Besoin de supporters - L'Infirmière Magazine n° 215 du 01/04/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 215 du 01/04/2006

 

Soins de support

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Santé

Présentation d'une nouvelle approche du soin par le Grasspho.

« Répétons-le : les soins de support ne sont pas une spécialité médicale supplémentaire ! C'est une nouvelle approche du soin qui vise à assurer une meilleure qualité de vie au patient », rappelle le Dr Philippe Colombat, oncologue à l'hôpital Bretonneau de Tours et président du Grasspho(1). Traitement de la douleur, soins palliatifs, interventions de l'assistante sociale, du psychologue, du kiné... « Il s'agit souvent d'organiser ce qui existe déjà », note le Dr Philippe Poulain, anesthésiste à l'Institut Gustave-Roussy (IGR), lors des 3es journées de soins de support, début mars à Lyon.

Pas si simple... Si quelques établissements ont mis en place un département interdisciplinaire de soins de support aux patients en oncologie (Disspo) tels l'Institut Curie à Paris, l'IGR à Villejuif, le Centre Léon-Bérard à Lyon, la plupart ne sont pas autant investis. Tous n'ont pas la possibilité de créer un Disspo.

« Au centre Alexis-Vautrin à Nancy, nous avons organisé les soins de support mais pas dans un département », témoigne le Dr Ivan Krakowski, oncologue. Au CHU de Rennes, un projet de pôle dévolu aux soins de support existe. « Il faut réfléchir à l'articulation entre soins de support pour les cancéreux et pour les autres, et aux liens entre le territoire de santé et l'établissement », estime Philippe Colombat.

tumeurs cérébrales

Au problème d'organisation, s'ajoute la complexité des pathologies. Ces 3es journées nationales, organisées par le Grasspho et la Fnclcc(2), étaient consacrées aux tumeurs cérébrales. S'il existe des avancées thérapeutiques, comme la prise en charge des douleurs osseuses grâce aux biphosphonates, qui permettent d'améliorer la qualité de vie des patients, dans d'autres cas, la notion de soins de support se complique face aux interactions pharmacocinétiques, notamment entre psychotropes et tumeurs cérébrales. Et, les soignants omettent encore certains symptômes. « Qui pense à évaluer la fatigue du patient ? », s'interroge le Dr Isabelle Ray du Centre Léon-Bérard à Lyon.

Les soins de support ont donc besoin de supporters. Bonne nouvelle, à l'Institut national du cancer, une commission proposera, à l'automne 2006, des stratégies d'organisation(3) et des aides méthodologiques.

1- Groupe de réflexion sur l'accompagnement et les soins de support pour les patients en hématologie et oncologie.

2- Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer.

3- Circulaire DHOS/SDO/2005/101 du 22 février 2005 relative à l'organisation des soins en cancérologie.

Et les créations de postes ?

Les soins de support se heurtent au manque de postes et à des problèmes de statut. « On pourrait faire beaucoup, mais il faut aussi assurer les consultations. Sans création de postes, on ne peut pas aller plus loin », estime le Dr Philippe Poulain (IGR). Les infirmières sont aussi victimes de la frilosité institutionnelle.

Lors des 3es journées nationales des soins de support, Joëlle Pérennes et Christelle Lecaille, infirmières référentes en neuro-oncologie, et Marie-Hélène Lorreyte, cadre supérieure de santé à la Pitié-Salpétrière, sont venues, comme au Salon infirmier en octobre 2005(1), présenter leur travail : le diagnostic infirmier en matière du trouble du comportement, la consultation d'annonce, la consultation de chimiothérapie, l'anticipation des soins palliatifs, le suivi et soutien des patients à domicile... Cependant, leur expérience positive se heurte toujours à l'absence de statut et à la non-parution du deuxième arrêté relatif aux transferts de compétences.

MATHIAS GERMAIN

1- Cf. La neuro-oncologie, une référence pour les référentes, L'Infirmière magazine, n° 210, novembre 2005, p. 8.

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