Les accidents domestiques de l'enfant - L'Infirmière Magazine n° 206 du 01/06/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 206 du 01/06/2005

 

puériculture

Conduites à tenir

Les facteurs favorisant les accidents domestiques sont essentiels à connaître pour une prévention adaptée. Ils sont en relation avec le stade de développement psychomoteur de l'enfant, sa personnalité et sa notion du danger. L'adulte ou le parent doit évaluer le risque quotidien, être vigilant et avoir une attitude éducative.

ÉPIDÉMIOLOGIE

Les accidents domestiques surviennent pour 78 % des cas à l'intérieur de la maison. C'est vers l'âge de 1 à 5 ans qu'ils sont les plus fréquents et touchent plus souvent les garçons que les filles. La fin de la journée, le week-end, les départs et retours de vacances sont les plus à risque, ainsi qu'un changement de rythme de vie ou d'environnement quotidien. Le caractère bénin des lésions est majoritaire, mais le recours aux soins est nécessaire dans deux tiers des cas. Malgré les efforts en matière de sécurité et les campagnes de prévention, 350 enfants de moins de 10 ans meurent chaque année d'un accident de la vie courante.

TYPES D'ACCIDENTS

Traumatismes. Ils représentent plus de trois quarts des accidents.

Chutes. Les chutes sont les causes de traumatismes les plus courantes, surtout chez le nourrisson : chute de la table à langer, d'un matériel de puériculture en appui instable (couffin, transat) ou quand la sangle de fixation n'est pas attachée (transat, chaise haute, poussette). L'enfant jeune, mal assuré dans ses déplacements, peut chuter de sa propre hauteur ou basculer après avoir escaladé un meuble ou un jeu. Les chutes nécessitent souvent une surveillance après l'accident pour repérer toute anomalie de la vigilance, du comportement ou de la motricité, mais donnent rarement lieu à une contusion cérébrale. Les chutes d'une grande hauteur (lit à étage, escalier, fenêtre) sont souvent graves et peuvent entraîner des séquelles lourdes ou le décès.

Chocs. Les chocs restent des traumatismes fréquents : l'enfant percute du mobilier, une vitre, un mur. Il peut être blessé par un objet lancé par un autre ou voir s'effondrer sur lui du matériel.

Plaies. Les plaies sont occasionnées par tout objet piquant, coupant, broyant (ustensile de cuisine, outil de bricolage, interstice de porte). Ces accidents surviennent dès que le nourrisson est capable de saisir un objet et jusqu'à l'âge d'une dextérité maîtrisée. Les morsures d'animaux représentent 2 % de ces atteintes. Les lésions atteignent souvent les mains et le visage et requièrent des soins d'urgence : compression pour arrêter le saignement, désinfection et mise en place d'une protection avant une prise en charge par les services spécialisés.

Ingestions de substances ou de corps étrangers.

Intoxications. Les intoxications sont parfois redoutables. La moitié d'entre elles sont dues à des médicaments, surtout chez l'enfant de 1 à 5 ans. Les produits ménagers et cosmétiques sont aussi en cause. Une attitude rigoureuse dans le rangement de ces produits permettrait de faire baisser ces risques de façon significative. Certaines plantes d'intérieur et végétaux du jardin, en particulier porteuses de baies attirantes, peuvent provoquer des troubles digestifs, cardiovasculaires ou neurologiques. Les mesures en cas d'intoxication sont de ne rien administrer par la bouche et d'appeler le centre antipoison avec des informations précises qui orienteront la conduite à tenir.

Corps étrangers. Les corps étrangers ingérés sont nombreux chez le nourrisson, car tout ce qui est découvert est porté à la bouche. Un petit objet qui passe dans le tube digestif ne représente un danger que s'il est blessant ou volumineux avec risque de blocage dans l'oesophage ou susceptible de libérer une substance toxique (micropile). Le passage d'un corps étranger dans les voies respiratoires est souvent d'origine alimentaire. Il peut pénétrer dans la paroi pharyngée ou passer dans l'arbre trachéobronchique puis se bloquer. L'enfant est alors pris d'une longue quinte de toux avec cyanose et agitation puis respire normalement. Devant tout syndrome de pénétration, il faut diriger l'enfant vers une consultation ORL. L'urgence vitale concerne le corps étranger obstructif avec asphyxie pour lequel il faut pratiquer d'emblée la manoeuvre de Heimlich(1) ou Mofenson pour expulser l'objet incriminé. Devant une infection localisée, on évoquera un corps étranger dans une cavité naturelle (nez, oreille, orifice génital).

Brûlures. Les brûlures par liquide très chaud concernent les enfants petits, par projection ou immersion accidentelle. 80 % de ces accidents ont lieu dans la cuisine et la salle de bains. Les brûlures par matériel chaud (four, radiateur) touchent tous les âges. Les brûlures par flammes au cours d'incendie, d'explosion ou de manipulation de liquide inflammable restent les plus graves, avec des séquelles physiques ou esthétiques dans un tiers des cas. Arroser à l'eau fraîche la zone brûlée pendant au moins quinze minutes est la mesure la plus efficace avant l'intervention du Samu si les lésions sont profondes ou étendues.

Noyade. L'enfant de 1 à 4 ans est le plus exposé, du fait de l'attirance pour l'eau et de ses nombreux déplacements. La noyade peut survenir en quelques minutes, dans la baignoire pour un tout-petit, mais aussi dans tout réservoir d'eau ou dans une piscine. Le délai de découverte et la rapidité des gestes salvateurs conditionneront la gravité de ces accidents.

1- Voir L'Infirmière magazine n° 146, février 2000, p. 39.

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