Accompagner jusqu'au bout - L'Infirmière Magazine n° 209 du 01/10/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 209 du 01/10/2005

 

Réanimation

Actualités

Profession

La loi sur la fin de vie a fait débat au ministère de la Santé.

À en juger par les éminences grises réunies au ministère de la Santé, la loi du 22 avril 2005 (loi n°2005-370) relative aux droits des malades et à la fin de vie marque bien un tournant dans tous les secteurs touchant à la fin de vie et à la mort. « Cette loi va contre la judiciarisation et va réconcilier les patients et les équipes soignantes », estime Jean-Marc Morin (directeur des affaires juridiques et du droit des malades à l'AP-HP). Selon le Dr Jean Leonetti, député des Alpes-Maritimes et président-rapporteur de la commission d'information sur l'accompagnement de la fin de vie, la loi scelle la réconciliation entre la droite et la gauche, le médecin et le malade, croyants et non-croyants sur cette question : « comment mourir dans la dignité »...

décrets en attente

À ce jour, on attend toujours les décrets pour pouvoir l'appliquer. Xavier Bertrand a déclaré qu'ils paraîtront sans faute d'ici la fin de l'année. Il reste à espérer que ces décrets seront suffisamment clairs pour que les professionnels puissent au quotidien appliquer cette loi... L'application des décrets garantira-t-elle l'application des bonnes pratiques ? Cette question soulevée par le Pr André Lienhart, chef du département d'anesthésiologie au CHU Saint-Antoine (AP-HP), est cruciale. « Il existe des risques dans l'interprétation des articles. Un exemple : qu'est-ce que la "collégialité" ? Chacun peut l'interpréter différemment. Il faudrait que les patients participent à l'écriture des décrets pour limiter les risques. »

Ils ont dit(1)

« Tout ce qui est possible n'est pas forcément souhaitable. Le malade est conscient de sa fin de vie. Il ne faut ni voler la vie, ni voler la mort du malade. »

Dr Jean Leonetti

« Les professionnels se réfugient bien souvent derrière les protocoles, lors de la fin de vie d'un patient. Et c'est difficile pour la famille. »

Dr François Dolveck, Samu 92/Smur de Garches

« Il serait important qu'un indicateur d'évaluation de la qualité de vie en fin de vie à l'hôpital soit mis en place. »

Pr Christian Richard, service de réanimation adulte, CHU Bicêtre (AP-HP)

« Je suis une sorte de décodeur, d'avocat de la famille, pour mettre des mots, un sens, sur l'annonce du diagnostic du médecin réanimateur. Ce travail d'accompagnement permet d'intégrer le processus de deuil. »

Guy Benamozig, psychanalyste, docteur en anthropologie, département d'anesthésie-réanimation, La Pitié-Salpêtrière (AP-HP)

« N'y a-t-il pas suffisamment d'arguments aujourd'hui pour rendre la formation éthique obligatoire dans toutes les professions soignantes ? »

Dr Edouard Ferrand, service d'anesthésie-réanimation, CHU Henri-Mondor (AP-HP)

« Faites plus confiance au patient ! Cela diminuera beaucoup cette "violence de vos pratiques". »

Bernard Martino, réalisateur

1- Extraits de la soirée « Approches de la fin de vie et de la mort en réanimation », organisée au ministère de la Santé en septembre.