« Il faut savoir désobéir » - L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006

 

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Une ethnologue s'interroge sur la place de l'infirmière.

« Le contexte est difficile : les restructurations provoquent des foires d'empoigne entre chefs et une perte de repères. L'organisation hospitalière est fondée sur un système de pouvoir très hiérarchisé et peu respectueux des personnes, que ce soit les professionnels ou les patients », estime Marie Christine Pouchelle(1). L'ethnologue, directrice de recherches au CNRS, s'exprimait ainsi le 10 janvier dernier lors d'un débat sur l'ethnologie de l'hôpital(2).

paranoïa

« L'infirmière est prise en étau entre le patient, l'administration et les médecins. Contrairement à leurs collègues canadiennes qui sont un modèle, les soignantes françaises ne sont pas prêtes à s'autonomiser parce que cela veut dire aussi prendre des risques. On pourrait concevoir un système où le savoir propre infirmier serait reconnu à part entière, où les infirmières seraient des partenaires et pas seulement des exécutantes. Mais, elles ne se donnent pas encore le droit à la parole : il faut savoir parfois désobéir pour sauver des gens ! Ce que l'on observe aujourd'hui avec la montée des droits des patients, c'est que les hospitaliers ont des attitudes complètement paranoïaques. Craignant des procès, ils se réfugient derrière des protocoles. Les infirmières pourraient s'appuyer sur les associations de patients et faire cause commune, quitte à être accusées de trahison par les médecins. »

1- Auteur de L'Hôpital corps et âme, éditions Seli Arslan, 2003.

1- « Ethnologie de l'hôpital, ethnologie impliquée : peut-on observer le mal-être ? », débat organisé dans le cadre du « Bistrot des ethnologues » au Sax'aphone de Montpellier.