Quand le sport fait école... - L'Infirmière Magazine n° 211 du 01/12/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 211 du 01/12/2005

 

Adolescents

Du côté des réseaux

Une initiative menée dans des collèges du Bas-Rhin confirme les bénéfices de l'exercice physique : perte de poids, mais aussi diminution des risques métaboliques et cardiovasculaires.

Les adolescents sédentaires et en surpoids peuvent accroître leur pratique de l'exercice physique et en tirer bénéfice. C'est ce que montrent les résultats de l'étude Icaps (Intervention auprès des collégiens centrée sur l'activité physique et le comportement sédentaire). Dans plusieurs collèges du Bas-Rhin, ces changements s'accompagnent d'une baisse de poids des élèves et d'une diminution des risques cardiovasculaires.

trop de sédentarité

La sédentarité touche aussi les jeunes. Ils connaissent comme les adultes le développement des « loisirs passifs », les conséquences de la mécanisation, et le recours systématique aux transports motorisés. Aujourd'hui, cette généralisation des comportements sédentaires présente un risque majeur pour les adolescents, dont près de 15 % sont en surpoids en France. Si l'alimentation reste un facteur déterminant de l'état de santé et du poids, l'activité physique joue un rôle crucial mal évalué.

Des chercheurs de l'université Louis-Pasteur(1) à Strasbourg, ont lancé un projet, mené auprès d'un échantillon de 1 000 élèves, entrés en 6e en 2002 dans huit collèges ; il porte sur quatre années scolaires. Dans quatre collèges, il vise à faire évoluer les comportements de ces adolescents en les conduisant à augmenter leur niveau d'activité physique et à réduire leurs comportements sédentaires. Comparer les résultats de cette action avec la situation dans quatre collèges témoins doit montrer l'impact de cette tentative.

football, capoeira...

« Nous mettons en place les activités dans quatre collèges, explique Ester Raucher, l'une des deux coordinatrices de ces interventions. Nous trouvons des installations proches des établissements et recrutons des professeurs diplômés d'État. Nous avons organisé une dizaine d'activités : hip hop, aérobic, capoeira, un art martial français nommé « canne et bâton », football, etc. » Chacune de ces activités est proposée une fois par semaine dans chaque site. D'autres sont quotidiennes. « Des matchs ou des jeux collectifs comme le ballon corse, proche du volley, le ballon prisonnier ou la balle assise sont proposés chaque jour entre midi et deux heures, et durant une heure pendant la période de permanence », poursuit Ester Raucher.

Les coordinatrices d'Icaps adaptent l'organisation de toutes ces activités physiques, en particulier leurs horaires, aux modifications des plannings scolaires des élèves passant de classe en classe. « À partir de la 5e, indique Ester Raucher, les activités organisées après les cours ne conviennent plus, parce que les cours finissent souvent à trois heures ou à quatre heures et demi. C'est pourquoi nous devons toujours adapter nos propositions. »

résultats positifs

Deux ans après le lancement d'Icaps, les premiers résultats sont globalement positifs. La proportion d'adolescents pratiquant une activité physique hors programme scolaire est passée de 66 à 87 %. Ils sont aussi plus nombreux (41 % d'entre eux) qu'il y a deux ans (27 %) à se rendre à pied ou à vélo à l'école. Dans les collèges témoins, 40 % des d'adolescents passent plus de deux heures devant la télévision, activité qui croît en général avec l'âge. Leur nombre a augmenté de 10 % en deux ans. Avec l'intervention d'Icaps, ce pourcentage d'accros de la télé s'est stabilisé, avec même une légère baisse : il est passé de 35 à 34 %.

Toujours dans les collèges témoins, la proportion de collégiens présentant un surpoids a augmenté en deux ans, passant de 24 à 28 %. Avec l'intervention d'Icaps, elle a légèrement diminué, passant de 24 à 23 %.

à long terme ?

L'activité physique, le surpoids, les risques métaboliques et cardiovasculaires sont liés. L'exercice permet de minimiser le risque de surpoids ainsi que l'apparition de diabète au cours de la vie (diminution des taux d'insuline plasmatique). La perte de poids s'accompagne d'une amélioration des facteurs de risques cardiovasculaires : diminution du pourcentage de masse grasse, pression arté- rielle plus basse, taux diminué des lipides sanguins (cholestérol, triglycérides)...

« Au printemps 2006, indique Ester Raucher, le questionnaire Icaps de trois pages sera de nouveau envoyé aux 1 000 collégiens suivis depuis quatre ans. » L'analyse des réponses et celle des examens biologiques renouvelés, permettront de démontrer si ces effets persistent à long terme, à un âge où la pratique de l'activité physique tend à diminuer.

1- Ces chercheurs appartiennent au Groupe d'études en nutrition, au Laboratoire des sciences de l'éducation EA 2310, et au Laboratoire d'épidémiologie et de santé publique EA 1801.

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