« Ménageons le personnel ! » - L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 213 du 01/02/2006

 

Ergonomie

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Profession

Selon Mme Hamet, l'ergonomie peut redonner un souffle à l'organisation du travail dans l'unité de soin.

Marie-Bernadette Hamet est directrice des soins et conseillère technique régionale en soins à la Drass (Direction régionale des affaires sanitaires et sociales) des Pays-de-la-Loire. En collaboration avec la cellule Acort, elle s'intéresse à l'ergonomie et l'évaluation de postes de travail pour le maintien en emploi de professionnels présentant des restrictions d'aptitude.

Comment la santé du personnel est-elle considérée et gérée dans les hôpitaux ?

À l'heure actuelle, nous sommes dans une démarche où l'attention à l'hôpital est complètement dirigée vers le malade. Et pourtant, le devenir des personnels de soins est à prendre en compte comme ressource humaine qu'il faut ménager. L'allongement des annuités de travail, que les dispositions concernant les retraites risquent de voir poindre, nous invite à prendre soin des soignants. Nous devons repenser les carrières dans une trajectoire professionnelle avec par exemple des temps d'intensité de travail ponctués par des périodes d'enseignement, des missions d'encadrement de stagiaires et de compagnonnage des nouveaux professionnels de santé.

Que peut apporter l'ergonomie à la réinsertion au travail ?

Au cours de ma carrière, je me suis rendue compte que les cadres doivent faire face à la réinsertion professionnelle sans y être préparés. L'adaptation à un autre emploi ne peut se faire du jour au lendemain, mais bien souvent c'est le challenge imposé !

J'ai donc fait appel à Laurent Brami, ergonome à la cellule Acort, pour évaluer des postes de travail dans le but de les adapter aux caractéristiques physiologiques et psychologiques de la personne. La lecture ergonomique est une façon de montrer que le personnel a sa place.

Changer de métier, c'est d'abord avoir convenu que la réinsertion était possible, avoir fait le deuil de son ancien métier dans la compréhension que son corps n'est plus adapté.

Il faut expliquer cette réinsertion aux équipes, préciser le nouveau trajet professionnel. Pour l'agent, ce n'est pas une punition par défaut, pour les équipes, ce n'est pas un bras cassé qu'il faut intégrer. Les interventions ergonomiques réalisées ont permis de mettre en évidence la nécessité d'une organisation plus souple qui facilitera les démarches d'aménagement des postes de travail, et au quotidien, la prévention de risques professionnels. L'ergonomie peut redonner un souffle à l'organisation du travail dans l'unité de soin.

Que proposez-vous pour une meilleure organisation à l'hôpital ?

Quand on connaît les problèmes, on peut trouver des remèdes par rapport à des postures liées à la profession. On a toutes les clés. Le problème, c'est de les gérer dans un esprit et une culture qu'on n'a pas au départ.

Je suis responsable du suivi de l'ensemble des Ifsi ainsi que des instituts de formation des cadres de santé des Pays-de-la-Loire. Dans les instituts, on travaille déjà sur l'organisation mais, pour l'instant, dans un but complètement axé sur l'efficacité et pas suffisamment sur le confort du personnel.

Je souhaite que la formation soit davantage orientée vers cette dualité de regard : le confort professionnel et le confort du patient. L'IFCS de Nantes va s'engager dès ce début d'année dans cette optique. C'est un changement dans notre culture de soignant.