SOS Alma ! - L'Infirmière Magazine n° 207 du 01/07/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 207 du 01/07/2005

 

Maltraitance

Du côté des associations

Créé en 1995, le réseau Alma assure dans toute la France un système d'écoute pour les personnes âgées victimes de maltraitance.

Une dame de 85 ans placée par ses enfants dans un foyer de SDF, un fils qui refuse d'accompagner son père à la messe de Pâques, des petits enfants qui rackettent leurs grands-parents en permanence... La maltraitance envers la personne âgée épouse de multiples formes.

Ecoute et suivi

Il y a quelques années, l'existence d'un tel phénomène était niée. Le nombre des aînés augmente et avec lui celui des personnes devenues dépendantes et donc fragiles. La violence envers cette tranche de la population se développe. L'histoire du réseau Alma (Allo maltraitance envers les personnes âgées), né de la lutte contre ce phénomène, débute en novembre 1987. À cette date, une commission du conseil de l'Europe se penche sur « la violence contre les personnes âgées au sein de la famille ». Elle est présidée par le professeur Robert Hugonot, gérontologue et administrateur de la Fondation nationale de gérontologie. En 1995, est mis en place à son initiative un réseau national d'écoute afin de lutter contre le problème de la maltraitance des personnes âgées. Le réseau Alma est créé en 1995(1). Il assure sur le territoire national un système d'écoute pour les personnes en difficulté. Il permet de faire un suivi entre les appels et les demandes d'aides et de conseil. Des professionnels dans le domaine social, sanitaire ou judiciaire interviennent auprès des personnes en difficulté. Pour établir un état des lieux, le rapport « Prévenir la maltraitance envers les personnes âgées » est sorti en janvier 2002. Reconnaître officiellement ce problème était un premier pas. Un comité de vigilance contre la maltraitance a été mis en place par le secrétariat d'État aux Personnes âgées.

Aujourd'hui, les violences envers les aînés répertoriées sont les violences physiques (coups, gifles, brûlures, contusions diverses...), les violences psychologiques (insultes, menaces de rejet, de rétorsions diverses), les violences financières (vol, extorsion de fonds, signature forcée, héritage anticipé), les violences médicamenteuses (abus de neuroleptiques ou privation des médicaments nécessaires) ou encore les violences civiques (privation des droits élémentaires du citoyen, privation des papiers d'identité).

Formations

Ces négligences peuvent être actives ou passives. « Nous avons aujourd'hui 53 centres d'écoute à travers toute la France, explique Françoise Busby, directrice d'Alma France. Il existe un numéro national qui est transféré dans les centres d'écoute les plus proches. » Alma fait aujourd'hui partie de trois commissions au secrétariat des Personnes âgées : les abus financiers, les facteurs de risque de la maltraitance et la formation. Des rencontres sont organisées tous les mois. « La secrétaire d'État aux Personnes âgées est sensible à ce sujet, estime Françoise Busby. Elle désire s'impliquer. » Pour lutter contre cette violence, il y a un réel besoin de sensibilisation, de formation et de prévention. « Nous avons de plus en plus de demandes de la part des infirmières, des aides-soignantes ou des aides à domicile, annonce Françoise Busby. En dix ans, les choses ont beaucoup évolué. Mais attention, on se focalise sur la maltraitance en établissement, alors qu'il n'y a pas que ça. Il faut s'occuper de la maltraitance à domicile. Dieu sait si les infirmières et toutes les aides à domicile en sont témoins. Depuis quatre ou cinq ans, elles sont de plus en plus nombreuses à appeler pour nous signaler des comportements à risque. À partir de là, nous leur proposons des formations. »

Vers la reconnaissance d'utilité publique

Les objectifs de l'association sont divers. « Pour 2006, nous aimerions qu'Alma soit reconnu d'utilité publique, insiste Françoise Busby. Nous voudrions aussi être reconnu partie civile. Par ailleurs, il est essentiel que nous conservions la confidentialité des personnes qui appellent. Là-dessus, nous ne changerons rien. Nous ne transmettons ni les noms des personnes ni celui des établissements. On lance des dossiers avec l'accord des personnes. Nous faisons très attention à la protection des professionnels. »

Alma a publié un ouvrage sur le thème suivant : « Refuser la maltraitance envers les adultes âgés et réagir avec la connaissance et la compréhension, tolérance et compassion. » On y trouve une définition de cette violence, comment repérer qui maltraite, les facteurs de risque ainsi que quelques articles de loi. « Mon souci, insiste Françoise Busby, est que les infirmières et les aides-soignantes le lisent ! »

1- Alma, BP 251, 38007 Grenoble cedex. Informations : 08 92 68 01 18 ou sur Internet (http://www.asso.alma.free.fr).