Augmentons les lits de soins de longue durée ! - L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006

 

Hospitalisation

Questions à

Comment faire face aux problèmes rencontrés au moment de l'hospitalisation des personnes âgées ? Entretien avec Hubert Garrigue-Guyonnaud, ancien directeur du CHU de Blois.

Pouvez-vous décrire la population et les structures gériatriques du centre hospitalier de Blois ?

Des personnes âgées, il y en a partout au sein de l'hôpital... y compris dans le secteur de court séjour, puisque la moyenne d'âge y est élevée, autour de 75 ans. Nous n'avons pas encore de service de court séjour gériatrique officiel. Ce sont les services de médecine qui remplissent cette fonction pour l'instant.

Nous avons des services de soins de suites où 70 % des lits sont consacrés à des personnes âgées. Enfin, nous avons des lits d'Ehpad. En fait, je tiens beaucoup à l'ancienne distinction entre les lits de soins de longue durée et les lits de maison de retraite. Nous avons donc actuellement 300 lits de soins de longue durée et 400 lits de maison de retraite, mais je constate qu'il n'y a jamais assez de places disponibles en soins de longue durée, avec une liste d'attente importante. Ce n'est pas le cas en maison de retraite. C'est la conséquence du succès indiscutable du maintien à domicile. C'est très bien et on ne peut que s'en réjouir. Il faut donc procéder à la conversion progressive de lits de maison de retraite en lits de soins de longue durée. Nous avons de gros besoins en matière d'accueil de patients Alzheimer et nous ne pouvons pas répondre à la demande de manière adaptée. Cela ne va pas s'arranger, au contraire... Mais ce qui manque le plus, dans l'immédiat, c'est le court séjour gériatrique. C'est vraiment urgent !

Quels sont les principaux problèmes que vous rencontrez ?

C'est d'abord l'insuffisance en nombre du personnel pour prendre en charge correctement les personnes âgées. Mais, c'est aussi l'inadaptation de l'architecture des locaux pour accueillir et soigner notamment des patients Alzheimer. Chez ce type de malades, nous avons beaucoup de fugues dues à ces deux problèmes. Et leur nombre ne va pas cesser de croître à l'avenir...

Au sein d'un Ehpad, deux types de personnes âgées se côtoient : celles qui ont des besoins de soins médicaux importants et celles pour lesquelles la partie soins est moins importante, mais où le souci premier est un lieu de vie agréable. Aujourd'hui, les personnes âgées autonomes restent à leur domicile. Les exceptions justifient bien sûr la nécessité de lits de maison de retraite. Mais, si une place en maison de retraite s'obtient vite, plusieurs semaines d'attente sont nécessaires pour une place en soins de longue durée.

Quels sont vos projets pour améliorer la qualité des soins gériatriques dans cet établissement ?

J'espère beaucoup de la signature de la convention tripartite. Notre but : renverser le rapport entre les lits de longue durée et ceux de maison de retraite. Nous voudrions évoluer vers 500 lits de longue durée et 200 de maison de retraite. Cela exige des moyens humains. Et nous allons demander des ratios de personnel supérieurs.

Le deuxième axe de nos projets est relatif à une rénovation importante des locaux. Certains anciens bâtiments vont être reconstruits. Le contrat de plan État-région-département est déjà bien engagé. Et nous avons les plans de financement...

Je crois beaucoup à d'autres projets : l'équipe mobile de gériatrie ; la consultation mémoire ; l'accueil de jour Alzheimer ; les lits de répit pour les patients Alzheimer, afin de soulager les familles qui prennent en charge leur parent à domicile. Tout cela, dans le cadre du maintien des liens avec la médecine de ville.

Compte tenu du vieillissement démographique, comment voyez-vous l'avenir des soins gériatriques en général et dans votre région ?

Je vois surtout cette augmentation des besoins en lits de soins de longue durée et la forte augmentation des patients atteints de maladie d'Alzheimer.

La région Centre est contrastée selon ses départements. Le pourcentage de personnes de plus de 75 ans au sein de la population, en 1999, était de 9 % pour la région, alors qu'il était de 7,7 % au niveau national...

Un message particulier à adresser ?

Le secteur gériatrique a été longtemps considéré comme moins noble que le court séjour. Cela change... Certains font le choix de la gériatrie. Et ce, grâce aux plans de formation et au rôle que joue le psychologue du travail au sein du centre hospitalier.

Hubert Garrigue-Guyonnaud(1) Directeur du CHRU de Tours.

Hubert Garrigue-Guyonnaud, diplômé de l'École nationale de la santé publique de Rennes en 1975, occupait depuis trois ans le poste de directeur du centre hospitalier de Blois dans le Loir-et-Cher. Au début du mois de février 2006, il a été promu directeur général du CHRU de Tours.

1- Au moment de l'entretien, Hubert Garrigue-Guyonnaud était encore directeur général du CHU de Blois.