières.

- Indemnité horaire pour le travail de nuit : le taux horaire pour service normal est de 0,17 euros et pour service intensif, de 0,90 euros.

- Indemnité forfaitaire pour travail des dimanches et jours fériés : 44,89 euros.

- Prime infirmière ou prime Veil : 76,22 euros mensuels.

- Prime d'encadrement, notamment pour les directeurs de soins et cadres supérieurs (152, 45 euros mensuels), les cadres de santé, spécialisés ou non (76,22 euros mensuels).

- Prime spécifique de 76,22 euros mensuels pour les directeurs d'IFCS, d'Ifsi, d'écoles Iade, Ibode, Puer.

- Prime spéciale de début de carrière de 35,62 euros mensuels.

- Prime spéciale d'installation pour l'Île-de-France et l'agglomération lilloise, environ 1 800 euros.

- Indemnités de remboursement de frais de transport.

- Indemnités pour travaux dangereux.

fonction publique

COTISATIONS SOCIALES

Un titulaire paie des cotisations sociales à hauteur de 14,45 % de son salaire brut, et l'employeur paie aux alentours de 55,20 % du salaire brut (cela peut varier en fonction du taux des cotisations transports qui dépend des régions et du taux des accidents du travail qui dépend des établissements). S'il s'agit d'un contractuel, les cotisations sociales du salarié s'élèvent à 18,65 % du brut, et les cotisations patronales, aux alentours de 56,32 %. La valeur du point d'indice a été revalorisée de 0,5 % le 1er février dernier (4,4183). Elle doit être revalorisée le 1er juillet prochain de 0,5 % et le 1er novembre prochain de 0,8 %. Notons que depuis le 1er août 2003, la grille des infirmières de l'Éducation nationale s'aligne sur celle de la Fonction publique hospitalière.

Du côté des libérales

Pour l'année 2002, chaque libérale conventionnée, non installée dans l'année et ayant moins de 65 ans (APE), a perçu en moyenne près de 58 000 euros, dont plus de 10 500 euros de frais de déplacement. Elle a effectué en moyenne 7 089 actes, soit 23 actes par jour. L'activité de soin est constituée en moyenne à 61 % d'actes en AIS (soins et gardes à domicile des malades) et le reste en AMI (actes techniques autres que soins et gardes).

Source : Cnamts

secteur privé

SALAIRES

Rappelons que les charges sociales d'un titulaire s'élèvent aux alentours de 25 % du salaire brut, et les charges patronales, aux alentours de 61 % du salaire brut.

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