L'hypnose pédiatrique - L'Infirmière Magazine n° 214 du 01/03/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 214 du 01/03/2006

 

Traitement de la douleur

Thérapeutiques

Longtemps négligée et méprisée, l'hypnose se révèle une méthode antalgique précieuse dans le traitement de la douleur chez l'enfant.

Les techniques d'hypnose sont connues depuis plus d'un siècle : on se souvient de Charcot l'utilisant pour soigner l'hystérie, ou des spectacles de cabaret où le sujet se trouvait sous emprise... Les travaux de Milton Erikson ont développé l'utilisation de l'hypnothérapie et de l'autohypnose, en permettant au patient de se déconnecter de son environnement en convoquant son imaginaire.

modes d'utilisation

On distinguera d'emblée plusieurs modes d'utilisation : l'hypnosédation, utilisée en chirurgie, l'hypnothérapie nécessitant une formation de psychothérapeute (qu'elle soit psychanalytique, cognitive, systémique...) et l'hypnoanalgésie. Cette dernière, si elle requiert une formation aux pratiques hypnotiques et une initiation à la psychologie de l'enfant et plus particulièrement à celle de l'enfant douloureux, peut être pratiquée par des soignants non spécialisés en psychothérapie (médecin, infirmière, autre paramédical).

hypnose et meopa

L'hypnoanalgésie peut être associée au Meopa (mélange équimolaire d'oxygène et de protoxyde d'azote). Si ce gaz permet une analgésie de surface, l'hypnose permet, elle, de garder le contact avec l'enfant pendant l'opération. L'hypnose en association avec le Meopa permet à l'enfant de focaliser plus facilement son attention ailleurs et de se débarasser ainsi de son anxiété. Cette technique non médicamenteuse est particulièrement indiquée lors des gestes suivants : ponctions lombaires, de moelle ou biopsie rénale, poses de voies veineuses, pansements divers...

veille paradoxale

L'hypnose est fréquemment utilisée avec des enfants douloureux en cas de douleur aiguë ou chronique (migraines, scoliose, paraplégies...). Proche de la relaxation, elle peut être définie comme un travail sur les émotions et les sensations, ainsi que sur les « stratégies d'adaptation à la douleur ». Isabelle Célestin-Lhopiteau, psychologue à l'unité fonctionnelle d'analgésie pédiatrique de l'hôpital des enfants Armand-Trousseau à Paris la décrit ainsi : « C'est un état modifié de la conscience ou de la vigilance et un mode de communication privilégié avec soi-même et les autres. On parle de "veille paradoxale", car malgré une apparence de passivité, le patient est très actif : la mémoire, l'attention, la vigilance sont amplifiées. L'hypnose active la perception des sensations, l'imaginaire du patient. » L'hypnose est un état naturel que nous expérimentons tous à certains moments de la journée, et plus encore les enfants, chez lesquels la frontière entre réel et imaginaire est mince.

s'adapter à l'âge

Pour pratiquer l'hypnose avec un enfant, il est nécessaire qu'une relation thérapeutique de qualité s'installe. Le praticien utilise des techniques hypnotiques, non seulement adaptées à l'âge de l'enfant, mais aussi à son fonctionnement cognitif. Ainsi, avec un enfant d'âge préscolaire, le soignant sollicitera des images virtuelles, un monde fantastique, des personnages imaginaires, des formes colorées. Avec l'adolescent, le soignant induira l'effet hypnotique avec de la musique, des paroles sur un endroit ou une activité favorite. On estime que la période entre 8 et 12 ans est idéale, les enfants réussissant aisément à s'absorber dans leur imaginaire et leur créativité. Le soignant peut ainsi demander à son jeune patient ce qu'il « souhaite vivre », en impliquant les parents qui connaissent ses habitudes et dont l'adhésion est essentielle : « Décris-moi le jardin de ta grand-mère, où tu aimes jouer... ». On peut aussi user de la technique de dissociation : « Ta jambe est là, laisse-la seule, elle se détache de toi ! »

autohypnose

Cette technique s'adresse aux enfants douloureux chroniques. Les séances vont peu à peu permettre au jeune patient de gérer mieux sa douleur en cas de crise. À l'hôpital Trousseau, où elles sont pratiquées, ces séances sont hebdomadaires, varient de 30 à 45 minutes et durent de trois mois à un an. Elles constituent un apprentissage, afin que l'enfant puisse devenir autonome, se soulage et se détende seul, sans l'intervention du thérapeute.

Film

Le film Relaxation, hypnose et migraine de l'enfant, réalisé par l'équipe du Centre de la migraine de l'enfant (hôpital Trousseau) est disponible gratuitement (dans la limite des stocks disponibles) dans deux versions : courte (7 min pour les parents et les enfants) et longue (32 min pour les soignants). Commandes auprès de la Fondation CNP assurances : 4, place Raoul-Dautry, 75716 Paris ou fondation@cnp.fr.

Utilisations variées

À Rennes, l'hypnose est utilisée en chirurgie pédiatrique et lors des transports Samu. À Liège, de nombreuses interventions sont pratiquées ainsi. Certains dentistes utilisent aussi cette méthode qui remplace la piqûre anesthésiante lors d'un arrachage de dent.

Formations

> Institut français d'hypnose : http://www.hypnose.fr.

> Association française d'hypnothérapie : http://www.afhyp.com.

> Institut Erickson de Paris : http://www.merickson-paris.asso.fr.

> Séminaires organisés par le Dr V. Simon à l'Institut de médecine psychosomatique d'hypnose clinique de Lille : http://www.hypnose.org.

> Formation à l'hypnose ericksonienne et aux thérapies brèves à l'Institut Erickson de Vaison-la-Romaine : http://www.multimania.com/ hypnoseclinique.