Un réseau est né... - L'Infirmière Magazine n° 208 du 01/09/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 208 du 01/09/2005

 

Néonatologie

Du côté des associations

Réseau de soins avant l'heure, l'association Adepafin regroupe des professionnels de la périnatalité issus des Côtes-d'Armor. Récit d'une aventure collective et passionnée.

Au départ, en 1987, c'est une initiative de quelques gynécologues et pédiatres, désireux de partager davantage, leurs expériences, mais aussi leur réflexion, dans le but d'améliorer la qualité du dépistage anténatal, de la surveillance obstétricale et de la prise en charge des pathologies néonatales. Ainsi naît l'Adepafin : Association départementale d'étude et de prévention des affections foetales et de leurs incidences néonatales. De nombreuses actions sont menées : formations, création d'un volet complémentaire au certificat de santé du 8e jour, instauration de la revue des décès périnatals où tous les dossiers (interruption médicale de grossesse, mort foetale in utero et décès néonatal) sont présentés, en toute transparence et en présence si possible d'un expert invité, avec chaque fois le souci de déterminer si ce décès aurait pu être évitable...

« Esprit réseau »

Grâce à l'asso, un esprit « réseau » émerge. L'ouverture du pavillon de la mère et de l'enfant au centre hospitalier Le Foll de Saint-Brieuc en 1995, pour se mettre en conformité avec le plan périnatalité(1), est une nouvelle étape dans la structuration du réseau. « Chaque maternité s'engage par convention à transférer systématiquement en prénatal les femmes présentant une grossesse à haut risque vers la maternité du centre hospitalier de Saint-Brieuc, fait remarquer Anne Kerguelen, cadre sage-femme au centre hospitalier de Saint-Brieuc et présidente du réseau costarmoricain. En réponse, le centre de niveau III organise le retour de la patiente vers sa maternité d'origine pour la poursuite de la grossesse si l'accouchement prématuré est évité et/ou la pathologie traitée. »

Quand les ordonnances d'octobre 1996 sont publiées et formalisent ce que doivent être des « réseaux de soins », « nous nous sommes rendu compte que nous travaillions dans ce sens », précise Anne Kerguelen. Le nouveau cadre légal pousse alors les promoteurs d'Adepafin à structurer davantage leur organisation. Entre autres modifications, des responsables sont nommés pour suivre certains dossiers particuliers, comme l'élaboration de protocoles, la revue de décès périnatals, la formation et le développement du système d'informations. « Pour aller plus loin dans la mission que nous avions définie, on se met à parler financement, souligne la présidente du réseau périnatal. Ce qui nous a obligés à être agréés par les tutelles. Ce sera fait en 1999. Mais, pour obtenir les financements, il nous a fallu attendre 2003... »

Centraliser toutes les informations

La modification du paysage de la périnatalité dans le département a contribué sans conteste au développement de ce fonctionnement en réseau. Entre 2000 et 2003, deux maternités sur les six que comptait le département sont fermées. Comment, compte tenu de la nouvelle organisation, travailler en solo, quand on est obligés de passer la main pour la prise en charge d'un prématuré par exemple ? Mais, plus que contextuel, le mouvement est pour Anne Kerguelen inhérent au secteur même de la périnatalité. « En fonction de la personne que nous avons face à nous, qu'il y ait des problèmes psychologiques ou sociaux, on a tout un arsenal à mettre en route pour trouver des solutions, d'autres professionnels à solliciter. »

D'un point de vue qualitatif, l'action du réseau porte ses fruits. Il centralise désormais des informations diverses. Chaque établissement doit envoyer des chiffres précis, concernant les morts, les infections, les transferts, le nombre de prématurés... sur des formulaires spécialement conçus. Les services de réanimation sont interrogés. Les Samu et Smur alimentent également cette base de données qui permet de peindre avec précision le paysage de la périnatalité dans les Côtes-d'Armor.

Enclenchée dès le début de l'Adepafin, la dynamique de formation ne faiblit pas. Bien au contraire. Des sessions sur les gestes de la réanimation en salle de naissance sont proposées tous les deux ans au sein de chaque établissement. D'autre part, une campagne d'incitation à l'allaitement est menée depuis cinq ans. Plus de 300 professionnels des différentes disciplines ont été formés. Résultat : le nombre de femmes allaitant est passé de 35-40 % à 50-55 %. Et surtout, l'allaitement s'étale désormais sur plus de temps. Prochain gros chantier : l'informatisation du réseau...

1- Le plan périnatalité d'avril 1994 demande une maternité départementale de niveau III.

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