L'humour, un antidote à la souffrance - L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006

 

soins

Dossier

Non seulement l'humour facilite le soin, mais il a de saisissants effets thérapeutiques. Le patient comme l'équipe soignante peuvent en bénéficier.

Un jeune patient menace soignants et malades dans la cour du pavillon. Il tient une fourchette. Il fera subir un mauvais quart d'heure à quiconque s'approche. « L'infirmier présent, proche de la retraite, me demande de venir avec lui et de faire tout ce qu'il fait, se souvient Dominique Friard, alors élève, aujourd'hui infirmier de secteur psychiatrique à Gap. Nous marchons tranquillement vers le patient. Le temps semble suspendu. Tous retiennent leur souffle. On se serait cru dans un "western spaghetti". L'excitation de l'un contraste avec le calme des deux autres. La distance entre nous diminue. C'est très lent. Je calque mes gestes sur ceux de mon ancien, sans comprendre ce qu'il a en tête. Arrivé à quelques mètres, l'infirmier regarde le patient droit dans les yeux et lui dit : "Si vous avez une fourchette à cran d'arrêt, on ne peut rien faire. C'est trop dangereux." Il lui tourne le dos et rebrousse chemin. Avec un peu de retard, je fais de même, non sans avoir vu la stupeur dans le regard du jeune homme, qui s'était préparé à l'affrontement, poursuit Dominique Friard. Il s'est calmé instantanément ! »

Tout patient, tout soignant, a vu ou vécu des situations difficiles dont l'étau se desserre avec un mot d'esprit. L'humour relève de la communication, mais pas seulement. Dépourvu d'agressivité, il peut produire un brusque décalage dans la relation avec un malade, et améliorer celle-ci. Il peut la rendre plus efficace en modifiant le positionnement d'un ou plusieurs membres de l'équipe. Chez le patient, c'est comme si un subit changement de regard sur sa propre souffrance, celle de l'autre et leurs causes, pouvait, dans certains cas, contribuer à dénouer un conflit psychique ou les tensions qu'il génère. L'humour peut jouer un rôle dans le processus thérapeutique. Cet outil tient à la fois de la maîtrise, du lâcher prise et du non-sens. Il fait l'objet d'une pratique courante, associée à l'analyse de ses mécanismes cliniques, dans la psychanalyse comme dans la pratique au quotidien des équipes de psychiatrie.

On rit de moins en moins

Le colloque « Au risque de l'humour » s'est tenu, en 2005, au coeur des toutes premières collines, au nord-est de Marseille(1). Il était organisé au centre hospitalier spécialisé (CHS) Valvert par l'association de formation Valfor. Dans la salle des fêtes du CHS Valvert, ce thème a réuni pendant deux jours plus de cent participants venus de toute la France. « La confrontation avec la souffrance humaine ne doit pas nous faire perdre tout humour, résume Alain Gavaudan, psychiatre et président de Valfor. J'ai pourtant l'impression que l'on rit de moins en moins dans nos services et nos institutions de santé. »

Pour répondre à ce défi, la plupart des métiers composant une équipe étaient représentés : infirmières, cadres de santé, psychiatres, aides-soignantes, chefs de service, psychologues, secrétaires médicales, orthophonistes, psychomotriciennes, ergothérapeutes, éducatrices...

Psychanalyse

Cent ans plus tôt, en 1905, Freud publie Le Mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient. Si le père de la psychanalyse étudie « la technique du mot d'esprit », le « witz » en allemand, ce n'est ni pour en tirer des recettes soignantes magiques, ni pour exposer quelques ficelles logiques qui l'expliqueraient. Comme pour le rêve, le lapsus ou l'acte manqué, c'est une compréhension globale et profonde du fonctionnement psychique qu'il recherche.

« Pour lui, l'humour est à replacer dans la grande série des méthodes en vue de se soustraire à l'invincibilité de la douleur, explique René Pandelon, psychanalyste et psychiatre dans une unité pour malades difficiles (UMD) à Montfavet(2). L'humour affirme le désir. Il s'apparente au mot d'esprit. Freud ajoute qu'il a quelque chose de libérateur et de sublime. C'est un jeu de soi à soi. L'ironie s'y apparente, mais en diffère. Dans l'humour, le sujet se moque de lui-même. Mais cela nécessite la présence d'un tiers involontaire. »

Freud donne plusieurs exemples de mots d'esprit. Un homme que l'on conduit à la guillotine un lundi s'écrie : « La semaine commence bien ! ». Un condamné à la décapitation, craignant de prendre froid, demande un foulard pour protéger son cou. « Que la semaine du bientôt décapité se limite à ce seul événement, que le cou d'un autre soit destiné à être promptement détaché de sa tête ne change rien à l'affirmation de la permanence de leur désir, ajoute Dominique Friard. Face à l'adversité et à la mort certaine, tous deux affirment le constat de la nature désespérée du réel et leur foi dans la vie, dans leur être que l'épreuve ne parvient pas à entamer. Ils mourront peut-être, mais vivants. »

« C'est une façon, face au malheur, de vaincre, observe Luis Izcovich, psychanalyste. L'individu, confronté à la pire des calamités, retrouve une forme de supériorité. Malgré cette condamnation, il affirme : "Je suis plus fort que celui qui me condamne." Il ne s'agit pas d'attente passive ou de résignation. Tous ces registres - le comique, l'humour et le mot d'esprit - expriment une dimension de rébellion face au destin. »

Mécanismes de défense

Outre les praticiens et les équipes se référant à la psychanalyse, la majorité des écoles de psychothérapie ou de psychiatrie ont traité de l'humour.

Le rire est considéré comme un mécanisme de défense. Il fait partie des « mécanismes de dégagement » dans les thérapies comportementales et cognitives. Après des traumatismes psychiques de l'enfant ou de l'adulte - en cas de violence ou de guerre par exemple -, il compte parmi les facteurs de résilience.

L'humour est au coeur de l'analyse systémique, approche utilisée notamment pour le couple et la famille à la suite des travaux du Brief Therapy Center de Palo Alto, aux États-Unis. « Il faut de l'humour en thérapie familiale, reconnaît Alain Gavaudan. Le rôle du changement de registre est étudié dans l'analyse systémique. En son absence, on n'obtient que des transformations qui n'en sont pas, appelées "changements de type A". Ils ne modifient pas les mécanismes à l'origine des souffrances des membres de cette famille. Mieux vaut obtenir un changement de niveau de logique, plus propice à une transformation de type B. Sinon, le thérapeute se trouve englué dans la situation établie. »

« Continuez à vous droguer ! »

L'humour aide à nouer une relation d'aide et à dénouer les noeuds qui peuvent l'affecter. Liens et « contrat » thérapeutiques ne sont pas toujours faciles à établir avec les toxicomanes.

C'est parce qu'il le sait, qu'Alain Gavaudan ne néglige pas l'aspect paradoxal de ses remarques dès le premier entretien. Il lance à une personne venue le voir pour un sevrage : « Continuez à prendre votre produit jusqu'au prochain rendez-vous... ». Le patient écarquille les yeux. Il jure qu'il est venu pour s'arrêter. Alain Gavaudan renchérit : « Cela fait dix ans que vous vous droguez. Ne me dites pas que vous arrêtez avant demain ! ». L'effet de surprise ne fait pas de miracle, mais il compte. « Un toxicomane, dit-il, si vous ne le mettez pas à l'aise et si vous ne l'avez pas un peu captivé, vous ne le revoyez plus. » Le lien s'effrite avant même de s'être construit. « Sans se complaire dans une relation de séduction, l'effet de surprise, ça se travaille dans nos métiers. Avec certains patients, il faut y recourir parfois pour établir une relation et sortir un peu des situations trop convenues. »

Un soignant stagiaire insiste pour qu'une patiente se coupe les ongles, et ce, après être parvenu à ce qu'elle se lave, se change, se coiffe. Lassée, elle s'exaspère. La tension monte. Un autre plaisante, faisant mine de ne s'adresser qu'à cette dame : « Quand il aura son diplôme, vous verrez, il vous fera mettre du vernis à ongle. » « Tous deux rient, commente Marie-Laurene Menini, cadre supérieure de santé à l'institut de formation des cadres de l'hôpital Sainte-Anne, à Paris. Pour la patiente, recevoir des soins cosmétiques lui semble burlesque. Le soignant réalise le niveau de ses exigences. » L'humour, pratiqué entre soignants, peut aider à trouver l'attitude juste, en ne critiquant ouvertement aucun des protagonistes.

Mieux gérer la maladie

Lorsqu'un malade agace, voire insupporte, l'humour sert à ajuster cette réaction négative appelée « contre-transfert » (cf. encadré ci-dessus). « En revanche, l'ironie fait partie des manifestations d'agressivité masquées, camouflées, détournées », note Dominique Friard. Dans le soin, elle s'observe avec les autres contre-attitudes, comme l'évitement, l'indifférence, le refus d'aide. Il ne s'agit ni de juger le soignant ni de dénoncer le sarcasme ou la raillerie du patient. « Nous devons plutôt nous interroger sur notre propension à être ironiques à son égard, et les prétextes que nous inventons pour justifier cette agressivité. Nous devons examiner en quoi nous l'évitons, nous refusons de l'entendre ou de l'aider. Comme l'écrit Winnicott, l'ironie nous rappelle que nous avons parfois besoin de nous autoriser à haïr le patient - dans un certain cadre évidemment. »(3)

Grâce à l'humour, le patient peut s'aider lui-même. « Quand un patient connaît des épisodes délirants, note Dominique Friard, un trait d'esprit de sa part signifie qu'il peut à nouveau prendre du recul. » Il en va de même pour les maladies somatiques. « Un patient diabétique qui se met à plaisanter a changé d'état d'esprit. Ce n'est plus le malade uniquement focalisé sur sa souffrance, sa maladie et son traitement. Il peut trouver une certaine distance à leur égard. Il peut donc mieux gérer sa maladie. »

Pardessus à la plage

Bousculer un peu la logique peut être utile lors d'entretiens avec les patients. Cette stratégie s'avère efficace si la situation se tend. Elle peut favoriser un changement de comportement. « Un patient psychotique nous rendait souvent visite, se souvient Alain Gavaudan. En été, il restait dans le service, vêtu d'un bonnet de laine et d'un pardessus. Dans la rue, il paraissait ridicule. Sa tenue contribuait à ce que l'on remarque tout de suite qu'il s'agissait d'un malade. Avec l'équipe, nous nous demandions comment le faire changer. » Une stratégie thérapeutique consisterait à lui intimer l'ordre de trouver une tenue correspondant à la saison. On a de fortes chances de le blesser ou de renforcer sa volonté de s'habiller ainsi. Alain Gavaudan lance : « Il faut que je retrouve aussi mon pardessus pour aller à la plage ! », pensant que ce type de situation ne peut se résoudre qu'avec un mot d'humour.

Môsieur Gaga à l'hôpital

À l'hôpital de Dreux, chaque vendredi, Annick Le Moal-Sommaire, psychologue, devient Môsieur Gaga(2). Elle enfile son costume de clown (cf. encadré, p. 30). « Je me maquille et je déambule jusqu'au soir, précise-t-elle. Je vais aux réunions. Je traîne dans les couloirs. Je me rend aux ateliers. Je vois certains patients de manière individuelle. » Le clown pose des questions : « Par où commence le corps humain ? Les pieds, le nombril, le coeur ou le sexe ? » Il prend les « repas thérapeutiques » avec les patients et les soignants. Le jour du poisson pané, il demande : « Où étais-je quand j'étais pané ? » Puis, il fait une réponse : « Tu étais dans le ventre de ta mère. » Ou bien une autre : « Mais Gaga, tu étais dans les esssparematozoïdes. »

Un autre jour, Môsieur Gaga soigne à sa manière une jeune femme anorexique. « Je lui ai proposé un protocole, selon lequel elle me donnerait le biberon », explique Annick Le Moal-Sommaire. Le clown crie : « Cent grammes pour Môsieur Gaga », et ouvre la bouche. Ce travail diffère du gavage que l'on devait proposer à cette patiente. Cette femme qui ne se nourrissait guère, lors de cette inversion des rôles, redevient nourricière. Tenant un énorme biberon, elle retrouve un peu de l'attitude et de la parole d'une mère.

Un infirmier commerçant

Certains jours, Dominique Friard transforme en souk un bureau. Il vend « cent grammes de neuroleptiques bio traités au purin d'orties ». Il vante les vertus d'un « sachet d'antibiotiques du Cameroun à la bave de crapaud ». Il invite les patients à marchander. « Si soignant est un rôle, patient en est un également, suggère cet infirmier. Dans la psychose, l'habit fait le moine. Il n'y a guère d'écarts entre la personne et sa fonction sociale. Lorsqu'un tel patient joue mon rôle, il croit qu'il est moi. Il l'est en tout cas beaucoup plus que la situation ne l'exige. Comme il reprend à son compte mon discours, je vois ce qu'il en a retenu, et la sauce qu'il fabrique avec. Ce sont pour moi des données utiles. » Elles permettent d'adapter sa démarche au malade.

On comprend tout l'intérêt des situations qui favorisent un décalage entre l'habit, la personne et son rôle. « Après tout, les patients avec l'habit de malade joueront le rôle de malade !, lance-t-il. On entre dans un processus bien huilé qui fait prospérer les pathologies chroniques. »

Se forger une distance

En échangeant les chaises, le patient change de costume, de soucis, voire de mode de perception. « Ses impressions habituelles s'en trouvent relativisées, ajoute Dominique Friard. Les psychotiques se sentent souvent persécutés par tout ce qui se passe et se dit dans le monde. Ils n'arrivent pas à se forger une distance entre extérieur et intérieur. Tout incident sera interprété dans le sens de la persécution. Le renversement des rôles permet de proposer d'autres hypothèses explicatives et d'autres systèmes d'interprétation. »

Le renversement de rôles change aussi la relation au traitement et à celui qui le distribue. « Dans le souk aux médicaments, on casse l'image de la distribution du traitement, poursuit-il. On atténue l'image de l'infirmier-maman, qui donne la becquée, et celle du patient-bébé attendant, passif, le médicament, sans s'intéresser à ce qu'il fait et contient. Ce n'est plus une poudre magique. On redonne à l'objet de cette transaction ses caractéristiques de produit industriel, fabriqué avec des ingrédients chimiques, et commercialisé. »

Au souk, le patient fait aussi passer ses messages à sa façon. Aïssa, Marocaine, demande à l'infirmier devenu commerçant s'il a cette « poudre qui change la couleur des yeux ». « Cela lui permet de reprendre la scène à son compte, selon ses traditions, ses représentations de la maladie et du traitement, note Dominique Friard. Avec des yeux devenus bleus, elle serait moins étrangère. » Elle énonce ainsi qu'elle serait peut-être mieux intégrée. « Les patients s'appuient sur ces jeux, sur la complicité qu'ils créent, pour venir m'interroger sur leur maladie et leur traitement, conclut Dominique Friard. L'humour, qu'implique ce décalage avec la situation réelle, permet de poser des questions sans avoir des réponses absolues. Ils gardent le choix : préférer la vérité du jeu, la vérité chimique ou la vérité relationnelle. »

Attention au dosage !

Dans les soins, l'usage de l'humour a ses règles. « Il ne faut pas que le patient croient que l'on se fiche de sa tête », reconnaît Dominique Friard. Le contexte compte. « L'humour demande de la complicité, c'est-à-dire une équipe stable, ajoute Alain Gavaudan. Dans un service dont les membres se connaissent mal et changent souvent, il sera vite pris pour une forme d'agressivité. On pensera que l'on se moque des malades. Si lancer une plaisanterie peut être mal compris, il vaut peut-être mieux s'en abstenir. »

Mais la qualité des soins perdrait à n'y jamais recourir. « Quand les relations s'avèrent tendues au sein de l'équipe soignante, les personnes sur la défensive et que des questions de pouvoir sont en jeu, la capacité d'un soignant à répercuter l'humour permet de donner du sens à la situation tout en s'affranchissant d'elle », note Marie-Laurene Menini. L'humour : c'est une forme de communication sur la communication. Il met de côté la question des personnes pour éclairer la situation, qui devient alors le thème principal, selon Marie-Laurene Menini. Les individus peuvent s'effacer un peu. « C'est la différence avec l'ironie, qui pointe du doigt quelqu'un, conclut-elle. Cet effacement produit une perte de la recherche de contrôle sur l'autre. Car l'humour met en scène et montre des acteurs contrôlés par la situation. Il en éclaire l'absurde, le ridicule, l'illogisme. Il montre nos faiblesses et cela nous humanise. »

1- Le colloque intitulé « Au risque de l'humour » s'est tenu du 20 au 25 mai 2005 au CHS Valvert, organisé par l'Association pour la formation et la recherche du CHS Valvert (Valfor).

2- Ce soignant de psychiatrie participait au colloque « Au risque de l'humour », cité ci-dessus.

3- Dominique Friard cite : La Haine dans le contre-transfert, Winnicott D.-W., dans De la pédiatrie à la psychanalyse, Payot, collection « Sciences de l'homme », 1969.

À retenir

> L'humour permet la prise de recul, le décalage. Il montre les faiblesses, humanise les soins.

> Au contraire de l'ironie, il désamorce l'agressivité.

> Ses vertus thérapeutiques sont nombreuses : ainsi, le renversement des rôles (avec les psychotiques par exemple) change la relation au traitement et celui qui les distribue.

> Son utilisation implique toutefois une complicité entre les acteurs, afin d'éviter les mauvaises interprétations.

points de vue

HUMOUR ET CONTRE-TRANSFERT

Marie-Laurene Menini, cadre supérieure de santé (IFCS Sainte-Anne, Paris)

« Le contre-transfert est une réaction affective aux modalités relationnelles d'un patient, qui met en jeu la propre histoire affective du soignant. L'humour peut révéler le contre-transfert négatif, car il relie des éléments de plusieurs situations pour en montrer l'analogie. Il ne stigmatise pas la personne. Il indique le "décalage" de la relation et de la situation, soit en donnant à voir le point de vue de l'autre, soit en grossissant le trait, afin de faire percevoir les enjeux et leur dimension absurde. »

Alain Gavaudan, psychiatre (CHS , Marseille) organisateur du colloque « Au risque de l'humour »

« Examinant le cas d'une patiente et de son ami, je me suis efforcé de reconnaître qu'ils pouvaient être exténuants. Des membres du service pensaient que ce concubin faisait obstacle aux soins. Comment maîtriser un contre-transfert négatif ? Cette remarque m'est venue : "Cet homme ne vous plaît pas, Tiphaine ! Il ne vous plaît pas, Sophie ? À vous, non plus, Carole ?" Elles en ont convenu. J'ai ajouté : "Mais Mme Gervais, c'est son genre." Elles ont ri. Cette plaisanterie a permis de nous dépasser dans l'aptitude à offrir des soins de qualité à cette femme. »

Définition

Au commencement, il y avait les « humeurs » de la médecine ancienne : bile, atrabile, flegme et sang. C'est en Grande-Bretagne que le terme anglais « humor » glisse, au XVIIIe siècle, vers son sens actuel. En français : « humour ». Il se distingue de l'ironie, qui consiste à se moquer de quelqu'un ou de quelque chose. Le comique, lui, relève de la comédie. L'humour, analysé d'abord par les philosophes (Platon, Descartes, Kant, Schopenhauer, Bergson), revêt tout son sens avec la psychanalyse.

Livres

> Le Mot d'esprit dans ses rapports avec l'inconscient, Sigmund Freud, 1930, Gallimard, collection « Idées », Folio.

> Le Rire médecin, journal du docteur Girafe, Caroline Simonds, Bernie Warren, Albin Michel, 2001.

initiative

DES CLOWNS À L'HÔPITAL

L'humour a aussi toute sa place dans les soins généraux. « C'est un outil de travail !, assure Élisabeth Fernagut, infirmière de cancérologie devenue directrice d'une maison de repos Emmaüs. Il requiert une connaissance de la personne, fondée sur l'estime. »

C'est le nez rouge que l'on retient. La confrontation de l'enfant avec la douleur et la maladie a conduit à l'intervention de clowns dans les services de pédiatrie. L'association Le Rire médecin a été créée en 1991 par Caroline Simonds et Anne Vissuzaine. La première a travaillé trois ans comme « clown-doctor » dans les hôpitaux de New York avec le Big Apple Circus-Clown Care Unit. Aujourd'hui, Le Rire médecin réunit, en France, des clowns issus du cirque, d'écoles de théâtre, du spectacle de rue, du cabaret... Ils ont réalisé plus de 40 000 interventions. D'autres associations de clowns existent. Dans certains services de pédiatrie, ce sont des soignants qui, comme au centre hospitalier de Chambéry, font appel à cette discipline issue du cirque.