Accrochés au Rameau - L'Infirmière Magazine n° 215 du 01/04/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 215 du 01/04/2006

 

Activités culturelles

Du côté des associations

L'association Les neveux de Rameau réunit dans Paris des personnes en souffrance psychique autour d'activités culturelles et fait naître ainsi de vraies histoires d'amitié.

« Ici, c'est une grande famille qui se rencontre. On y trouve une ambiance et une certaine chaleur. Les personnes qui viennent savent qu'elles y sentiront une vraie solidarité. » Patrick Gaildry, coordinateur à la Fnap-Psy, est aussi membre de l'association Les neveux de Rameau.

Réunissant des personnes désocialisées en souffrance psychique, cette structure a pour but « de rompre l'isolement par l'intérêt culturel. L'idée nous est venue un soir en 2000 », raconte Claude Finkelstein, fondatrice de l'association avec deux autres femmes et aujourd'hui présidente de la Fnap-Psy.

sortir des maux

Flash-back : « Nous dînions dans un restaurant chinois. Le livre de Diderot, Le Neveu de Rameau, était posé sur la table. On se disait qu'il y en avait assez de toujours parler de nos maux, nos traitements et nos médicaments. Nous voulions sortir de la santé mentale. Être ensemble, entre usagers, mais arrêter de toujours revenir à nos problèmes. Ici, nous ne sommes plus dans le soin. On n'évoque pas la maladie. La seule personne issue du monde hospitalier qui nous rende visite est une psychologue. Elle intervient dans un groupe de parole qui se réunit une heure par semaine. C'est la seule fois où l'on évoque les problèmes de santé. »

autour d'un petit café

Après une période passée dans les locaux d'un CATTP puis dans les bureaux de la Fnap-Psy, l'association siège désormais au 24 de la rue de Maubeuge dans le IXe arrondissement de Paris. Sa devanture est ouverte à tous. Les 38 adhérents de l'association se réunissent pour aller au théâtre, au cinéma, au musée ou passer une journée dans un parc d'attractions.

Dans tous les cas, la réunion dans un petit café est un passage obligé. Un espace rassurant pour tous et l'occasion d'être ensemble, de parler de ce qu'ils ont ressenti lors de cette sortie. Mais ils peuvent aussi se retrouver dans un petit restaurant de la capitale pour passer une soirée ensemble.

espace de rencontre

Ils éditent même une revue : Le Papyrus en liberté. « Personnellement, je peux dire que c'est vraiment ma ressource, explique Claude Finkelstein. Lors de nos rencontres, c'est le seul moment où je me sente bien. Là, je baisse vraiment la garde. Je n'ai aucune explication à donner si je fais soudain une crise d'angoisse, si je pleure ou si je me mets en colère. La crise d'anxiété est ici acceptée. Je me sens très tranquille. Voilà ce que m'apportent ces sorties. »

De vraies histoires d'amitié sont nées à l'association. Des personnes souffrant de troubles psychiques et ayant un vécu comparable ont pu se sentir moins seules. Si l'un n'est pas bien, les autres le soutiennent.

Mais ceux qui passent la porte de cet espace ne sont pas contraints de se plier aux activités proposées. « On peut venir ici pour ne rien faire ! », insiste Patrick Gaildry. Après une période de rénovation, le chantier visant à faire de ce lieu un espace de rencontre est achevé. L'ouverture est effective depuis la fin du mois de mars. Les peintures sont refaites et le sous-sol est complètement aménagé.

Ces installations ont été rendues possibles grâce à une subvention attribuée par le Conseil de Paris. L'association a obtenu en novembre dernier une subvention de fonctionnement de 5 000 euros. Cette somme a permis l'aménagement du « Café Van Gogh » dans les locaux du siège social. L'idée est de se retrouver pour discuter autour d'un café. Au sous-sol, une bibliothèque accueille le visiteur ainsi qu'une petite médiathèque. Pour l'instant, l'atelier de yoga remporte un franc succès. Des animations culturelles s'y dérouleront, notamment des expositions de peintures. Karim Khair, artiste plasticien, assurera la coordination artistique.

être à l'écoute

L'animateur des lieux, Patrick Boulein, a pris ses fonctions le jour de l'inauguration. Il veille au bon fonctionnement de la structure. Embauché depuis septembre 2005, cet ancien cuistot de l'éducation nationale assure déjà la permanence téléphonique. Il répond aux appels adressés au service d'écoute santé mentale de la Fnap-Psy.

« Pour le moment, tout est un peu en dents de scie, explique Claude Finkelstein. C'est comme pour tout, il faut une locomotive. Avec l'ouverture du café, les ateliers devraient se remplir peu à peu. Les adhérents sont fragiles, il ne faut pas l'oublier. »

contact

Les neveux de Rameau, 24, rue de Maubeuge, 75009 Paris.

Tél. : 01 45 26 17 87.

Internet : http://www.neveuxderameau.org.

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