Une passerelle vers la socialisation - L'Infirmière Magazine n° 212 du 01/01/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 212 du 01/01/2006

 

Lieu de vie

Du côté des associations

Véritable havre de bien-être, le club « Les Vendredis des 4 communes », créé à Sèvres il y a un an, est un espace d'accueil et d'échanges pour les malades psychiques.

« C'est formidable ce qui se passe ici ! », s'amuse la présidente du club « Les Vendredis des 4 communes »(1). Dans le local de ce groupe d'entraide mutuelle(2) des Hauts-de-Seine, le sourire chaleureux de Paulette Philippin est contagieux. Convivialité et quiétude règnent dans les deux salles de la Maison des associations de Sèvres, prêtées par la mairie.

« venir boire un café »

Depuis un an, animateurs et bénévoles accueillent les visiteurs tous les vendredis après-midi. À la file active de vingt personnes soignées en psychiatrie s'ajoute une quinzaine d'habitués. Leur profil : des hommes, âgés de 30 à 50 ans, sociables et motivés par les activités proposées. Paulette Philippin insiste bien : « On ne leur impose rien. Ils savent qu'ils peuvent venir ici juste pour boire un café. »

Une participation de 7 euros par trimestre mais surtout une adhésion symbolique au système sont demandées aux visiteurs, comme de donner des nouvelles en cas de longue absence. Autres conditions : avoir plus de 18 ans, être stabilisé et suivi par une équipe soignante.

Hormis cela, « ce qui est bien ici, c'est la diversité des horizons à la fois géographiques et culturels. Et l'absence de jugements de valeur sur la maladie », observe Karen, adhérente d'une trentaine d'années. Les visiteurs viennent des Hauts-de-Seine mais aussi de Paris ou de Noisy-le-Sec... dans un but commun : la resocialisation. Pourtant, le club « Les Vendredis des 4 communes » n'est ni un espace médical ni un centre social. Juste un lieu où, une fois par semaine, trois bénévoles et cinq professionnels proposent des activités, une écoute ou juste une boisson. Un espace pour sortir du cadre familial ou de l'isolement.

À l'étage, dans une grande salle, plusieurs tables accolées, où cinq habitués se concentrent. Sylphide, éducatrice bénévole détachée par l'Unafam(3), propose de dessiner sur le thème de la fête. Michel semble décontenancé. « Laisse aller ta main, et tu verras, ça va venir », conseille la jeune femme. Plus tard, le comédien Gilles Bernier viendra animer l'atelier théâtre : exercices respiratoires, cours de diction et lecture de répliques célèbres. Sortir, se promener, pique-niquer ensemble font aussi partie des activités du club.

solidarité

« Nous avons devancé la loi et les directives. Tout a reposé sur l'implication des familles de l'Unafam et une série de circonstances favorables », admet Paulette Philippin. En octobre 2002, la charte de la PIAPH (Plateforme interassociative des personnes handicapées des Hauts-de-Seine) est signée et une permanence Unafam ouvre ses portes à Sèvres, regroupant la ville d'accueil, Ville d'Avray, Chaville et Meudon. La création d'un « club d'accueil et d'entraide » devient, fin 2004, une évidence. Avec seulement 57 % des malades psychiques pris en charge par leurs proches, les autres étant seuls, à la rue ou en prison. Cette structure devait permettre une meilleure insertion dans la vie sociale, sur les modèles des clubs existant déjà en province (Bordeaux, Rennes...). La présidente n'hésite pas à avancer des chiffres indiscutables (OMS) auprès de l'élu aux affaires sociales de Sèvres : « Puisque 6 % de la population souffre de pathologies lourdes et que la commune compte 22 000 habitants, ça fait 1 320 familles concernées », se souvient-elle avoir déclaré. La municipalité s'engage à les aider et l'association est constituée !

chaleur humaine

Récemment reconnu groupe d'entraide mutuelle, le club bénéficie d'une subvention de 75 000 euros en provenance de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie). Paulette et son équipe espèrent ouvrir les portes du club deux fois par semaine et le week-end, et soutenir financièrement les animateurs. En effet, promouvoir la création, les échanges et l'expression est une nécessité. Christophe extrait de son carton à dessins gouaches, pastels et croquis. Près de lui, Gilles affirme : « Je viens ici pour la chaleur humaine. C'est presque intime. »

1- « Les Vendredis des 4 communes » : Maison des associations, 64 bis, rue des Binelles, 92310 Sèvres. Tél. : 01 45 34 33 27.

2- Signée le 20 août 2005, la circulaire de la DGAS permet le conventionnement et le financement (20 M) de 300 clubs ou Gem pour les personnes souffrant de troubles psychiques.

3- Cf. supplément n° 206 de L'Infirmière magazine, juin 2005, p. 15.