La réa sur bobines

Bernard Martino parle peu. Il écoute, il regarde. Cela fait des années qu'il explore le monde de la santé avec sa caméra. « Au travers du documentaire La Mort n'est pas exclue(1), j'avais la mission de donner à voir cette nouvelle approche de la mort. Ce n'est pas à la personne en fin de vie d'être digne de l'hôpital, mais à l'hôpital d'être digne d'elle. » De La Mort n'est pas exclue ressort une impression de lenteur et de silence, en contradiction avec l'image que l'on peut avoir du service de réanimation/urgences d'un grand hôpital. Il n'y a pas de bruit. Les équipes ne courent pas dans les couloirs.

Autre préjugé cassé, celui du travail de l'équipe de réanimation, souvent caractérisé par la technicité, la rapidité, voire l'infaillibilité. Si cet univers est technique, l'équipe de Jean-Michel Boles(2) se pose des questions sur les pratiques, sur les patients.

rites

« On a surtout travaillé sur la manière d'accompagner le mieux possible les familles après la mort d'un des leurs, explique le Dr Anne Renault. Certaines personnes ont besoin de pratiquer un rite religieux, certaines souhaitent dormir à l'hôpital... Ça prend du temps mais nous pouvons le prendre. Infirmières et aides-soignantes sont en avance sur nous. » Pour Bernard Martino, il faut cesser de parler de la violence des pratiques. « Le manque de respect et de communication sont les seules violences que j'ai pu voir. »