Finies dyslexie, dyspraxie, dysphasie ! - L'Infirmière Magazine n° 214 du 01/03/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 214 du 01/03/2006

 

Intégration scolaire

Du côté des réseaux

Les troubles de l'apprentissage rencontrés par l'enfant peuvent conduire à l'exclusion sociale. Afin de lutter contre ce problème, le réseau Tap Paris Île-de-France Sud développe un partenariat entre 400 professionnels de santé (infirmières, orthophonistes, psychologues...).

« En tant qu'orthophoniste hospitalière, j'avais l'habitude de travailler avec une collègue libérale qui recevait des enfants dans son cabinet de ville, raconte Monique Touzin, coordinatrice du réseau Tap. Nous avions un réseau informel pour prendre en charge ces enfants souffrant de troubles de l'apprentissage. L'idée de fonder un réseau est venue de là. Nous avons déposé un projet afin d'obtenir un financement. Le FAQSV (fonds d'aide à la qualité de soins de ville) nous a permis de nous développer. »

des missions d'aide

Depuis trois ans, le réseau Tap Paris Île-de-France Sud assure le suivi de plus de trois cents enfants de 3 à 16 ans. Il regroupe les arrondissements du sud de la capitale et les départements 91 et 94. Plus de 400 professionnels sont concernés par cette prise en charge. Aujourd'hui, ce réseau a plusieurs missions : il a pour but de mobiliser toutes les ressources - sanitaires, sociales et autres - autour des besoins des enfants (et de leur famille). Il simplifie l'accès aux soins et favorise la coordination et la continuité des soins dispensés. Il permet d'assurer la qualité des soins de proximité. Une autre priorité de cette structure est de privilégier le partenariat entre tous les acteurs de santé.

5 à 10 % d'enfants

Les troubles de l'apprentissage rencontrés par ces enfants sont la dyslexie, troubles de l'apprentissage de la lecture, la dyspraxie, troubles de l'apprentissage du geste et de l'organisation spatiale et temporelle, et la dysphasie, troubles de l'acquisition du langage oral. De nombreux enfants, de milieux sociaux ou d'origine ethnique très différents, sont confrontés à ces troubles. Cinq à dix pour cent des enfants d'âge scolaire souffriraient de trouble spécifique d'apprentissage. Un dépistage précoce (avant l'entrée au cours préparatoire) et une rééducation individuelle ou en classes spécialisées doivent permettre une réinsertion de l'enfant dans une scolarité normale. « Dans notre réseau, nous nous occupons des troubles nécessitant des prises en charge multiples », explique Monique Touzin.

carnet de suivi

Ce réseau permet avant tout une cohérence des soins. Tap fait intervenir des médecins généralistes, des pédiatres, des orthophonistes, des médecins scolaires, des psychomotriciens, des orthoptistes, des ergothérapeutes, des psychologues et des psychiatres. Dans le cadre de l'école, les infirmières contribuent aussi au dépistage et au signalement de ces troubles.

« Une meilleure communication professionnelle s'établit entre tous ces intervenants, note Monique Touzin. Désormais, l'enfant possède un carnet de suivi qui donne accès à tout son historique médical. Au moins, on sait par qui est vu l'enfant et quel est son parcours. » Les professionnels de santé mettent le carnet de suivi de l'enfant à la disposition des autres professionnels. Il doit être actualisé systématiquement. Cela correspond à une assez lourde charge administrative ! La disponibilité des uns et des autres est donc essentielle.

Le réseau a pris beaucoup d'ampleur ces derniers mois. « L'idée est de proposer un cadre théorique et clinique aux professionnels qui entrent en contact avec le centre de Bicêtre, centre de référence dans ce domaine, précise Monique Touzin. Nous créons un lien privilégié avec nos collègues libéraux. Pour que ce lien soit positif et qu'il représente un apport pour les enfants, nous effectuons un compte rendu après chaque consultation. Ce document est adressé aux professionnels de ville. »

bientôt plus nombreux

À l'avenir, ce réseau souhaite encore s'agrandir. Les liens seront resserrés avec les centres médicopsychopédagogiques et médicopsychologiques. Le partenariat avec les écoles est indispensable. Toutes les structures qui prennent en charge les enfants sont donc sollicitées.

« Nous voulons aussi développer cette phase de coordination des soins et pouvoir faire le point sur tous les dossiers régulièrement, conclut Monique Touzin. La communication avec les familles et la surveillance des enfants dont les troubles ne s'améliorent pas sont une priorité. Nous envisageons d'engager une assistante sociale, un psychologue et un pédopsychiatre au sein du réseau. »

Le réseau Tap a également un site Internet qui décline toutes ces informations pour le grand public, les enseignants et professionnels de santé. Un volet est réservé aux adhérents, les informant sur la vie du réseau.

en savoir plus

Réseau Tap Île-de-France Sud, 11-13, rue du Haut-Pavé, 91150 Étampes.

Tél. : 01 64 94 71 66. Mél : monique.touzin@bct.aphp.fr.

Site Internet : http://www.reseautap.org.