Le bonheur est... au village - L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006

 

Services

Du côté des réseaux

Livrer les repas à domicile, organiser des ateliers euro, mémoire... C'est le panel original de services qu'offre l'association « Vieillir au village » aux personnes âgées vivant encore à domicile. Une structure fondée et présidée par une infirmière, Fabiola de Falco. Découverte.

Après ses études à l'école d'infirmières de Montélimar, Fabiola de Falco s'est mise à travailler en libéral, à la campagne, dans la Drôme.

chaîne de solidarité

« Là, il faut tout le temps s'adapter : aux circonstances, aux gens, au climat... J'ai découvert des personnes âgées qui ont du caractère ! Comme cette grand-mère âgée de 85 ans, grimpée à califourchon sur une branche, pour ramasser ses cerises. Paradoxalement, ces personnes âgées, si vous les mettez en maison de retraite, elles ont tendance à se laisser aller. Un grand-père me disait : "en institution, on est dans un clapier, on vient vous changer, vous nourrir..." Quand les personnes âgées peuvent rester chez elles, même si elles ne font pas forcément beaucoup de choses, elles sont dans leurs murs, cela ne leur fait pas le même effet. »

Au cours de ses tournées, l'infirmière s'est cependant également aperçue que cette vie à domicile comporte souvent des manques rimant avec solitude, sentiment d'insécurité, problèmes de transport...

« Le soir, en particulier, la prise de médicaments n'empêche pas que ces personnes âgées aillent parfois se coucher avec des idées noires, qu'il y ait de mauvais réveils, des chutes dans la nuit. Alors, quand je suis devenue adjointe au maire d'un petit village dans la Drôme, j'ai eu envie de développer davantage de services de proximité pour former une chaîne de solidarité. »

50 bénévoles actifs

C'est notamment grâce au soutien de la communauté de communes du Val-de-Drôme et à la Fondation de France que naît, en 2001, « Vieillir au village »(1), une association qui fonctionne actuellement avec deux salariés coordinateurs et quelque cinquante bénévoles. « Pas mal de gens m'ont facilement suivie dans ce projet, reconnaît Fabiola de Falco. Peut-être parce qu'ils faisaient confiance à une infirmière expérimentée... Nos bénévoles sont souvent de jeunes retraités. Une soixantaine de personnes âgées, basées à Puy-Saint-Martin et dans dix villages aux alentours, font appel à l'association(2). Afin de ne pas être un service à domicile classique, nous essayons d'impliquer les personnes âgées dans nos actions. Elles peuvent donner un coup de main lorsque l'on organise des repas collectifs. Nous veillons aussi à ne pas nous substituer à d'autres prestataires déjà existants, comme les aides-ménagères. L'ADMR (Association du service à domicile) a parfois recours à nous dans l'urgence, le temps de mettre en route un dossier. »

un panel de services

Nathalie Tonneau, infirmière de formation, travaille en qualité de salariée au sein de l'association. Elle dénombre les différents services progressivement mis en place : « La livraison de repas à domicile a fait partie des premières demandes. Tous les quinze jours, un repas collectif est organisé au centre des loisirs, en compagnie de bénévoles et d'enfants. Des sorties au cinéma et à Montélimar sont proposées. Nous organisons des ateliers sur l'euro, la mémoire, la prévention des chutes... Les bénévoles se rendent également à domicile pour aider la personne à ne pas souffrir d'isolement, l'accompagnent pour une promenade au bout de son jardin, rentrent ou sortent les pots de géraniums... On reste simplement à l'écoute des besoins exprimés. »

visites au crépuscule

« À l'avenir, ajoute Fabiola de Falco, j'aimerais que l'on développe les visites au crépuscule, voire les rondes itinérantes, en embauchant un veilleur de nuit... Cela permet de vérifier que le gaz est éteint, que le chauffage est correctement allumé, de fermer les volets. Je suis sûre que cette simple visite conviviale serait efficace pour lutter contre l'angoisse, que la chaleur humaine peut remplacer la prise de certains médicaments. »

« Actuellement, conclut Fabiola de Falco, nous ne disposons pas d'assez de moyens pour répondre à tous les besoins exprimés. C'est pourquoi, depuis 2005, nous essayons de développer des conventions avec différentes communes. Nous souhaitons que des mairies adhérant à l'association s'engagent à verser un euro par habitant et envoient des élus siéger à notre conseil d'administration. Le conseil général est également l'un de nos partenaires. En contrepartie, nous nous engageons à être sur le terrain. »

1- « Vieillir au Village » se situe Parc Adèle-Clément, 26450 Puy-Saint-Martin. Mél : vieillirauvillage@yahoo.fr.

2- L'adhésion à l'association coûte 25 Euro(s)Euro(s)par an. Quant aux prestations, elles sont facturées selon leur nature (soit 4 Euro(s)Euro(s)pour une visite d'une demi-heure d'un bénévole, 10 Euro(s) pour une sortie, etc.).