Infirmières en danger - L'Infirmière Magazine n° 211 du 01/12/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 211 du 01/12/2005

 

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Cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien, accusés d'avoir contaminé des enfants, sont incarcérés en Libye depuis près de sept ans.

Boucs émissaires d'une tragédie sanitaire ! Tel est le sort malheureux de cinq infirmières bulgares et d'un médecin palestinien. Enfermés depuis février 1999 dans les prisons libyennes, et condamnés à mort le 6 mai 2004 par un tribunal pénal, ils attendent désespérément que les autorités judiciaires libyennes reconnaissent leur innocence. Mais, le 15 novembre dernier, la Cour suprême de Libye a décidé de reporter au 31 janvier 2006 sa décision sur la recevabilité de leur appel.

droits bafoués

Ces professionnels de santé travaillaient à l'hôpital El-Fateh de Benghazi dans le cadre de contrats de coopération. Le 9 février 1999, ils sont incarcérés, accusés d'avoir contaminé par le VIH 426 enfants libyens, dont 51 sont décédés. C'est sous la torture que le médecin palestinien et deux infirmières bulgares déclarent avoir disséminé le virus.

« Dès le départ les droits de la défense ont été bafoués, explique maître Alexiev, qui apporte son concours, avec trois autres avocats, à la défense par le biais d'Avocats sans frontières depuis 2004. Lors d'une deuxième perquisition, à leur domicile, sans aucun témoin, la police trouvera cinq flacons de plasma sanguin contaminés. Au départ, la police essaie de faire croire qu'il s'agit d'un complot organisé par la CIA et le Mossad visant à déstabiliser la Libye, mais le tribunal d'exception saisi en 2001 s'est avoué incompétent, réfutant ainsi l'existence d'un complot. » Ensuite, la Libye fait venir des experts internationaux, tels les professeurs Luc Montagnier et Vittorio Colizzi, qui démontrent l'innocence des accusés et soulignent les négligences du système de santé libyen. « Cependant, le juge du tribunal pénal en mai 2004 fondera sa décision sur son intime conviction, sur un faisceau d'indices fumeux, s'indigne maître Alexiev. En parallèle de notre action visant à casser le jugement du 6 mai 2004, nous avons intenté une procédure contre les policiers tortionnaires mais ils ont été relaxés le 7 juin dernier à l'occasion d'un procès auquel on nous a empêché d'assister ! »

pression de la rue

Le sort des infirmières et du médecin dépend d'un contexte de politique intérieure. Sans compter le chantage international auquel la Libye est en train de se livrer... Quelle sera le 31 janvier prochain la marge de manoeuvre de la Cour suprême de Libye, menacée par des jets de pierres de la foule le 15 novembre dernier ? Le cauchemar risque d'être encore long.