Des passeurs de bonheur - L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006

 

Liens intergénérationnels

Du côté des associations

Créée en 1995, l'association « Grands parrains et petits filleuls » contribue à renforcer les échanges entre générations.

Le principe est simple. Il a déjà fait des centaines d'heureux à travers la France. Des personnes retraitées de plus de 50 ans (des femmes ou des couples), après un entretien préalable, deviennent les grands parrains d'un enfant dont ils s'occupent pendant les week-ends ou les vacances scolaires. Et cela marche ! Ce réseau national a permis de réaliser plus de 250 « grands parrainages » depuis 1998 !

lier trois générations

Michelle Joyaux, la présidente fondatrice, une femme tout en sourires, raconte comment lui est venue un jour l'idée de fonder cette drôle d'association qui relie les deux extrêmes de la vie. « J'ai eu la grande joie de connaître ma grand-mère dans mon enfance, raconte-t-elle. Elle avait un sacré caractère, bien trempé. Je me suis retrouvée veuve à 28 ans et ma mère étant absente, j'ai eu la chance d'être très épaulée par une amie qui m'a beaucoup aidée. Ce soutien, essentiel, m'a donné des idées par la suite. J'ai créé cette association qui met en lien trois générations. Elle permet à des enfants privés de grands-parents d'établir un lien affectif durable avec des personnes âgées. Celles-ci se comportent comme des grands-parents de coeur et deviennent ainsi des "passeurs de bonheur". »

Ainsi est née l'association « Grands parrains et petits filleuls » installée dans le Val-de-Marne. Elle met en contact des retraités qui ont du temps libre avec des enfants privés de grands-parents. Les petits filleuls ont entre 3 et 14 ans et leurs grands parrains entre 50 et 83 ans.

Attention, les critères d'admission sont stricts : le logement doit permettre d'accueillir pour un soir ou un week-end leur filleul. Les grands-parrains ne se transforment pas en « nounous », ils offrent un vrai lien affectif et durable à l'enfant. Ils doivent être curieux, dynamiques, courtois et à l'écoute. De leur côté, les parents doivent être prêts à accueillir les grands parrains dans leur cercle familial.

bénéfices réciproques

Cette association contribue ainsi à renforcer les liens entre les générations. Elle apporte aux enfants des repères sociaux, affectifs et un soutien éducatif et culturel. Les seniors, quant à eux, élargissent leur environnement social. Certains sortent de leur isolement et bénéficient ainsi de la chaleureuse présence des plus jeunes.

Les parents profitent également de cette aide de leurs aînés qui leur apportent conseils et soutien. Ces rencontres donnent aussi des réponses à des problèmes éducatifs. « Nos enfants sont juste à la limite du cas social, fait remarquer la présidente de l'association. Cinquante pour cent d'entre eux viennent de familles monoparentales. Ces échanges sont souvent très bénéfiques. »

C'est ce que montrent les témoignages enthousiastes que l'on peut lire sur le site. « Je suis très heureuse d'avoir trouvé des grands-parents », explique Sylvia, 9 ans, qui voit ses grands parrains, un couple de retraités, très régulièrement. « Georges et Denise sont les grands-parents que je n'avais pas. Tous les mercredis, je passe chez eux. Je les embête un peu pour jouer. Je les aime beaucoup tous les deux ! »

un enchantement !

Ginette et Jean-Pierre, un couple de retraités sans enfant, racontent. « Pour nous, c'est un véritable enchantement ! » Ils vivent à une quinzaine de kilomètres de Lyon et accueillent une fois par semaine Pierre et Clément, des jumeaux âgés de deux ans.

« Nous avons eu un coup de foudre réciproque, soulignent-ils. Nous nous entendons à merveille avec leurs parents qui viennent d'avoir un troisième bébé. Les enfants n'ont qu'une grand-mère, qui est malheureusement malade. Si nous avions eu des petits-enfants, cela aurait été pareil ! Nous sommes comblés ! »

L'association essaie également de mettre en place des parrainages épistolaires dans des maisons de retraite. Cela favorise la création d'ateliers d'écriture. À l'avenir, l'association veut développer les parrainages par messagerie électronique. « Si les grands parrains étaient plus nombreux, note Michelle Joyaux, cela réglerait certainement quelques problèmes de notre époque. Il faut développer ces passerelles entre les générations pour éviter de tristes événements comme les émeutes dans les banlieues ou les morts dues à la canicule. »

en savoir plus

« Grands parrains et petits filleuls »,

15, rue des Épinettes,

94240 L'HaØ-les-Roses.

Tél. : 01 45 46 60 66.

Site Internet : http://www.chez.com/grandsparrains.

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