Survivre à la psychiatrie - L'Infirmière Magazine n° 208 du 01/09/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 208 du 01/09/2005

 

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À force de voir des pathologies partout, la psychiatrie peine à prendre en charge la simple angoisse de citoyens.

Une bonne partie de la psychiatrie est encore coincée entre les différents modèles psychobiologiques reposant sur les traitements, explique Stephen Wright, professeur à St Martin's College, université de santé et de médico-social (Carlisle). Mais il y a dû avoir une dérive du système pour que des groupes de patients se décrivent comme des « survivants au système de santé mentale ». Récemment, une femme d'âge mûr, June, a confié à un ami entre deux sanglots que son médecin généraliste l'avait diagnostiquée « dépressive » et l'avait envoyée chez un psychiatre. June n'était pas dépressive.

Angoissée

Elle était angoissée, avait été violentée et sa hiérarchie l'avait laissée tomber. June souffrait aussi d'épuisement professionnel. Elle avait besoin d'une aide personnalisée pour se reconstruire et donner un nouveau sens à sa vie. La tendance à étiqueter les patients avec des pathologies psychiatriques a le vent en poupe dans le système de santé anglais. June ne présentait aucune pathologie psychiatrique. Grâce à la liste d'attente de deux mois du NHS, elle n'a finalement pas été voir un psy, a quitté son poste au NHS et a commencé à se reconstruire sur des bases positives. Quand donc la psychiatrie se réveillera et se dédiera au travail de réparation de la montagne d'angoisse et de souffrance existant dans notre culture ? Ce jour-là, les groupes de survivants au système de santé mentale n'existeront plus.

Nursing Standard, du 29 juin 2005, n° 42, vol.19,

« Survivors of the system », de Stephen Wright.