Du bon usage des huiles essentielles

Extraites par hydro-distillation de certaines plantes ou par pression, les huiles essentielles concentrent les éléments chimiques de ces végétaux. Elles sont utilisées en aromathérapie pour renforcer les systèmes de défenses naturelles présents dans chaque organisme, prévenir la maladie et même soigner. « En agissant sur le système nerveux central, certaines huiles essentielles ont des effets stimulants (le saro) ; d'autres sédatifs ou relaxants, (l'ylang-ylang ou le ravintsara) », explique Lionel Michat, cardiologue et conseiller scientifique d'Antafirma, laboratoire malgache, qui produit les huiles essentielles de Madagascar(1).

synergie des propriétés

Ainsi, l'usage d'une huile essentielle de girofle est indiqué pour les douleurs et les infections dentaires. Celle de poivre noir est souveraine pour les troubles digestifs. Les troubles de la circulation sont soulagés par l'huile de cyprès combinée au Calophyllum inophyllum et à l'hélichryse. « Une huile essentielle associée à une autre donne un complexe, qui par la synergie des propriétés des constituants, potentialise son action », précise Lionel Michat. Elles sont constituées de dizaines de composants moléculaires chimiques, dont chacun a sa structure spatiale propre, qui, en se combinant, vont donner la structure globale de l'huile essentielle. « Elles ont donc plusieurs indications, explique-t-il. L'hélichryse est à la fois anti-coagulant mais traite a contrario les hématomes. »

voies d'administration

Des résultats opposés qui dépendent des voies d'administration. En application cutanée, l'hélichryse prévient les oedèmes, grâce au 1-8 cinéol, une molécule hautement anti-inflammatoire. Par voie orale, à plus forte dose (deux gouttes toutes les trois heures), elle a un effet anti-coagulant. Ingérées, les huiles essentielles se consomment sur de la mie de pain, un comprimé de saccharose ou un morceau de sucre. Par voie cutanée, elles peuvent s'appliquer pures, à l'aide d'un coton-tige, sur un aphte (ravintsara, niaouli) ou sur les tempes pour soulager une migraine (basilic tropical, ravintsara). Mélangées à une huile végétale neutre (amande douce, coprah, moringa), combinées à l'action mécanique du massage, elles sont destinées à lutter contre la cellulite (complexe de géranium, cyprès, cannelle, hélichrise, TM de fucus) ou, en suivant les méridiens de la médecine traditionnelle chinoise, à favoriser la détente (ylang-ylang, romarin). Dans le bain, huit à dix gouttes d'un complexe de girofle et d'Eucalyptus citriodora revigorent les organismes fatigués, alors qu'un complexe ravintsara et hélicryse calme la tension nerveuse et musculaire.

Enfin, elles peuvent être inhalées (une goutte de ravintsara dans le creux situé entre le pousse et l'index pour la prévention des grippes et infections virales) ou diffusées passivement dans une pièce pour assainir l'atmosphère (complexe de niaouli, Eucalyptus citriodora et géranium).

le niaouli fait des merveilles

« L'arôme inhalé passe dans le cerveau par les lames criblées de l'ethmoïde, un petit os qui se trouve en haut du nez, précise Lionel Michat. Ce type de prise est indiqué pour les affections de la sphère ORL et des poumons ainsi que pour la relaxation. Par voie cutanée, les huiles essentielles pénètrent par la peau dans la circulation sanguine pour atteindre l'ensemble de l'organisme et en particulier le cerveau. Les douleurs articulaires, musculaires, le mal de dos, les problèmes circulatoires et cutanés seront traités ainsi. Pour prévenir et soigner les signes inflammatoires des radiodermites dues à la radiothérapie, le niaouli fait des merveilles. Quant au bain aux huiles essentielles, il présente le double avantage de faire pénétrer le produit par le système respiratoire et circulatoire. »

Les premières distillations de plantes aromatiques sont apparues en Chine, en Inde, en Grèce, à Rome et en Perse vers

4 000 ans avant J.-C. Au Moyen Âge, la redécouverte de cette distillation prend un nouvel essor chez les Arabes. En France, les premières extractions de romarin apparaissent au XIIIe siècle avec la profession d'apothicaire. Suivront au XVe siècle les essences d'amande amère, de cannelle... Les propriétés antiseptiques de l'eucalyptus sont découvertes en 1872, celles cicatrisantes de la lavande en 1917 par Gattefossé qui attribue le terme d'« aromathérapie » à l'étude des essences de plantes en 1926. Mais, l'antibiothérapie se développe en parallèle. L'arrivée de la pénicilline, la même année, repousse le naturel au profit de l'antibiothérapie. Les huiles essentielles naturelles, très concentrées en principes actifs, doivent être utilisées avec précaution. Elles ne sont bien sûr pas adaptées à toutes les situations. La méconnaissance des spécifications botaniques peut avoir des répercussions dommageables. Consultez un médecin formé à l'aromathérapie !