Quelle prise en charge ? - L'Infirmière Magazine n° 211 du 01/12/2005 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 211 du 01/12/2005

 

Suicide

Thérapeutiques

Deuxième cause de décès chez les jeunes âgés entre 15 et 24 ans, le suicide n'est pas à prendre à la légère.

Le suicide est la deuxième cause de décès chez les 15-24 ans, avec une moyenne de 700 morts par an. Neuf pour cent des 14-19 ans ont déjà fait une tentative de suicide, selon une récente enquête en milieu scolaire. Il ne s'agit jamais d'une conduite anodine à mettre sur le compte d'une « crise d'adolescence ». Même la moins violente en apparence ne saurait être banalisée.

trois bilans

Il importe de « créer un climat d'empathie avec le jeune », qui permette un accompagnement vers les partenaires susceptibles de l'aider : les professionnels de son établissement (médecin, infirmière, assistante scolaire), sa famille, le médecin traitant et les praticiens ou les équipes de psychiatrie(1). Les soins doivent être expliqués dès que l'état physique et la vigilance du patient le permettent. La confidentialité des échanges sera respectée.

Une tentative de suicide nécessite de réaliser trois bilans :

- Un bilan porte sur la gravité des conséquences physiques, immédiates et différées. Traitement et surveillance sont définis.

- Un bilan plus global est réalisé(2) : état général, état nutritionnel, troubles de l'hygiène de vie, éventuelle grossesse...

- Une évaluation psychologique est conduite par un psychiatre.

hospitalisation

L'hospitalisation est de règle :

- en cas de risque de récidive immédiate suggéré par des intentions suicidaires ;

- lors de pathologie psychiatrique non stabilisée, patente ou suspectée, afin de préciser le diagnostic et le traitement adapté ;

- en cas d'environnement défavorable ou délétère (maltraitance, abus sexuels...) ;

- si l'adolescent le souhaite ;

- lors d'impossibilité de suivi par un réseau ambulatoire(2).

en ambulatoire

La prise en charge peut être ambulatoire en l'absence d'indication d'hospitalisation. Elle associe les membres du réseau de soins qui compte, selon les cas, l'équipe du CMP (centre médicopsychologique) du secteur de pédopsychiatrie ou de psychiatrie, un centre d'accueil et de crise (CAC), des praticiens libéraux, le médecin généraliste et/ou psychiatre, l'infirmière et le médecin scolaire, etc. Ce réseau doit pouvoir assurer la poursuite de l'évaluation et les soins.

À l'issue d'une hospitalisation, le suivi du patient sera effectué par les membres d'un réseau similaire, choisis en fonction du patient. Dans tous les cas, le jeune sera mis en lien avec eux dès que possible, au cours d'une consultation, d'une visite ou de l'hospitalisation.

1- Conférence de consensus. La crise suicidaire : reconnaître et prendre en charge, octobre 2000.

2- Prise en charge hospitalière des adolescents après une tentative de suicide, textes des recommandations, Anaes, novembre 1998.