Envisager, pas dévisager... - L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006

 

Société

Du côté des associations

Choisie pour organiser le Congrès mondial de gérontologie en 2009 à Paris, la SFGG prend part au développement de la gériatrie en France.

« Pour être efficients, nous nous devons de régler des problèmes médicaux et des problèmes sociaux, et surtout de considérer l'intrication des uns avec les autres », explique Jean-Pierre Aquino, médecin chef de la clinique de la Verte à Versailles et secrétaire général de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG). Fondée dans les années 1960, la SFGG est une société savante, médicale et tournée vers les sciences humaines. Elle réunit en effet les compétences de la gériatrie, discipline médicale relativement nouvelle, et de la gérontologie, qui recouvre les disciplines liées au vieillissement. Préoccupation qui se retrouve dans l'organisation même de la société en trois collèges : le collège des médecins, le collège des sciences humaines et biologiques et le collège des soignants. Ses organes officiels sont La Revue de gériatrie et L'Année gérontologique, le Journal of nutrition, health and ageing, et Soins gérontologie.

développer la gériatrie

Forte de ses 900 membres titulaires et de plus de 3 000 membres associés, la SFGG a accompagné la structuration progressive de la gériatrie. D'une part, dans la recherche concernant les maladies et la prévention du vieillissement, « alors que jusque il y a vingt-cinq ans environ, la gériatrie extrapolait les avancées des autres disciplines pour les intégrer à sa propre discipline », rappelle le gériatre. Et, d'autre part, dans l'enseignement, à travers le diplôme d'études spécialisées complémentaires de type II, qualifiant la capacité nationale de gérontologie clinique et le diplôme de médecin coordinateur. Dans le cadre de la réforme de la tarification, ce dernier est l'interface au sein des Ehpad entre la direction, les personnes âgées et la médicalisation de la structure.

repérer les plus isolés

Par ailleurs, Jean-Pierre Aquino se félicite également « des mesures prises par les pouvoirs publics pour la gériatrie intrahospitalière et pour la gérontologie extrahospitalière telles que la circulaire de 2002 sur la filière de soins gériatriques renforcée par le plan Urgences mis en place après la canicule de 2003, le plan Alzheimer, la création des coordinations gérontologiques et celle de l'Allocation personnalisée d'autonomie ». Même si le parti pris de la SFGG, pour une approche globale et pluridisciplinaire, se heurte toujours à certains clivages : « Au niveau administratif par exemple, l'Agence régionale de l'hospitalisation pilote le secteur sanitaire à un niveau régional alors que le secteur médicosocial est géré au niveau départemental, et ce, depuis la loi de décentralisation. »

Aujourd'hui, le repérage des personnes âgées fragiles et isolées est un enjeu majeur. En effet, selon Jean-Pierre Aquino, la canicule de l'été 2003 « a donné lieu à une première erreur d'interprétation lorsque l'on a accusé les familles. Il ne s'agissait pas de personnes âgées abandonnées mais de personnes qui n'avaient déjà plus de famille, souvent très isolées ».

sécurité et liberté

La solution réside dans la proximité, notamment à travers le travail des Centres locaux d'information et de coordination gérontologique et des responsables communaux pour recueillir le maximum d'information sur ces personnes. « Reste le problème des limites de la sécurité lorsqu'elle porte atteinte à la liberté. Si l'on peut éviter certains excès (tabac, alcool...), a-t-on le pouvoir d'empêcher les ruptures sociales et relationnelles (retraite, départ des enfants...) dont la vie est aussi faite ? Et cela n'implique-t-il pas alors une réflexion éthique ? »

Face à la complexité de la situation de ces personnes, les professionnels ont besoin de procédures. Même si les problèmes de sous-effectifs perdurent : « Ce n'est pas tant le nombre qui fait la force mais la compétence. D'où l'importance du collège des soignants au sein de la SFGG, qui contribue à la valorisation du travail effectué par le personnel soignant, à des recherches et à l'enseignement. »

Autre cheval de bataille : « sensibiliser la population au phénomène nouveau que représente l'allongement de la durée de la vie ». Depuis septembre 2005, Jean-Pierre Aquino préside le comité de pilotage du programme national « Bien vieillir ».

deux initiatives

Lancé en 2003 dans 17 villes pilotes, ce programme développe deux initiatives : promouvoir une alimentation mieux adaptée et renforcer l'exercice physique. Le comité de pilotage procède à la réalisation d'actions autour de ces deux initiatives, en prenant en compte le lien social. Ces projets seront financés à hauteur de trois millions d'euros par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA). Le champ d'action de la SFGG est donc de plus en plus vaste sur les plans médical, psychologique et sociétal. « Il faut travailler sur les représentations de la vieillesse au niveau de la société : il faut passer d'un regard qui dévisage à un regard qui envisage », conclut Jean-Pierre Aquino.

en savoir plus

SFGG : 49, rue Mirabeau, 75016 Paris.

c/o Concept santé : 8, avenue Duval-Le-Camus, 92210 Saint-Cloud. Tél. : 01 41 12 87 12.

Fax : 01 41 12 87 17.

Mél : contact@sfgg.org.

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