Masser son bébé... dès la naissance - L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006

 

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Mieux vivre

Le touché, longtemps absent de nos cultures occidentales, est de plus en plus apprécié par les adultes comme par les bébés, qui peuvent être massés dès la naissance, même prématurés. Pour le bébé comme pour les parents, les bénéfices sont nombreux.

Largement pratiqué dans les sociétés indiennes ou africaines, le massage du bébé reste marginal en Europe. En France, quelques centres de thalassothérapie le pratiquent. À Paris, l'hôpital Necker le promeut par le biais d'une méthode appelée PMSE (portage, manipulation, sollicitation d'éveil, environnement), créée par Laurence Vaivre-Douret, docteur en psychologie du développement(1). « Ce programme s'inscrit dans le cadre de la qualité des soins pour le développement du nouveau-né et du nourrisson, explique-t-elle. C'est sur les capacités d'auto-organisation du bébé, à partir de sa haute réceptivité sensorielle, de la prise en compte de sa fonction tonique axiale et de ses premières coordinations que se fonde cette approche. »

éveil des sens

Sa méthode de massage, baptisée « sensori-tonicomoteur », fait intervenir tous les sens : vestibulaire (l'équilibre du corps), le touché, l'odorat, la vision, l'audition, selon l'ordre de leur développement chez le nourrisson. Elle agit sur le tonus et les premières coordinations. « Son originalité, c'est de solliciter la proprioception, c'est-à-dire la perception du mouvement et du positionnement du corps, un des premiers sens les plus développés et déjà fonctionnel dès la naissance, grâce au matelas d'eau sur lequel est posé le bébé. Il reçoit des informations sur la position et les déplacements des différentes parties du corps, nécessaires au contrôle de l'équilibration posturale. Un aspect absent dans le massage classique qui facilite la maturation du système nerveux et en particulier le développement moteur de l'enfant », précise Laurence Vaivre-Douret.

plaisir partagé

Quelle que que soit la méthode enseignée aux parents, le massage doit être effectué dans une pièce bien chauffée et ne doit pas excéder vingt minutes, pour ne pas trop solliciter le bébé. Il doit suivre le sens de la maturation, c'est-à-dire de la tête vers le tronc, puis les jambes ; le geste doit être ferme et parcourir tout le corps, dans sa globalité, pour restituer la sensation d'enveloppement que le bébé avait dans le ventre de sa mère. Du côté des parents, le plaisir est partagé : en massant leur bébé, ils prennent conscience qu'il n'est pas fragile, apprivoisent son corps, gagnent en interaction.

conscience de son corps

Outre le bien-être qu'il procure au bébé, le massage stimule sa circulation sanguine et lymphatique, régule ses fonctions intestinales et sa température, délie ses muscles, assouplit ses articulations, développe ses facultés motrices. « Des études ont révélé les bénéfices du touché sur le développement psychomoteur et sur la croissance chez les prématurés, rapporte Laurence Vaivre-Douret. Sollicité, stimulé, le nourrisson va prendre conscience de son corps, ressentir des émotions. L'éveil, l'attention, la coordination vont se développer plus librement. Alors, le corps s'inscrira pour lui comme une référence. Et ce qui aura été sollicité restera en mémoire pour toujours. »

1- http://www.psynem.necker.fr/PsychologieDeveloppementale/Dossiers/Coconou/2/

témoignage

« Apprivoiser le corps de mon bébé »

« C'est un accompagnement privilégié qui m'a permis d'apprivoiser le corps de mon bébé que je n'osais pas toucher au début, observe Isabelle, jeune maman. Cela m'a permis d'avoir confiance en moi et d'être assurée de procurer à mon bébé des gestes aptes à favoriser son développement et son bien-être. J'ai aussi pu découvrir qu'un bébé avait déjà une motricité très développée et des capacités à maîtriser ses états de pleurs. Cela nous apporte de nombreux bénéfices. »