Le sommeil de l'enfant - L'Infirmière Magazine n° 210 du 01/11/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 210 du 01/11/2005

 

pédiatrie

Conduites à tenir

Le sommeil est un besoin vital qui a pour fonction principale la réparation de la fatigue physique (sommeil lent) et de la fatigue psychique (sommeil paradoxal). C'est pendant son déroulement qu'est sécrétée l'hormone de croissance. Le sommeil se structure au cours des premiers mois de vie avec une durée et une composition de son cycle qui varient selon l'âge et le tempérament de l'enfant.

NOUVEAU-NÉ

Le bébé dort beaucoup, de 16 à 20 heures par jour. Son sommeil est régi par l'alimentation, de jour comme de nuit, morcelé en périodes de 3-4 heures, sans périodicité jour/nuit qui ne s'établira que vers trois mois. Le « train » de sommeil dure 50 à 60 minutes et fait alterner une première phase de sommeil agité, puis une phase de sommeil calme.

Le sommeil agité (équivalent du sommeil paradoxal futur) est caractérisé par la présence de mouvements corporels animant les membres et le corps. Le visage montre de nombreuses mimiques qui expriment des émotions fondamentales. La respiration est irrégulière, le rythme cardiaque accéléré, l'activité du cerveau est intense.

Le sommeil calme (équivalent du sommeil lent) montre au contraire un nouveau-né immobile au visage détendu, souvent pâle. Il n'existe que quelques mouvements de succion. La respiration et le rythme cardiaque sont lents et réguliers.

NOURRISSON (DE TROIS À SIX MOIS)

Le rythme du sommeil se modifie. Le nourrisson dort plus longtemps la nuit (jusqu'à dix heures) et fait trois siestes diurnes (une le matin, deux l'après-midi, équivalent à six heures de sommeil au total) avec des périodes d'éveil plus longues en particulier en fin de journée. Les composantes du sommeil de l'adulte se mettent en place progressivement : le train de sommeil s'allonge à 70 minutes avec une diminution du sommeil agité qui fait place au sommeil paradoxal (sommeil des rêves). Le sommeil calme se transforme en deux phases de sommeil lent. Ces rythmes de veille et de sommeil deviennent dépendants de l'alternance jour/nuit, du rythme des repas, des occupations de la journée et des interactions avec l'entourage. L'enfant peut alors synchroniser son horloge interne sur le rythme de 24 heures.

ENFANT (DE SIX MOIS À QUATRE ANS)

Il acquiert un sommeil semblable à celui de l'adulte et réduit progressivement son temps de sommeil diurne. Il a encore besoin de deux siestes entre 12 et 15 mois, une le matin, l'autre l'après-midi, puis il passe à une seule grande sieste l'après-midi vers l'âge de 18 mois. Sa quantité globale de sommeil va rester assez stable (12 à 15 heures) jusqu'à l'âge de quatre ans.

Le train de sommeil commence par une phase de sommeil lent et s'allonge pour atteindre la durée de celui de l'adulte avec quatre phases de sommeil lent, de très léger à très profond, et une phase de sommeil paradoxal. Une période de sommeil intermédiaire s'intercale entre deux cycles.

ENFANT (DE QUATRE À DOUZE ANS)

Du fait d'une activité soutenue dans la journée, l'enfant de cet âge s'endort en général vite le soir, dans un sommeil très profond d'emblée, sans sommeil paradoxal en première partie de nuit. Le temps de sommeil total se réduit à une durée inférieure à 12 heures à cause de la disparition de la sieste à partir de quatre ans, et de couchers parfois tardifs suivis de levers impératifs pour la scolarisation à partir de six ans.

TROUBLES DU SOMMEIL

À partir de six mois, les troubles de l'endormissement sont liés à une difficulté à gérer seul le passage veille/sommeil si les conditions apprises avec la participation de l'adulte ne sont pas remplies scrupuleusement. Il faut aider l'enfant à trouver en lui les ressources nécessaires pour réussir cet endormissement. Vers neuf mois, l'enfant traverse une phase psychique importante qui lui procure une certaine excitation : les éveils nocturnes sont fréquents, avec l'envie de jouer, de boire. Une attitude calme mais ferme lui permet de se rendormir. Les terreurs nocturnes apparaissent à partir d'un an. Elles se caractérisent par des hurlements, des sueurs, des cris, des agitations. Elles surviennent en début de nuit, pendant la phase de sommeil lent et profond. Il arrive que l'enfant soit assis dans son lit, les yeux ouverts, qu'il tente de se lever alors qu'il dort profondément. Il est inutile de le réveiller et préférable de le recoucher doucement. À partir de 18 mois, les cauchemars (indispensables à l'équilibre de l'enfant) entrent en scène. Ils apparaissent pendant la phase de sommeil paradoxal (souvent après deux heures du matin). L'enfant vit vraiment son cauchemar. C'est pourquoi il faut le rassurer et le calmer tout en lui demandant de raconter ce qu'il vient de vivre. La peur du noir peut apparaître à partir de deux ans, d'où l'intérêt de mettre une veilleuse ou de laisser la lumière allumée.

RECOMMANDATIONS

- Savoir reconnaître les signes d'endormissement (bâillements, frottement des yeux ou des oreilles, prise du pouce, demande de câlins, du doudou ou de la tétine...) ;

- Respecter au mieux les rythmes de vie quotidiens : lever, repas, bain, coucher, à heure régulière ;

- Procéder à un rituel, particulier à chaque enfant, tel que chanter, raconter une histoire, écouter une musique douce. Ce temps facilite le couchage mais ne doit pas s'éterniser ;

- Faire comprendre à l'enfant qu'aller au lit n'est pas une punition, que c'est agréable de dormir, que les parents ont aussi besoin de se reposer.